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Désinfectants, détergents, lessives, sprays en tout genre... La plupart de ces produits contiennent des substances dont on ne connaît souvent pas la dangerosité et dont l'étiquette est souvent illisible, incomplète et incompréhensible. Le 4e Plan national Santé environnement 2021-2025 (PNSE 4), lancé en mai dernier en France, prévoit l'élaboration d'un nouveau système d'étiquetage appelé Toxi-Score qui, comme le Nutri-Score, permet d'évaluer un produit en un coup d'oeil et de choisir le moins néfaste. Comme fumer 20 cigarettes/jour"Sur le plan sanitaire, outre des troubles immédiats (vertiges, nausées, irritations cutanées...), les produits ménagers pourraient exposer, à long terme, à d'autres risques plus sérieux: cancers, difficultés respiratoires, troubles de la reproduction...", indique l'Inserm. Nombre d'entre eux émettent du formaldéhyde (classé cancérogène) par exemple. Une étude publiée en 2018 portant sur 6.235 utilisateurs suivis pendant plus de 20 ans, a montré que "faire régulièrement le ménage serait aussi nocif pour les poumons que de fumer une vingtaine de cigarettes par jour pendant 10 à 20 ans, cela se traduit par une diminution de la capacité respiratoire, plus rapide d'année en année".En 2020, l'UFC-Que Choisir (association de consommateurs) a estimé que, "sur plus de 244 produits ménagers, 40% sont 'déconseillés ou à éviter' en raison de composés potentiellement toxiques pour la reproduction".L'objectif du Toxi-Score est d'évaluer la toxicité des produits nettoyants et désinfectants en tenant compte de la présence ou non de composés comme l'ammoniaque, les composés organiques volatils (formaldéhyde, terpènes), le dichlore, les phtalates..., et d'indiquer le niveau de risque du produit via un code couleur et des lettres, compréhensibles par tous, par exemple, A, B, C, D, ou E, allant du vert ou rouge, où les plus sains seraient estampillés d'un A vert et les plus à risque d'un E rouge. A l'instar du Nutri-Score, le Toxi-Score ne sera pas obligatoire dans un premier temps.Chantier colossalDans son magazine n°50, l'Inserm relève que de nombreux obstacles devront être relevés. Robert Barouki, directeur de l'unité Inserm Pharmacologie, toxicologie et signalisation cellulaire, note ainsi que le Toxi-Score sera plus difficile à mettre au point que le Nutri-Score. Au rang de ces freins, le nombre d'ingrédients potentiellement toxiques qui peuvent entrer dans la composition de ces produits, la détermination des seuils de toxicité et de vulnérabilité des différents groupes de population (femme enceinte, enfants...), la toxicité des sous-produits (polluants rejetés lors de la production, de l'utilisation...), les risques liés à l'effet cocktail... Et surtout le manque de données concertant de nombreuses substances, peu ou pas encore étudiées telles que les composés perfluorés. On estime par exemple qu'en Europe, "sur les 100.000 substances chimiques autorisées, seules 3000, soit 3%, sont suffisamment évaluées". Les chercheurs espèrent que l'intelligence artificielle permettra d'analyser les informations dispersées dans la littérature et les bases de données scientifiques sur une substance donnée.Vaste chantier s'il en est. La ministre française de l'écologie, Barbara Pompili, espère cependant voir apparaître le Toxi-Score sur les produits ménagers dès 2022...