...

Plus de 800 patients (63% de femmes, âge moyen 55 ans) ont participé à une enquête en ligne sur la consommation de benzodiazépines et de médicaments apparentés utilisés dans le cadre des troubles du sommeil. Elle a été menée par l'AFMPS entre février et mai 2020 et montre que la plupart des patients consomment ces médicaments pendant trop longtemps. Plus d'1/3 montre des signes de dépendance psychologique. L'enquête a récolté les données de consommation de benzodiazépines et de médicaments apparentés chez les patients adultes ne séjournant pas dans un hôpital, une maison de repos et de soins ... L'objectif était d'identifier l'utilisation incorrecte/abusive, d'examiner le niveau de dépendance subjective et de savoir si les patients ont tenté des alternatives pour traiter leur insomnie. Après publication des résultats provisoires (dévoilés en février 2021), l'entièreté du rapport est à présent édité. Résultats?-La plupart des patients consomment des somnifères depuis plus d'un an. Cependant, seule une minorité prend une dose supérieure à celle recommandée. -Plus d'un patient sur trois a montré des signes de dépendance psychologique.-La plupart des patients ont essayé par le passé d'arrêter leur traitement: la majorité des participants à l'enquête souhaitaient pouvoir arrêter leur traitement et près de la moitié trouverait très difficile, voire impossible de l'arrêter.-Outre les benzodiazépines et les médicaments apparentés, la majorité a essayé des traitements alternatifs, surtout des compléments alimentaires, l'homéopathie et/ou la phytothérapie.-Le zolpidem est le somnifère le plus fréquemment utilisé par les patients, suivi du lormétazépam."Si les résultats de cette enquête ne peuvent pas être extrapolés à l'ensemble des patients, ils indiquent quelques points d'attention clairs, note l'AFMPS dans ses commentaires. L'enquête montre en effet que les recommandations sur la durée de traitement ne sont suivies ni par les patients, ni par les professionnels de la santé qui continuent à prescrire ces médicaments sur le long terme. Pourtant, un usage chronique est déconseillé en raison du risque accru de tolérance, de dépendance et d'abus. De plus, les résultats sont conformes aux observations d'autres pays sur la tendance à prescrire les "z-drugs" (en particulier le zolpidem) à la place des benzodiazépines. Différentes études ont montré que de nombreux professionnels de la santé perçoivent toujours les "z-drugs" comme plus efficaces et plus sûrs que les benzodiazépines. Cependant, il n'y a pas, à ce jour, de preuves convaincantes que ces produits provoquent moins d'effets indésirables ou de dépendance".Enfin, l'AFMPS rappelle que les benzodiazépines et les "z-drugs" peuvent induire, entre autres, des troubles du système nerveux (somnolence, amnésie antérograde ...), des troubles psychiatriques (comportement anormal, hallucinations, somnambulisme ...) et augmenter les risques de chute chez les personnes âgées.L'Agence encourage donc les professionnels de la santé à discuter de ces risques avec leurs patients avant de prescrire un tel somnifère. Elle conseille également de prévoir une consultation de suivi après une semaine d'utilisation pour discuter avec le patient de l'efficacité du traitement et des effets indésirables éventuels. Elle rappelle également les différents outils disponibles pour aider les professionnels dans cet objectif (prescription petits conditionnements, manuel d'aide en ligne, EBM...).