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Il ressort de diverses études internationales qu'un tiers à la moitié des femmes adultes sont confrontées à des fuites urinaires involontaires au cours de leur vie. Mais encore faut-il franchir le pas pour oser tirer la sonnette d'alarme et en parler. Seule une petite partie des femmes qui présentent des symptômes finissent par être traitées. Celles qui souffrent de fuites urinaires involontaires n'osent souvent plus marcher dans la rue, ni aller quelque part en visite vu le caractère imprévisible du problème. Il n'est donc pas rare que l'incontinence urinaire entraîne un isolement social. Les deux formes les plus courantes d'incontinence urinaire sont l'incontinence d'effort (perte d'urine liée à l'effort) et l'incontinence par impériosité (perte d'urine liée à l'impériosité). Dans le cas de l'incontinence d'effort, on perd de l'urine à des moments où la pression augmente ou lors d'un effort. L'incontinence par impériosité, quant à elle, se caractérise par une envie soudaine et incontrôlable d'uriner. Souvent, il est question d'une incontinence mixte, qui combine ces deux formes d'incontinence. L'étude AURA-2 (augmenting urinary reflex activity 2), actuellement en cours, est un bel exemple de collaboration internationale dans le traitement des fuites urinaires. Pour cette étude, des chercheurs de l'Université d'Anvers, de l'UZA et de l'Université d'Oxford ont uni leurs forces, et les premières patientes ont été incluses. Les chercheurs ont mis au point un implant (Amber-UI) qui est inséré pour améliorer le fonctionnement de la vessie chez les femmes souffrant d'incontinence urinaire par impériosité et d'incontinence urinaire mixte. À cette fin, une technique spéciale mini-invasive a été mise au point, dans laquelle l'implant est inséré par le biais de trois petites incisions. "La plupart des traitements d'implantation actuellement disponibles pour l'incontinence urinaire sont statiques, comme par exemple les bandelettes vaginales ou les frondes", explique le Pr Stefan De Wachter (urologue à l'UZA, Anvers), étroitement associé à cette étude en tant qu'investigateur principal d'AURA-2. Une bandelette vaginale ou une fronde est placée chirurgicalement autour de l'urètre pour réduire les symptômes de l'incontinence d'effort. "Les techniques de neuromodulation existantes, telles que la stimulation de la racine sacrée ou du nerf tibial, ne peuvent affecter la fonction vésicale que de manière indirecte", ajoute le Pr De Wachter. "Mais avec l'Amber-UI, nous sommes en mesure de stimuler les principaux réflexes physiologiques de continence urinaire, en cas de besoin. L'implant stimule le nerf pudendal. Cependant, comme l'implant peut ajuster sa stimulation en détectant et en interprétant les signaux émis par le patient, il devient possible de restaurer la fonction vésicale dans différentes circonstances. Grâce à cette forme de neurostimulation 'intelligente', nous avons enfin la possibilité de contrôler les deux formes de fuites urinaires. Cette biotechnologie en boucle fermée permet à la vessie de se détendre en cas d'incontinence par impériosité gênante et au sphincter de se fermer pour éviter les fuites d'urine liées à l'effort." La collaboration internationale a permis de soumettre, dans un premier temps, un protocole pour l'étude AURA-1. Il a ensuite été remplacé, ouvrant la voie, après ajustement des critères d'inclusion et d'exclusion, à l'étude AURA-2, actuellement en cours. L'objectif principal de cette étude exploratoire interventionnelle ouverte est de tester la faisabilité et la sécurité de l'implantation du nouveau dispositif. En outre, cette étude utilisera des questionnaires validés pour recueillir des données sur les changements dans la perte involontaire d'urine chez les 15 patientes à inclure, avec une période de suivi de six mois après l'implantation. Les principaux critères d'exclusion de cette étude sont le diabète de type 1 ou 2 avec une maladie des nerfs périphériques, ou d'autres maladies neurologiques qui ont une influence sur la fonction vésicale telles que la maladie de Parkinson ou la sclérose en plaques. Les critères d'exclusion urologiques spécifiques sont l'incontinence d'effort pure (ou prédominante). Un IMC > 35 constitue également un critère d'exclusion pour l'intervention chirurgicale. Entre-temps, l'implant a déjà été placé chez cinq premières patientes de l'étude AURA-2. Le Pr De Wachter est optimiste: "Les premiers résultats concernant tant la faisabilité de la petite intervention chirurgicale que les résultats thérapeutiques sont positifs et prometteurs. D'autres patientes seront incluses dans les mois à venir, puis il faudra attendre les résultats de l'étude". Les chercheurs espèrent que ce nouveau traitement à l'aide d'Amber-UI, qui recourt à une thérapie bioélectrique, pourra avoir un impact majeur, dans le futur, sur la vie des nombreuses patientes qui souffrent de fuites urinaires.