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La France est encore au stade expérimental. Il n'empêche que des leçons peuvent être tirées du modèle français axé sur la "responsabilité populationnelle". "L'idée est assez simple: seul, aucun acteur de santé ne peut parvenir à garder une population en bonne santé", répond Antoine Malonne, responsable du pôle prospective au sein de la Fédération hospitalière de France. En pratique, le modèle consiste en une succession de programmes d'actions qui vont de la prévention jusqu'à la prise en charge des patients les plus complexes, tout en visant l'excellence clinique pour chaque patient en fonction de ses besoins de santé. Le modèle est actuellement en expérimentation dans cinq territoires français. Les problématiques rencontrées sont peu ou prou les mêmes qu'en Belgique, notamment les difficultés de définir le territoire et la population (notamment celle à risque, difficile à identifier). La France a opté pour la mise en place d'un système pyramidal par strate de patients, allant du patient en bonne santé au patient le plus complexe pour le cas. "L'objectif est tout simplement d'éviter que les patients montent dans la pyramide. Ce qui se traduit par une économie pour la société que l'on peut quantifier." En Allemagne, il ne s'agit pas de projet pilote ou d'expérimentation. "Nous négocions avec les financeurs des projets à plus long terme, sur dix ans", explique le Dr Manfred Zahorka, actif au sein de la société Optimedis (Hambourg) un des acteurs allemands de la transition vers des soins intégrés. "L'intérêt politique est présent et nous sommes, comme la Belgique, au stade de modélisation." Au sein de ce modèle, sans surprise, le patient est au centre. Autour de lui gravitent les prestataires de soins. La notion de territoire de santé est également présente et centrale. L'objectif est de connecter différentes offres de soins qui jusque-là étaient fragmentées. "Le processus demande un engagement fort de toutes les parties prenantes du terrain", reconnaît le Dr Zahorka. Il pointe également la nécessité d'organiser l'interopérabilité des prestataires, de penser à la prévention, la promotion de la santé, au rôle du patient et au rôle des données, extrêmement importantes pour évaluer l'efficacité des approches mises en place. L'originalité de l'Allemagne est d'avoir créé le rôle d'intégrateur territorial. Ce dernier a pour mission de collaborer avec les médecins, les patients et les autres acteurs pour organiser les services complémentaires qui pourraient manquer à l'organisation de soins intégrés efficaces. Autre caractéristique: le modèle de financement, axé sur une économie partagée avec les caisses d'assurance maladie. "L'idée est la suivante: si l'on arrive à rendre les services de santé plus efficaces sur un territoire, on arrive à réduire les coûts liés au soin. L'économie réalisée profite bien sûr aux caisses d'assurance maladie mais également à l'intégrateur territorial qui profite de cet argent pour inciter les partenaires à créer davantage de services de prévention et investit dans divers incitants."