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Depuis 2014, l'Organisation mondiale de la santé préconise une mise à disposition large de naloxone aux usagers de drogues et à leur entourage afin de permettre une prise en charge rapide d'une surdose aux opiacés. Or, la Belgique ne dispose toujours pas d'un programme mettant à disposition des consommateurs d'opoïdes (illicites ou soumis à prescription) de la naloxone sous une forme facilement administrable. Rappelons que la naloxone n'agit que si des opioïdes sont présents dans l'organisme, elle n'a pas d'effet agoniste. Employée seule, elle est dépourvue d'effets pharmacologiques propres.Le 30 avril dernier, l'Académie royale de Médecine de Belgique et la Koninklijke Academie voor Geneeskunde van België ont rendu un avis sur l'usage de la naloxone, après sollicitation par le ministre de la Santé Publique, Frank Vandenbroucke. Elles recommandent en priorité de rendre disponible la forme topique de naloxone (en spray nasal), aisément administrable en situation d'urgence, y compris par des non médecins. Les centres spécialisés dans la prise en charge de toxicomanes devront en être pourvus par prescription médicale des médecins responsables."L'objectif de la mise à disposition de naloxone en Belgique dépasse bien largement le cadre de la réduction des risques pour usagers d'opioïdes. En effet, les overdoses aux opioïdes peuvent aussi toucher les malades souffrant de douleurs chroniques, les enfants de parents toxicomanes, le personnel soignant, les ambulanciers, les policiers, les pompiers... Certains dérivés synthétiques de fentanyl peuvent se révéler mortels par simple contact cutané", indiquent les Académies dans leur avis conjoint. Selon elles, il est important que la Belgique dispose de recommandations simples et univoques en matière de gestion des overdose aux opioïdes. L'avis du Conseil Supérieur de la santé a été sollicité en ce sens.Actuellement, seule une forme injectable et en grand conditionnement est autorisée et commercialisée sur la marché belge. De la naloxone sous forme de spray nasal a reçu une autorisation de mise sur le marché européen mais n'est pas encore commercialisée en Belgique. Les Académies estiment qu'il est essentiel de rendre disponible une forme en spray nasal dans notre pays, compte tenu de sa facilité d'administration, y compris par des non médecins.Dans leur avis, elles répondent aux questions relatives aux modalités de prescription, d'administration et de délivrance de la naloxone dans le contexte d'un programme "take home naloxone" qui vise à mettre à disposition des consommateurs d'opioïdes (soumis à prescription et illicites) de la naloxone qui serait administrée par autrui lorsque l'on suppose que la personne est en surdosage.Prescrite par le médecin et délivrée en pharmacie, "la naloxone sous la forme de spray nasal devrait être disponible dans les lieux d'accueil pour usagers de drogues, délivrée par l'hôpital après une prise en charge aux urgences ou en service d'addictologie, délivrée par l'unité sanitaire en milieu carcéral, sous le couvert d'une formation adéquate et certifiante. Faisant partie de la trousse d'urgence modèle, la naloxone doit être disponible dans toutes les situations classiques d'urgence (SAMU). Certaines pharmacies, en fonction de leur localisation urbaine, ou à proximité de centres de traitement des addictions, pourraient être privilégiées pour des approvisionnements plus importants en naloxone", précise l'avis.Dans la foulée, le 26 avril dernier, une proposition de résolution relative à la mise à disposition de la naloxone en vue de réduire le nombre de décès liés aux surdoses et la mise à disposition d'eau pour préparation injectable afin de diminuer les risques sanitaires liés aux injections a été déposée au Sénat par Julien Uyttendaele (PS) et cosignée par Fatima Ahallouch (PS), Kurt De Loor (Vooruit), Bert Anciaux (Vooruit), Zoé Genot (Ecolo), Gaëtan Van Goidsenhoven (MR) et Tom Ongena (Open VLD).