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C'est ce qu'explique Ann Adriaensen, pharmacienne et CEO a.i. de pharma.be, en soulignant le rôle essentiel des firmes pharmaceutiques au cours de la première vague de la pandémie. Pharma.be a participé au groupe de travail sur les pénuries sous la tutelle du ministre De Backer. " Au début de la crise, nous avons été confrontés à de graves pénuries de matériel de protection pour les travailleurs de la santé. Nous nous sommes efforcés d'en obtenir auprès de nos membres qui ont des activités de production en Belgique et nous l'avons mis à disposition en concertation avec l'AFMPS lorsque c'était possible. " Le groupe de travail s'est aussi penché sur l(a prévention d)es pénuries de médicaments dans les hôpitaux. Une commission a également été instituée dans ce domaine au sein de l'AFMPS et, là aussi, pharma.be en fait partie. " En collaboration avec les autorités et les pharmaciens (hospitaliers), nous avons pu assurer à tous les patients les traitements médicamenteux dont ils avaient besoin ", précise Ann Adriaensen. Grâce à l'échange de données entre l'AFMPS et les entreprises, il a été possible de cartographier les besoins et la disponibilité des produits essentiels et d'aligner l'offre et la demande. Un système de quotas a permis de déterminer les besoins de chaque hôpital et de livrer les quantités adéquates de médicaments contre le covid. Des pénuries locales ont ainsi pu être évitées. L'AFMPS s'est procurée des matières premières à l'étranger et les firmes ont libéré de la capacité pour produire des médicaments supplémentaires si nécessaire. En cas de pénurie imminente, il était également possible d'importer certaines spécialités au départ de pays (notamment scandinaves) dont la situation était moins précaire. " La solidarité internationale revêt sur ce plan une importance capitale ", observe Ann Adriaensen. " L'approche de l'AFMPS et la collaboration avec elle nous sont apparues comme extrêmement positives, le seul point négatif étant pour nous que l'Agence avait la possibilité d'interdire l'exportation d'une série de médicaments. Il n'a heureusement pas été nécessaire d'en arriver là, mais cela a tout de même un peu terni l'image de notre pays et inquiété la Commission européenne, ce qui pourrait, à terme, avoir des conséquences défavorables pour la Belgique en tant que plaque tournante de l'industrie du médicament. La possibilité d'un blocage et d'une réquisition de ces produits par le gouvernement est extrêmement néfaste, en particulier s'ils sont destinés à d'autres pays. Pourquoi une firme produirait-elle des vaccins contre le covid en Belgique si le risque existe que leur exportation soit interdite ? " L'industrie pharmaceutique et la Belgique jouent un rôle de premier plan dans la course aux vaccins et aux traitements contre le covid-19 avec des produits comme le remdésivir et la dexaméthasone, mais évidemment aussi avec de nouvelles spécialités. " L'AFMPS a réduit à 4 jours le timing déjà très serré pour les demandes d'essais cliniques. La procédure pour le lancement a été accélérée et les autorités ont formulé " des conseils scientifico-techniques " sur les étapes requises dans le processus d'approbation de nouveaux médicaments. " Dix-huit essais cliniques ont déjà été lancés avec des médicaments contre le covid. À terme, ils feront intervenir plus de 3.000 patients répartis dans 31 centres. Les tests avec les vaccins de CureVac et Janssen Pharmaceutica ont également reçu le feu vert. Il est clair que la production de grandes quantités de vaccins et de médicaments va nécessiter une capacité supplémentaire. " Le site de Pfizer à Puurs et celui de GSK à Wavre l'ont déjà prévue pour notre pays... alors qu'il n'y a encore aucune garantie que leurs investissements déboucheront sur un nouveau vaccin ", souligne Ann Adriaensen. " C'est une preuve de la bonne réputation de la Belgique à l'échelon international. Nous ne pouvons qu'espérer que le prochain gouvernement poursuivra dans cette voie et que notre pays conservera sont attrait pour les investisseurs. " Les entreprises sont actuellement en train de passer des accords avec la Commission européenne autour de la commande de vaccins - une étape capitale, qui doit garantir un marché aux producteurs et la disponibilité des vaccins aux pays de l'UE, y compris la Belgique. Le développement de vaccins et de médicaments reste évidemment une activité à haut risque, qui demande de nombreuses années de travail sans garantie de succès. " Raccourcir le processus est extrêmement difficile, en particulier lorsqu'on parle de techniques innovantes comme les vaccins à ARN, mais nous ne pouvons vraiment pas rogner sur la sécurité, la santé et le bien-être des patients. " Dans la mesure où les vaccins disponibles - qui n'arriveront probablement pas sur le marché avant 2021 - ne suffiront pas d'emblée à immuniser toute la population, il est par ailleurs essentiel de fixer des règles claires sur les patients à vacciner en priorité. Enfin, dans un contexte où une nouvelle flambée n'est jamais à exclure, il faut continuer à garantir la disponibilité des traitements. " Suivre les stocks et les garder à disposition nécessite une collaboration constante avec l'AFMPS, les médecins et les pharmaciens. Et en cas de pénurie éventuelle, le tout sera de réagir rapidement ", conclut Ann Adriaensen.