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Cela nous met vraiment en colère ", réagit sans détour Olivier Remels de FeBelGen. " Le CBIP affirme qu'il est préférable d'éviter de substituer dans le cas de médicaments à marge thérapeutique-toxique étroite. Nous savons, par la pratique, qu'il s'agit souvent d'une substitution d'un produit de marque (cher) par un générique (meilleur marché). Cette manière de présenter les choses relève de l'accusation malveillante sur les génériques. On ne peut pas le voir différemment. Même les études les plus récentes et avancées montrent qu'il n'y aucun problème dans la substitution d'un produit de marque par un générique. Y compris dans le cas de médicaments à marge thérapeutique-toxique ". Remels prend l'exemple (cas d'école) des antiépileptiques. " Les antiépileptiques sont repris dans la liste belge mise au point par la Commission des médicaments. Pourtant il n'existe aucune preuve de l'existence d'un lien entre la substitution d'une marque par un générique et une augmentation des crises d'épilepsie ". Europe " Dans la zone euro, il n'existe même pas une liste de médicaments à marge thérapeutique étroite établie par l'EMA. Certains médicaments sont connus pour avoir une marge thérapeutique étroite et se voient déjà dotés, lors de l'enregistrement, de critères thérapeutiques plus stricts (bio-équivalents). Cela signifie également que les médicaments génériques de ces spécialités originales doivent satisfaire aux mêmes critères stricts pour accéder au marché. Et prouver qu'ils sont interchangeables. Il n'y a donc à nouveau aucune différence thérapeutique entre un générique et un original ". Belgique Olivier Remels se demande aussi pourquoi la Belgique dispose d'une telle liste de médicaments, bien plus longue que celle d'autres pays européens. " Nous ne pouvons que constater qu'il n'y a aucune liste harmonisée au niveau européen. La Belgique se distingue par son nombre élevé de médicaments (32) ". Case-reports " Il n'existe aucune étude randomisée prouvant qu'il y aurait plus d'incidents avec les médicaments génériques qu'avec les originaux. Tous les faits sont rapportés dans des case-reports, sans distinction entre génériques et originaux. En outre, si l'on regarde les médicaments à marge thérapeutique étroite, on constate qu'on n'opte pas vite automatiquement pour un changement de marque. Aucun médecin ne le fait souvent. L'avis de la Commission des médicaments de suivre davantage ces patients est en réalité superflu. Les patients qui prennent un médicament à marge thérapeutique-toxique étroite sont toujours suivis scrupuleusement par leur médecin, et rien n'empêche de choisir une alternative offrant un bon rapport coût-efficacité. Dans ses recommandations, la Commission des médicaments fait à nouveau planer une suspicion sur les génériques ". Lamotrigine Olivier Remels veut donner un exemple très concret pour dépeindre le préjugé. " Prenons la lamotrigine, un médicament à large spectre contre l'épilepsie pour lequel il existe différentes alternatives génériques. Un médicament couramment prescrit. En Allemagne, 85 % des parts de marché de la lamotrigine sont occupés par les génériques. Cette proportion est de 70 % aux Pays-Bas, et de 40 % en France. Et en Belgique ? En 2009, elle était de moins d'1 %. Il faudrait à présent que quelqu'un - et de préférence la Commission des médicaments - explique au grand public comment cette situation est possible. Les Allemands et les Français sont-ils totalement fous, négligents ou irresponsables ? Même après une recherche poussée, nous n'avons pas trouvé la moindre trace d'un incident ou d'un quelconque problème dans ces pays avec ces génériques. Mais en Belgique, dans les avertissements, on les désigne comme 'dangereux' ". Conséquences Selon Remels, c'est clairement la conséquence de 'manipulations' de l'opinion. " En Belgique, les fabricants de médicaments génériques doivent continuellement ronger leur frein pour lancer des produits sur ce segment du marché. Les médecins freinent à leur tour pour envisager le générique comme une bonne alternative. Le gouvernement déploie bien tous les efforts pour tirer les prix des médicaments vers le bas, mais cette chance est non seulement inexploitée, mais même déconseillée. En outre, le gouvernement sous-estime clairement le rôle d'accompagnateur des médecins et pharmaciens. La preuve : le 8 mars dernier, la Ministre Onkelinx devait à nouveau rectifier les informations trompeuses distillées dans la presse, e.a. suite à un rapport de l'Académie française de Médecine, qui jetait le discrédit sur les médicaments génériques, notamment en instrumentalisant les médicaments à marge thérapeutique étroite ". Conclusions Suite à l'avis publié par le CBIP, FeBelGen tire trois conclusions.