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Désormais, le parcours proposé aux étudiants est plus en adéquation avec la réalité. Une attention particulière est ainsi accordée aux " Soins pharmaceutiques " (SP) tels que définis par la loi du 1er mai 2006, soit " la délivrance responsable de médicaments prescrits ou délivrables sans prescription en vue d'atteindre des objectifs généraux de santé tels que la prévention, l'identification et la résolution de problèmes liés à l'usage des médicaments, en concertation avec les autres professionnels de la santé et le patient ".Cette loi est complétée par un Arrêté Royal (AR 21/01/2009) définissant les principes et lignes directrices des bonnes pratiques pharmaceutiques et, depuis le 1er janvier 2010, tout pharmacien est tenu de fournir ce type de soins." Qui dit évolution du métier, dit évolution des connaissances et compétences requises et donc besoin d'adapter nos acquis d'apprentissage et notamment ceux en lien avec les soins pharmaceutiques, précise la Pr Anne Spinewine (faculté de Pharmacie et des Sciences biomédicales de l'UCLouvain) lors d'un séminaire de réflexion sur la pédagogie organisé par la faculté à Woluwé. Ceci passe par exemple par une augmentation importante de l'enseignement en pharmacothérapie et matières associées, un renforcement des séminaires d'intégration et de l'encadrement des stages officinaux ".À côté des pharmaciens travaillant en milieu académique, des pharmaciens d'officine sont ainsi venus enrichir l'équipe enseignante.En master 1, les étudiants ont leurs premières activités liées aux SP. " C'est aussi la première occasion d'être confronté à la prescription médicale, fait observer la Pr Françoise Van Bambeke. Dans le cours et séminaire de pharmacothérapie, on essaie d'envisager une relation triangulaire entre le patient, le médecin et le pharmacien. Le but est de revoir les principes généraux de la pharmacothérapie des principales pathologies, afin de favoriser ces interactions "." Dans la partie cours, on essaye de faire comprendre la prescription médicamenteuse, non pas pour que le pharmacien joue le rôle du médecin, mais il paraît important qu'il puisse comprendre les choix thérapeutiques faits sur base des spécificités du patient, donner des conseils pour le bon usage des médicaments et vérifier la sécurité du traitement "." Dans les séminaires, ajoute-t-elle, on analyse des cas cliniques et on met les étudiants en situation (jeux de rôle), grâce à des plans de soins pharmaceutiques qui leur permettent d'analyser la prescription, de faire une intervention appropriée et de donner des conseils au patient. On leur apprend aussi à utiliser les sources d'information pertinentes (CBIP, Prescrire...) et on les prépare à interagir avec les patients et les médecins ".En master 2, il y a un cours de pharmacothérapie intégrée. " On prend du recul par rapport à l'ensemble de la médication du patient, c'est le bilan de médication, indique Muriel Rocour, une pharmacienne qui partage son temps entre son travail en officine et l'enseignement des SP en master et dans le cadre du Certificat (voir ci-contre). Il s'agit d'une évaluation structurée du traitement médicamenteux du patient, dans l'objectif d'optimiser les bénéfices du traitement et d'en minimiser les risques. On cible les plus de 65 ans qui prennent minimum 5 médicaments chroniques et avec certains facteurs de risques parce que faire un bilan de médication prend du temps ".Le dispositif pédagogique est varié : cours, elearning, séminaires avec des vrais-faux patients (personnes âgées), évaluation par les pairs via le moodle, feed-back par des pharmaciens coachs, et enfin, rédaction d'un rapport.L'évaluation donnée par les étudiants, les maîtres de stage et les coachs est plutôt positive : " Ils trouvent que c'est une super révision des connaissances générales parce que réaliser un bilan de médication fait appel à toutes les compétences ", explique-t-elle.En dernière année, outre le stage en officine, les étudiants suivent un cours axé sur la démarche en SP qui combine des cours et des séminaires de SP, d'expérience de concertation médicopharmaceutique (avec des étudiants médecins), une journée 'assuétude' ou une journée de stage dans un cabinet de MG, une journée 'plaintes' (acné, cystite...)." Nos défis pour l'avenir consistent à développer l'éducation thérapeutique et l'entretien motivationnel, l'interprofessionnalité (interaction avec les étudiants en MG et d'autres professionnels) et à réfléchir sur la formation des maîtres de stage. Enfin, on participe à la concertation avec d'autres universités sur la reconnaissance de la profession et éventuellement d'un titre de pharmacien en officine ", conclut la Pr Anne Spinewine.