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Quoiqu'on en dise, force est de constater que le pharmacien belge est fermement résolu à dépasser l'étiquette de simple 'distributeur de médicaments'. Le pharmacien ne connait que trop bien ses limites et sait pertinemment ce qu'il est ou non capable de faire et les responsabilités qu'il est prêt à endosser. Une attitude franche et carrée qui transparait clairement dans les réponses formulées par les nombreux pharmaciens ayant pris part en octobre dernier à la Grande Enquête du Pharmacien. Le questionnaire de cette enquête citait en exemple six nouvelles missions confiées aux pharmaciens étrangers et demandait au répondant de se prononcer sur l'intégration éventuelle de ces tâches en Belgique. Alors enthousiaste ou plutôt frileux le pharmacien belge ? Réponse en six points. Substitution D'après les réponses collectées, le pharmacien belge sait en tous cas une chose : ce qu'il veut et ce qu'il ne veut pas. Prenons d'abord l'exemple de la substitution. Quand un produit vient à manquer, les pharmaciens n'estiment pas toujours nécessaire de donner à chaque fois un coup de téléphone au médecin. Pour une écrasante majorité des pharmaciens interrogés (92,4 %), l'idée d'un droit de substitution est jugée 'intéressante' à 'très intéressante'. Une opinion partagée tant au nord qu'au sud du pays. Plus le pharmacien a de la bouteille, plus il trouve cette idée judicieuse. Le point de vue diverge néanmoins en fonction du statut exercé dans l'officine. Les titulaires sont ainsi davantage séduits par le concept que les adjoints, tout comme les employés de chaînes par rapport aux pharmaciens travaillant dans une officine indépendante. Renouvellement de prescription Même position adoptée pour le renouvellement de prescription, avec une majorité de pharmaciens favorables à la mesure. Quelque 63,9 % de sondés estiment que les pharmaciens belges devraient pouvoir effectuer cette tâche tout comme leurs confrères étrangers. Ici aussi, si le facteur linguistique n'influence pas la réponse, le nombre d'années d'expérience augmente par contre le degré d'enthousiasme. Les pharmaciens employés dans une pharmacie indépendante (et non propriétaire) font preuve de plus de réserves que les titulaires qui sont soit propriétaires soit employés dans une chaîne. Retenons qu'environ un tiers des répondants (32 %) ne sont toutefois pas partie prenante d'une telle initiative en Belgique. Vaccination à l'officine Pour ce qui est des quatre autres exemples étrangers, on assiste par contre à un beau revirement et à une réaction plutôt tiède du pharmacien belge. Envie de se voir confier l'administration du vaccin contre la grippe comme les confères portugais ? " Non merci ! " répondent en c£ur quelque 65,8 % des pharmaciens interrogés. Seuls 28 % des sondés prennent l'idée en considération ou l'estiment bonne. Les pharmaciens néerlandophones sont plus enclins à intégrer ce nouvel acte que leurs confrères francophones (32,7 % contre 22,1 %). Services de garde Chez nos voisins du Nord, les pharmaciens ont mis sur pied un système de service de garde spécial durant les nuits et le week-end. Certains pharmaciens hollandais ont ainsi accepté de ne plus exercer que durant ces heures de garde, ce qui permet à la fois au patient de savoir toujours où s'adresser et aux pharmaciens 'de jour' de pouvoir dormir sur leurs deux oreilles. Qu'en pensent les pharmaciens de notre pays ? Un Belge sur trois manifeste un certain intérêt pour ce système, contrairement à la moitié des sondés qui le jugent sans valeur. Ce sont cette fois les pharmaciens francophones qui expriment davantage d'enthousiasme : alors que 'seulement' 19,1 % des francophones répondent par un non catégorique, ils sont par contre quelque 28,6 % du côté néerlandophone à juger l'idée inintéressante. Dossier pharmaceutique Viennent ensuite les exemples étrangers qui divisent un peu plus l'opinion, répartissant partisans et opposants en deux groupes équitables. Dans plusieurs pays, le patient dispose d'un dossier pharmaceutique chez un pharmacien précis à qui il reste fidèle. Une bonne chose pour certains pharmaciens, une moins bonne pour d'autres, sans trop de divergences d'opinion entre francophones et néerlandophones. Conseil de l'Ordre Une vision nord/sud qui n'est cependant plus d'actualité au niveau des procédures disciplinaires de l'Ordre des Pharmaciens. Dans certains pays, les pharmaciens disposent d'un droit de regard sur les décisions prises par le conseil de discipline. Pour près de la moitié des pharmaciens belges interrogés (49,6 %), cette transparence est jugée (très) intéressante. Avec une différence linguistique considérable : si près de sept pharmaciens francophones sur dix (68,4 %) se positionnent en faveur d'une plus grande transparence, les néerlandophones ne partagent guère cet avis (34,5 %). Enfin, le pharmacien francophone se prononce clairement sur la question, tandis qu'un confrère néerlandophone sur cinq affirme ne pas avoir d'avis sur la question ou s'abstient en tous cas d'y répondre.