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"J'ai toujours été intéressée par le secteur des soins. En plus, en secondaire, j'aimais les sciences et j'avais envie de poursuivre dans cette voie. Après avoir longtemps hésité entre la médecine dentaires et la pharmacie, j'ai finalement choisi la seconde. Les médicaments sont vraiment l'une des pierres angulaires de nos soins de santé. " La formation elle-même l'a passionnée. " Au cours de la première année de bachelier, on a surtout des branches scientifiques comme la chimie, la physique et la biologie cellulaire, mais aussi beaucoup de formations pratiques, par exemple aux techniques de laboratoire. Nous avions énormément de cours en comparaison avec d'autres orientations, mais mes efforts ont été payants. En secondaire, je préférais déjà de loin la chimie à la physique, ce qui collait parfaitement à mes études de pharmacie. " " Pour le master, j'avais le choix entre les options soins pharmaceutiques et développement de médicaments ; j'ai opté pour la première, qui permet d'être plus proche du patient et qui m'inspirait davantage qu'une carrière dans l'industrie. Après avoir obtenu mon diplôme, j'ai encore suivi la formation post-master en pharmacie hospitalière, soit trois années d'études supplémentaires - sept mois de cours et d'examens au sein des quatre universités flamandes (Gand, Anvers, Bruxelles et Louvain), suivis d'un stage de deux ans et demi que j'ai fait à l'UZ Leuven. " " Au cours de mes études, j'ai très vite eu envie de m'orienter vers la pharmacie hospitalière. C'est un monde passionnant mais moins connu que celui des officines, même si on a tout de même déjà l'occasion de le découvrir un peu au cours du cursus. En troisième année de bachelier, j'ai notamment travaillé deux semaines dans une officine hospitalière pendant mes vacances, ce qui a encore accru mon intérêt. J'ai terminé mes études l'année dernière et, depuis octobre, je travaille comme pharmacienne hospitalière à l'UZ Leuven. Nous sommes une grande équipe dynamique de 150 personnes, dont 36 pharmaciens hospitaliers et neuf pharmaciens en formation. " Lotte Vander Elst assume aujourd'hui des tâches très variées. " Il y a tout d'abord l'OPAT ( Outpatient Parenteral Antimicrobial Therapy), l'administration d'antibiotiques intraveineux à domicile chez les patients qui sont cliniquement prêts à quitter l'hôpital, mais qui doivent continuer à recevoir des antibiotiques par cathéter. Une journée par semaine, je participe à la coordination et à l'optimisation de ces processus. " " Un autre aspect de mon travail concerne la pharmacie clinique au service de pédiatrie, où je travaille un jour par semaine au sein d'une équipe de cinq personnes. Nous dispensons des conseils médicaux aux médecins et infirmiers concernant par exemple l'utilisation rationnelle des médicaments ou le dosage. En oncologie, les enfants doivent parfois prendre des médicaments de façon prolongée pour lutter contre les effets secondaires de la chimiothérapie (nausées, constipation, etc.). Nous élaborons alors un schéma de médication et nous expliquons précisément aux parents ce qu'ils doivent faire et à quoi ils doivent absolument faire attention. " Elle s'acquitte évidemment aussi des tâches plus classiques du pharmacien hospitalier. " Celles-ci vont bien au-delà de la préparation des médicaments ou de leur distribution. C'est vraiment du travail multidisciplinaire, qui nous amène à avoir régulièrement des contacts avec les infirmiers ou les médecins qui ont des questions concernant un traitement médicamenteux. En milieu hospitalier, on voit souvent passer les tableaux cliniques les plus critiques. Donner des conseils à ce sujet est toujours passionnant. Et le fait d'avoir des contacts tant avec les patients qu'avec les médecins et infirmiers est extrêmement enrichissant. " Covid-19 oblige, l'année écoulée a été extrêmement dure pour l'ensemble du secteur des soins... et les officines hospitalières aussi ont senti passer la crise. " À mesure que le nombre d'hospitalisations liées au coronavirus augmentait, l'hôpital a dû libérer de plus en plus de lits et modifier le planning des soins dans d'autres domaines. Cela a forcé les collègues de la pharmacie à revoir et adapter sans cesse les réserves de médicaments, mais aussi à gérer les ruptures de stock provoquées par la consommation accrue de certains produits chez les patients covid-19. Je n'ai pas beaucoup été impliquée dans ces problèmes, mais j'ai vraiment beaucoup d'admiration pour le travail de mes collègues, pour leur capacité à gérer et pour leur flexibilité. En plus, n'oublions pas que l'UZ Leuven est aussi l'un des centres de distribution des vaccins covid. La plupart des gens n'y pensent pas, mais cela s'ajoute au reste de nos obligations. " Comment la jeune pharmacienne voit-elle l'avenir? " J'ai surtout envie de développer mon expérience. Heureusement, je fais un travail passionnant et j'apprends beaucoup de mes collègues. Il y a tellement de " têtes ", ici... et je sens que le fait de les côtoyer au quotidien me fait évoluer. En plus, mes fonctions sont tellement variées que je ne suis pas près de m'en lasser. " " En outre, la pharmacie hospitalière elle-même est en pleine évolution: nous ne cessons de revoir certains aspects pour améliorer les processus. Dans un contexte où les soins transmuraux ne cessent de gagner en importance, nous voulons améliorer la continuité des soins pharmaceutiques lorsqu'un patient part dans un autre établissement ou rentre chez lui, en collaboration avec son médecin de famille et avec le pharmacien local. L'informatisation de la pharmacie hospitalière devrait améliorer encore l'efficience de nombreux processus. Nous utilisons déjà beaucoup de systèmes de scannage et de prescriptions électroniques, mais il y a aussi encore un certain nombre d'ordonnances papier. Une numérisation plus poussée nous permettrait par exemple de prévenir les éventuelles erreurs de médication. " Lotte Vander Elst tire une grande satisfaction de son travail. " Je crois que c'est surtout parce que j'ai la chance de communiquer avec beaucoup de groupes différents. Les personnes qui peuvent rentrer chez elles avec un traitement antibiotique intraveineux ou les parents des petits patients cancéreux, par exemple, nous sont toujours reconnaissants des explications que nous leur fournissons sur les médicaments qu'ils devront utiliser à la maison. Les médecins et infirmiers aussi apprécient beaucoup notre aide lorsqu'ils ont besoin d'urgence d'un renseignement. En plus, nous apportons notre petite pierre à une utilisation plus rationnelle et plus sûre des traitements pharmacologiques. Sur ce plan, le pharmacien hospitalier a vraiment un rôle important à jouer. "