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Vigil'Anses, le bulletin des vigilances édité par l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) (n°12, novembre 2020), rapporte un nouvel exemple d'effet indésirable grave suite à la consommation de compléments alimentaires, souvent considérés à tort comme anodins. Le dispositif de nutrivigilance créé en 2009 en France a reçu, en 2019, deux signalements d'hépatites aiguës sévères liées à la consommation d'un complément alimentaire pour les cheveux à base de vitamine A et E (Chewable Hair Vitamins). Ce produit se présente sous la forme de gomme à mâcher composée de vitamines A, B5, B6, B8, B12, C, D et E, de zinc, sélénite de sodium, sirop de glucose...Dans le premier cas (jeune femme de 29 ans sous pilule microdosée à base de désogestrel), la quantification des vitamines A et E présentes dans le complément alimentaire a montré des teneurs supérieures à celles mentionnées sur l'étiquette: 2,6 fois supérieure pour la vit E et 1,3 fois supérieure pour la vit A. Dans le deuxième cas, le produit n'a pas pu être analysé. L'analyse de ces 2 cas et de la littérature suggère une toxicité en lien avec la prise concomitante d'un contraceptif progestatif. L'imputabilité du complément alimentaire dans la survenue de ces cas a été calculée à partir du délai d'apparition, de l'évolution après arrêt et de l'absence d'une autre explication possible à l'effet indésirable observé. Résultat? La responsabilité du complément alimentaire dans la survenue de ces hépatites aiguës sévères a été jugée comme très vraisemblable. Quant au désogestrel, les données bibliographiques montrent qu'il n'est pas connu pour entraîner des effets hépatotoxiques, mais une interaction avec le complément alimentaire ne peut être exclue. Après analyse, l'Anses recommande aux femmes sous contraception orale de ne pas consommer ce complément alimentaire et rappelle ses conseils habituels:-signaler à un professionnel de santé tout effet indésirable survenant suite à la consommation d'un complément alimentaire,-respecter les conditions d'emploi,-éviter des prises multiples, prolongées ou répétées au cours de l'année de compléments alimentaires sans avoir pris conseil auprès d'un professionnel de santé,-être vigilant vis-à-vis des allégations thérapeutiques et de l'achat de produits dans des circuits non traditionnels et sans conseil individualisé d'un professionnel de santé. Rappelons qu'il n'existe pas (encore) de système de nutrivigilance en Belgique.