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Il y a un mois, nous faisions état du rapport annuel du PGEU sur les pénuries de médicaments, qui indiquait qu'en 2023, la situation s'était aggravée par rapport aux années précédentes, un nombre croissant de pays faisant état d'un plus grand nombre de médicaments en rupture de stock. La dernière enquête réalisée par l'Association européenne des pharmaciens d'hôpitaux (EAHP) confirme cette aggravation. Depuis 2013, elle s'intéresse à la question des pénuries de médicaments. Cinq enquêtes ont déjà été menées (en 2013, 2014, 2018, 2019 et 2020), la dernière a également porté sur la préparation des pharmaciens à une pandémie.Entre mars et mai 2023, l'EAHP a recueilli des données sur les causes et les stratégies d'atténuation des pénuries de médicaments et de dispositifs médicaux dans le milieu hospitalier, et sur leur impact sur les soins aux patients. L'enquête s'adressait aux pharmaciens d'hôpitaux, aux médecins, aux infirmières et aux autres professionnels de santé. Une série de questions distinctes s'adressait aux patients. L'enquête s'est déroulée du 27 février au 19 mai 2023, dans 36 pays membres de l'EAHP.Résultats ?Parmi les 1497 pharmaciens qui y ont répondu 95% considèrent que les pénuries de médicaments constituent un problème permanent. Un avis partagé par 86% des autres professionnels de santé, 84% des médecins et 68% des infirmiers. Comme dans les enquêtes précédentes, les principales causes restent les pénuries de principes actifs, les problèmes de fabrication et de chaînes d'approvisionnement ainsi que les défis liés à la législation. Les dispositifs médicaux sont également affectés par des pénuries en raison de problèmes de chaîne d'approvisionnement, de prix et d'achat, qui pourraient être exacerbés par l'introduction de la nouvelle législation de l'UE sur les dispositifs médicaux.Tous les médicaments sont affectés par des pénuries, les antimicrobiens et les médicaments oncologiques occupant la tête de cette longue liste. Ils sont suivis par les analgésiques, les anesthésiques, les médicaments cardiovasculaires et pédiatriques. Pour la majorité de ces professionnels, les retards dans les soins sont la principale conséquence de ces pénuries.Pistes d'actionCette enquête a montré que les systèmes de notification des pénuries et les bases de données ne semblent pas remplir leur rôle en raison de la qualité des données disponibles sur les pénuries et du manque d'engagement des multiples parties prenantes. Davantage de pharmaciens d'hôpital procèdent à des évaluations des risques afin d'atténuer les pénuries, mais seul un petit nombre d'entre eux ont mis en place des plans d'urgence en cas de pénurie à l'hôpital. Bien que le paysage politique autour des pénuries dans l'UE ait récemment changé de manière significative, des résultats plus tangibles découlant des efforts des pharmaciens d'hôpitaux pour surmonter les pénuries de manière harmonieuse et efficace au profit de leurs patients ne s'observent pas encore.Les pénuries de dispositifs médicaux sont aussi fréquentes que celles relatives aux médicaments et elles affectent les services de santé et les soins aux patients, d'autant qu'elles concernent souvent des médicaments critiques. Par rapport aux années précédentes, la proportion de patients ayant subi des retards de soins, des annulations de soins et des traitements sous-optimaux a augmenté."Une plus grande transparence et un meilleur accès aux informations concernant les pénuries actuelles et émergentes, ainsi qu'une meilleure préparation des professionnels de la santé, sont essentiels pour une gestion efficace de ces pénuries. Les commentaires des professionnels de la santé sur les stratégies d'atténuation des pénuries existantes et leur impact sur les soins aux patients peuvent s'avérer utiles pour modifier les pratiques quotidiennes et détecter les lacunes dans la préparation des professionnels de la santé à répondre aux pénuries futures", concluent les auteurs de cette analyse dont les résultats ont été publiés dans l'European Journal of Hospital Pharmacy.