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" Ce loisir est devenu une assuétude, l'harmonica me manque vraiment quand je n'en joue pas", explique Céline Vergote en exhibant sa valise remplie d'harmonicas diatoniques. Nous rencontrons la trentenaire de Zwevegem sur le site de l'AZ Groeninge à Courtrai où elle fait partie de l'équipe de plus de soixante pharmaciens hospitaliers et assistants en pharmacie. "Je travaille ici depuis treize ans. Lorsque j'étais étudiante, la pharmacie hospitalière requérait une spécialisation d'un an. Je faisais partie d'un groupe d'étudiants qui suivait le cours interuniversitaire à Gand, Anvers, Louvain et Bruxelles. Depuis, les choses ont changé: la formation dure trois ans, avec de nombreux stages."La pharmacienne avoue être toujours fascinée par son métier: "J'aime l'approche scientifique. La préparation d'une chimiothérapie ou la délivrance d'un médicament pour la fécondation in vitro, par exemple. À l'époque de ma spécialisation, j'ai rédigé ma thèse sur la façon de créer une lettre de sortie électronique reprenant le traitement médicamenteux du patient."Toutefois, la jeune femme est aussi une photographe amateure de talent. "J'ai suivi des cours de photographie pendant un certain temps. Mon Canon SLR m'accompagnait partout, ce qui est un peu moins le cas depuis l'avènement de l'iPhone." Ceci dit, son album contient de très beaux clichés de paysages, pris lors de ses voyages où les Rocheuses canadiennes, la Scandinavie, l'Islande, l'Autriche ou l'Allemagne occupent une place prépondérante: "J'ai un penchant pour la photographie de paysage, plutôt pour la montagne que la mer. La liste des destinations que j'aimerais encore visiter est longue. Je voudrais découvrir le Spitzberg ou d'autres régions polaires, mais aussi la côte ouest de l'Amérique et l'Australie-Nouvelle-Zélande." Sa passion pour la photographie occupe aujourd'hui une place moins importante dans sa vie parce que Céline est revenue à ses premières amours, la musique, et plus précisément à l'harmonica. "Je ne sais plus comment j'ai redécouvert cet instrument mais je me souviens que, lorsque j'étais enfant, mes parents m'en ont offert un et j'ai aussi récupéré le vieil harmonica Hohner (un célèbre fabricant allemand, ndlr) de mon grand-père."Il y a deux types d'harmonicas, précise-t-elle: "Le diatonique qui ne peut pas gérer toutes les notes des trois octaves et avec lequel on joue dans certaines tonalités, et le chromatique qui couvre toute la gamme. Toots Thielemans, par exemple, jouait sur ce type d'harmonica.""Il y a quelque temps, j'ai croisé un ami de jeunesse qui m'a rappelé que j'avais l'habitude d'écouter beaucoup de musique où l'harmonica était omniprésent et que je vantais les disques d'Alanis Morissette qui jouait de l'harmonica, et d'autres airs de Timeless. Je ne m'en souvenais pas mais quand j'y pense, je me dis que j'avais peut-être inconsciemment un penchant pour ce genre de musique. Quoi qu'il en soit, la musique pop et rock jouée à l'harmonica est super cool. On fait vite le rapprochement avec le blues, les sons de l'harmonica s'intègrent dans de nombreux genres. Pourquoi ne pourrait-on pas en jouer dans la techno ou les samples?"La réponse, elle l'a trouvée en autodidacte, en regardant des vidéos sur YouTube. "Je me suis inspirée de Konstantin Reinfeld, un musicien allemand qui pratique un large éventail de styles, et des modules d'un joueur de blues américain. Le fait d'avoir étudié le solfège et d'avoir joué de la flûte m'a donné une bonne base musicale quand j'ai découvert l'harmonica. Néanmoins, actuellement, je m'inspire surtout de ce que j'entends ou j'improvise.""Les modules que j'ai suivis ou les défis de Reinfeld, on les fait soi-même. Ils vous invitent parfois à réaliser une vidéo autour d'un thème et à la leur soumettre et ils commentent ensuite votre travail. Cela me permet de glaner de précieux conseils auprès d'autres musiciens, avec en prime la possibilité de gagner un nouvel harmonica", précise Céline Vergote. "Un jour, j'aimerais jouer avec d'autres musiciens, sans nécessairement former un groupe. Je pense que ce genre de choses doit se développer de manière organique. Toutefois, quand je prenais des cours à Gand, mon professeur m'a dit que je devrais venir jouer lors de jam sessions. Il m'arrive donc de poster une vidéo sur Instagram ou de me produire au Missy Sippy, un club gantois de blues."Celine admire une pléiade d'harmonicistes: " Les hommes sont majoritaires dans ce milieu, mais on y côtoie aussi des femmes. Je pense à la Brésilienne Indiara Sfair ou à une autre Latina, Xime Monzon, à Elin Öberg de Stockholm ou à notre Geneviève Dartevelle. Ce qu'Howard Levy tire d'un harmonica est vraiment extraordinaire, mais j'admire aussi le travail du Gantois Steven De Bruyn.""En fait, c'est un loisir qui est devenu incontrôlable. J'admets y consacrer beaucoup de temps. L'harmonica me manque quand je n'y joue pas. On verra bien où l'instrument me mènera...", conclut-elle.