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Si l'on voit la pharmacie comme un lieu de premier tri des patients qui mériteraient d'être dirigés vers un autre professionnel de santé, il faut pouvoir y réaliser directement une série de tests. Ces services sont largement disponibles dans les pays à revenu élevé et concernent en premier lieu les affections cardiovasculaires (mesure de la PA, du poids, du BMI, questionnaire du risque cardiovasculaire et, moins souvent, des taux de cholestérol et/ou de triglycérides) et le diabète (glycémie, HbA1c, Findrisk test, mesure sur place du cho total, LDL-cho, HDL-cho et triglycérides). Mises à part les expériences concernant le Findrisk test, notre pays ne s'est pas encore impliqué dans ce type d'actions.En pharmacie, le dépistage de l'asthme passe par le test de contrôle de l'asthme (comme en Belgique), le contrôle de la rhinite allergique et le débitmètre de pointe. Pour la BPCO, les tests d'évaluation de la BPCO et de la dyspnée et la spirométrie ne sont pas largement utilisés.Quant au dépistage du cancer en pharmacie, il concerne surtout le cancer colorectal (notamment en Belgique) et parfois celui de la peau.Quand le pharmacien réfère un patient, c'est le plus souvent pour le diabète ou les affections cardiovasculaires et ils le font plutôt (80%) de façon informelle (conseils verbaux ou écrits sans enregistrement dans le dossier patient) : " Cela fait donc partie de la pratique standard or, elle reste 'invisible' aux yeux du système de santé, fait observer la FIP. Il n'y a donc aucune garantie que le patient qui a besoin d'un suivi et éventuellement d'un traitement reçoit effectivement des soins. (...) Un enregistrement systématique des conseils n'existe que dans 31% des pays qui ont répondu ".Les interventions les plus efficaces sont celles où le pharmacien communique directement avec le médecin pour discuter des résultats du dépistage (35%), où il fixe un rendez-vous médical pour assurer le suivi du patient (22%) et, enfin, où il enregistre les résultats du dépistage dans le dossier électronique partagé (11%). " Ce dernier scénario est aussi le plus intéressant parce qu'il permet de sélectionner les dépistages les plus appropriés à chaque patient et parce qu'il permet d'exploiter les tests faits en pharmacie grâce à leur mise à disposition dans le système de santé ".Parmi les pays ayant signalé des activités de soins pharmaceutiques, 47% proposent un service pour expliquer une nouvelle médication aux patients chroniques, 65% une révision médicamenteuse dans un espace confidentiel et 52% une préparation de médication individuelle.En revanche, le renouvellement des prescriptions chez les patients chroniques est moins répandu (27%) : " Parfois, le pharmacien est autorisé à renouveler une prescription un certain nombre de fois avant de demander au patient de revoir son médecin. Ce service est non seulement apprécié par les patients, mais il contribue également à l'effi -cacité des systèmes de santé en réduisant le nombre de consultations chez le médecin pour le renouvellement de prescription ", commente la FIP.L'enquête révèle encore que 69% des pays disposent d'un système d'enregistrement électronique des données de santé (86% en Europe). Le niveau d'accès des pharmaciens à ces données est très variable : 9% à la totalité, 44% à certaines parties, 4% au résumé, 31% n'y ont pas accès.71% des pharmaciens reçoivent une formation officielle en soins pharmaceutiques spécifiquement axée sur les MNT. Cependant, la FIP se dit inquiète de l'absence d'un tel enseignement dans près d'un pays sur cinq.Qu'est-ce qui limite la participation des pharmaciens à la gestion des MNT ? Le frein le plus important est le manque de support fi nancier et de rémunération adéquate (82%) ou d'un tiers payant (63%). " Non seulement les interventions des pharmaciens exigent du temps, des connaissances et des compétences, mais elles permettent également aux systèmes de santé de réaliser des économies. Pour accroître l'expansion et la durabilité de ces services, il semble raisonnable qu'ils soient rémunérés de manière appropriée par des tiers payeurs. Les données suggèrent que les pharmaciens se sentent suffisamment préparés pour assumer de tels rôles et que les patients reconnaissent la valeur de ces interventions ".Enfin, existe-t-il des déclarations de principe et des prises de position sur le rôle des pharmaciens dans les MNT ? Près de 80% des répondants ont indiqué qu'aucun outil de ce type n'avait encore été mis au point dans leur pays. Pour la FIP, " cela montre à quel point il est important qu'elle ouvre la voie et élabore une déclaration internationale susceptible d'aider les organisations nationales à plaider en faveur d'un rôle accru des pharmaciens dans ce domaine ".