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Difficile de concevoir une fête (et à plus forte raison les fêtes de fin d'année) sans quelques bonnes bouteilles ! Pourtant, la consommation accrue de boissons alcoolisées, fût-elle limitée dans le temps, n'est pas sans conséquences. "Si ses effets à long terme sont suffisamment connus, on oublie souvent que l'alcool est déjà toxique dès le premier verre et peut donc avoir des conséquences non négligeables. Son action diurétique, par exemple, provoque rapidement une déshydratation... qui donnera envie de se resservir, alors même qu'une dose d'alcool supplémentaire ne va pas du tout réhydrater l'organisme. Elle risque même plutôt d'avoir l'effet inverse, même si cela ne se remarque souvent qu'à la gueule de bois du lendemain", explique Sanne Mouha. "En plus, l'alcool favorise aussi la prise calorique - à cause des sucres qu'il contient, évidemment, mais aussi parce que son action sur le cerveau encourage l'absorption d'aliments gras en réduisant la sensation de satiété et en stimulant l'envie de lipides. Cet effet pourrait découler d'un reflexe d'autoprotection de l'organisme, qui s'efforce ainsi de protéger l'estomac contre les effets indirects de la boisson. La graisse ralentit en effet le transit, de telle sorte que l'alcool aboutit plus lentement dans le sang."L'alcool étant perçu par notre corps comme une substance toxique, son absorption et sa dégradation sont traitées en priorité au détriment des autres nutriments. La première étape de cette destruction fait intervenir une enzyme, l'alcool déshydrogénase (ADH), qui se charge d'oxyder l'alcool en acétaldéhyde. Des recherches réalisées au centre universitaire de Maastricht ont révélé que cette dernière peut avoir un effet néfaste sur la barrière intestinale : d'après une étude chez des cobayes humains, elle augmenterait en effet la perméabilité du petit et du gros intestin et pourrait ainsi accroître le risque d'infections bactériennes.Inutile de rappeler que l'alcool lève aussi les inhibitions sociales et facilite les contacts... mais qu'il réduit aussi la maîtrise de soi et donc la propension à modérer sa consommation. Cet effet découle de son action sur le cortex frontal, la zone du cerveau qui gère le contrôle de soi, le fonctionnement social et les facultés de raisonnement. "Un petit verre (ou même plusieurs) à l'occasion des fêtes n'est évidemment pas encore problématique, mais il faut se souvenir que l'alcool possède un potentiel addictif. C'est pour cette raison que certains ont du mal à s'arrêter et continuent volontiers à boire le lendemain sous prétexte de vider la bouteille. Cette propension à boire entre deux fêtes est toutefois un piège, parce que le corps va rapidement s'habituer à l'alcool au point d'en faire une habitude. Astreignez-vous donc à le bannir complètement en-dehors des festivités proprement dites... et évitez évidemment aussi les beuveries au moment même en alternant boissons alcoolisées et eau."Repenser l'apéritifCommencer par le traditionnel verre de bulles pour s'aiguiser l'appétit n'est pas forcément une bonne idée. "Consommé à jeun ou presque, l'alcool agit directement sur la paroi gastrique et accroît donc la production d'acide, ce qui peut provoquer des maux d'estomac. Mieux vaut donc grignoter quelques zakouskis avant de lever son verre, d'autant que cela ralentira également l'assimilation de l'alcool par l'organisme. Quant au "digestif" à la fin du repas, il tend certes à contracter les muscles gastriques, mais n'est pas vraiment nécessaire pour bien digérer. Pire : sa forte concentration d'alcool peut au contraire surcharger l'estomac, qui s'en plaindra encore le lendemain." L'alcool tend aussi à assommer et à fatiguer l'organisme pendant une période prolongée. Son impact sur le cerveau peut aussi perturber la coordination motrice et nous pousser à rester assis plutôt que de nous dépenser.Jusqu'à saturationAu cours des fêtes, il n'est pas rare que les excès alimentaires poussent l'estomac dans ses derniers retranchements. "Manger rapidement favorise ce phénomène, tandis que les amateurs de long repas entrecoupés de discussions sont un peu moins exposés. Ceci s'explique par le fait que l'estomac ne signale au cerveau qu'il est saturé qu'avec un certain retard, de l'ordre de dix minutes environ. Si vous avez l'impression d'avoir le ventre plein, il est donc probable que vous ayez déjà atteint voire dépassé ses limites ! Heureusement, il est capable de s'adapter temporairement à un apport de nourriture plus important, en produisant notamment un surcroît d'acide pour en assurer le traitement ; les aliments riches en lipides (surtout lorsque ceux-ci sont très concentrés) sont toutefois plus lents à digérer. Un estomac qui a été fortement dilaté aura besoin de récupérer le jour suivant, ce qui explique pourquoi on se lève si souvent avec une impression de faim douloureuse au lendemain d'un gros repas : après avoir été mis à si rude épreuve, l'organe ne sait plus très bien où il en est et réclame de la nourriture pour retrouver ses marques. L'impression de "poids sur l'estomac" peut persister pendant plusieurs jours. Pour briser le cercle vicieux des excès alimentaire, il est important de très bien écouter son corps entre les fêtes, de manger le plus sainement possible et de savoir s'arrêter à temps. En respectant ces quelques règles, votre estomac aura tôt fait de reprendre des proportions plus normales.Pour éviter de manger trois fois plus pendant les fêtes, vous pouvez également appliquer quelques astuces, comme de commencer toujours par une portion modeste avant de vous resservir si nécessaire (ce que votre hôte prendra généralement comme un compliment !). Pour couper la faim, offrez-vous aussi une généreuse portion de légumes : plus faciles à digérer, ils demandent aussi plus d'efforts de mastication et sont plus riches en nutriments. Mieux vaut par contre limiter les sauces (en particulier à la crème), qui se digèrent lentement et sont souvent lourdes pour l'estomac. Évitez par ailleurs de passer à table le ventre vide : un simple bol de soupe avant le repas vous aidera à moins vous gaver."Detox et médicamentsSe serrer la ceinture en prévision des excès des fêtes n'est pas une bonne stratégie. "C'est aussi stressant pour l'organisme que de trop manger, cela dérègle le métabolisme et vous risquez de provoquer un effet yoyo tout à fait contreproductif. Idem pour le fameux détox après les fêtes : passer d'un extrême à l'autre en vous infligeant soudain un régime à base de jus ou de smoothies entretient le stress pour votre corps. Les produits qui lient les lipides ou provoquent une sensation de satiété ne sont pas à recommander non plus pour prévenir les effets de repas trop riches, car leurs avantages sont très limités alors qu'ils provoquent une foule d'effets secondaires déplaisants. Dites-vous plutôt que ce ne sont pas quelques jours d'agapes qui vont influencer votre poids, pour autant que vous repreniez rapidement une alimentation saine : la majorité des kilos se prennent entre Nouvel An et Noël plutôt qu'entre Noël et Nouvel An !"