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Début octobre, dans le cadre du trajet budgétaire 2022-2024 de l'Inami, nous vous présentions les objectifs soins de santé qui avaient été soumis par l'APB et l'OPHACO, en collaboration avec les mutuelles. Le Conseil général de l'Inami a voté la proposition de budget des soins de santé lundi 18 octobre dernier. Comme prévu, les deux projets qui avaient le plus de chance de passer ont été approuvés: le BUM centré sur la revue de médication en pharmacie et le remboursement d'un plan de sevrage en préparation magistrale pour les patients qui surconsomment des benzodiazépines ou Z-drugs et qui souhaiteraient arrêter. "Ces deux projets sont clairement mentionnés dans la note de l'Inami, précise Alain Chaspierre (APB). Le projet benzodiazépines a été considéré comme autofinançable puisque grâce à ça, on va éviter que des patients fassent des chutes etc. Les 3 millions d'euros investis seront très vite récupérés. Un groupe de travail est déjà mis en place au niveau de l'Inami, il pourrait donc démarrer assez vite". "Je suis convaincu que le BUM révision de médication va avoir un impact très positif également. Chaque année, il y a 42.000 hospitalisations en Belgique pour des problèmes liés aux médicaments, dont la moitié sont évitables. Elles entraînent 200 millions d'euros de dépenses publiques, or on pourrait théoriquement en éviter la moitié. 3,5 millions d'euros seront consacrés à ce projet: 2,9 millions pour les entretiens de revue de médication en ambulatoire et le reste en maison de repos pour soutenir des entretiens entre le pharmacien, le médecin et l'infirmier sur les cas de patients. J'espère que ce BUM pourra démarrer dans le courant de 2022, il faut établir le protocole avec les mutualités". "Ces deux projets font partie des cinq pistes de collaboration portées par l'asbl Concertation médicopharmaceutique. La revue de médication est portée par les médecins qui aimeraient que le pharmacien analyse de temps à autre le schéma de médication du patient et qu'il poste ce rapport au niveau de l'esanté pour que le médecin puisse en être informé, quitte à en tenir compte ou pas". Le cas diabèteComme redouté, la proposition de dépistage du diabète en pharmacie n'a pas été retenue. Pour Alain Chaspierre, il faut néanmoins continuer à creuser cette piste: "Il y a un investissement de 5 millions d'euros pour les prétrajets sur les patients à risque de diabète. Nous avons 4 projets pilotes: Taking Care en Limbourg qui est arrêté, Chronilux qui est étendu à toute la province du Luxembourg, PACT dans le Hainaut (la 2e campagne a lieu du 25 octobre au 20 décembre, ndlr) et Care-Test à Bruxelles". "Ce dernier projet a été encadré par trois universités et il démontre la pertinence de ce type d'approche: on voit qu'une personne sur 5 qui est dans les critères d'inclusion (pas de médecin attitré, pas de diagnostic antériur de pathologie chronique) est renvoyée chez un MG avec suspicion de diabète. Vous imaginez l'impact que cela peut avoir? On est en train de calculer le coût pharmacoéconomique de cette pratique, y compris la qualité de vie des patients. Au niveau de la première ligne, cela permet d'avoir une bonne relation entre pharmaciens et médecins et d'orienter les patients de manière beaucoup plus précoce vers un diagnostic médical. On sait qu'il y a 1/3 diabétique qui s'ignore et le même nombre en prédiabète. Ces gens-là sont aussi dépistés par l'action des pharmaciens. Nous espérons encore convaincre pour y arriver". Le Secrétaire général de l'APB y met d'autant plus d'espoir qu'il constate que les médecins qui participent à ces projets de dépistage du diabète en pharmacie sont enchantés de cette expérience: "Certains syndicats médicaux y sont opposés mais quand on est sur le terrain, les médecins qui y participent ne critiquent pas ces projets, ils comprennent leur pertinence. De plus, les projets Chronilux et PACT sont financés par l'Inami dans le cadre du Chronic Care, à un moment donné, il faudra donc bien tirer les conclusions de ces projets pilotes menés depuis plusieurs années..." "Le fait d'obtenir des choses positives pour le pharmacien (prescription vaccin antigrippe, testing élargi...) sont logiques parce que les pharmaciens montrent depuis le début de la crise que quand on leur fait confiance, ils font les choses correctement et qu'ils sont disponibles. Ce n'est qu'un moment, on a réussi quelque chose avec le Covid, mais ce n'est pas nécessairement pérenne, il est donc très important d'ancrer le rôle du pharmacien au niveau de la santé publique avec des projets concrets qui vont durer en dehors de la crise", conclut Alain Chaspierre.