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Be.Hive (de "hive" qui signifie "ruche" en anglais), la chaire francophone interdisciplinaire et interuniversitaire de la première ligne a reçu le soutien du Fonds Daniël De Coninck, lui-même géré par la Fondation Roi Baudouin. Le financement s'élèvera à 500.000 euros par an et par chaire, pendant cinq ans. En collaboration avec l'Academie voor de Eerste Lijn, Be.Hive rassemble les expertises en sciences de la santé de six partenaires : Université catholique de Louvain, Université libre de Bruxelles, Université de Liège, Haute école libre de Bruxelles Prigogine, Haute école Léonard de Vinci et Haute école de Namur-Liège-Luxembourg.Née début 2019, Be.Hive a recensé toutes les offres existantes et en a inféré un Livre blanc après une enquête auprès de 6.000 personnes (dont 300 MG et 450 infirmières) dont les réponses ont été traitées par 120 spécialistes au sein de plusieurs ateliers thématiques s'appuyant sur la littérature internationale et nationale. Le Livre blanc présente un état des lieux le plus précis à ce jour de la 1ère ligne en Belgique francophone.Le document propose des pistes de recherche universitaire interdisciplinaire afin d'aider les hommes politiques à se projeter, en matière de 1ère ligne, sur les dix ans à venir.La 1ère ligne en Wallonie-Bruxelles concerne pas moins de 16 métiers différents: médecins généralistes, accueillants, aides familiales, aides-soignantes, assistants sociaux, dentistes, diététiciens, ergothérapeutes, infirmiers, kinésithérapeutes, logopèdes, ostéopathes, pharmaciens, podologues, psychologues et sages-femmes. Ils s'occupent en théorie de 4,8 millions de patients.La vision s'appuie sur trois axes :1) La "santé communautaire" qui consiste à structurer géographiquement la 1ère ligne afin d'approcher les patients au niveau local au-delà des chapelles politiques avec des intervenants qui connaissent le terrain.2) Partir de la demande complexe des patients notamment au niveau financier et social et non de l'offre.3) S'appuyer sur la collaboration interprofessionnelle en respectant quatre angles d'attaque : collaboration entre métiers de l'accompagnement social, de l'aide juridique et des soins avec les groupes de population vulnérables ; rapports renforcés entre première et deuxième ligne ; développement des outils de collaboration ; formation des professionnels à la collaboration.La séance de présentation du Livre blanc de la 1ère ligne s'est ouverte par les mots enthousiastes de l'administratrice générale de l'Aviq (Agence wallonne pour une vie de qualité). Alice Baudine, consciente de ce moment historique. En effet, l'ambition de Be.Hive est ni plus ni moins de conceptualiser la fédération de l'ensemble des acteurs de la 1ère ligne, dans une approche de justice sociale, en utilisant toutes les ressources disponibles, en luttant contre les pénuries de médecins et d'infirmières, en stimulant les cercles de médecins généralistes et les SISD (services intégrés de soins à domicile) et en respectant l'origine et l'orientation philosophique de chaque patient dans une vision à 360° axée sur les besoins de soins et non sur l'offre de soins. Le tout en respectant l'objectif d'une société non-carbonée à l'horizon 2050 alors que les soins de santé sont particulièrement dans le viseur en matière de dégagements de CO2.Pour ce faire, à la Région bruxelloise. Brusano et la Plateforme de soins palliatifs ont fusionné et pour la première fois, un seul ministre de la Santé va faire le lien entre communautés francophone et flamande au sein de la Cocom (Commission communautaire commune). La situation institutionnelle wallonne est un peu plus simple...On gardera à l'oeil que, dans cette ambitieuse approche, on entend par soins de 1ère ligne "des soins qui se caractérisent par une accessibilité universelle, une approche globale, axés sur les objectifs de la personne. Ils sont dispensés par une équipe de professionnels responsables de la prise en charge de la grande majorité des problèmes de santé. Ce service doit s'accomplir dans un partenariat durable avec les personnes (usagers de la santé ou non), et leurs aidants, dans le contexte de la famille et de la communauté locale. Ce service joue un rôle central dans la coordination générale et la continuité des soins dispensés à la population. "La philosophie suivie est la "santé communautaire", soit "un processus de travail en collaboration avec et au travers de groupes de personnes affiliées par la proximité géographique, un intérêt spécifique ou qui vivent des situations similaires afin de gérer les difficultés qui affectent le bien-être de ces personnes". Elle a pour priorité de lutter contre les inégalités en santé et d'entraîner la "capabilité d'expression" du citoyen (dans ce type d'approche, un certain jargon est inévitable).Be.Hive sera guidé par neuf lignes de force : l'empowerment des usagers et des communautés, le leadership académique, l'équité devant la santé, la participation de chacun, la "priorisation et les complémentarités" au sein du secteur, un réseautage "visible et vivant", l'analyse de l'offre existante, une vision commune et une " intelligence collective" et, enfin, trois "laboratoires vivants" incluant les déserts médicaux.Sous la coupole d'un comité de direction, travaillent quatre groupes de travail:1) "Appui à la création d'une vision commune d'une première ligne forte en Belgique francophone"2) "Action communautaire au service de la promotion de la santé de l'accessibilité et de l'équité dans les soins"3) "Personne vivant une situation complexe"4)"Collaboration interprofessionnelle et développement des compétences"Derrière ces appellations un peu ésotériques, chacun est conscient de vivre un momentum" d'autant plus dans la situation politique actuelle, plutôt inextricable. Chacun sent à quel point le monde de la santé bouge à grande vitesse mais qu'il existe des convergences possibles pour évoluer tous dans la même direction. Le point central est le patient qui joue un rôle actif dans la gestion de sa maladie. Les intervenants de première ligne doivent donc viser avant tout l'adhésion du patient actif. Mais il faut également motiver les intervenants pour qu'ils restent dans le système sur fond de pénurie de certains d'entre eux.Alors que l'approche est résolument "goal oriented care", elle ne peut négliger l'avancée parfois exponentielle des technologies (notamment l'intelligence artificielle qui fait déjà de meilleurs diagnostics que les radiologues, par exemple) et la révolution digitale, cette dernière posant la question lancinante du consentement du patient.