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Tandis que je suis déjà, en pensées, en train de boucler mes valises, la décision d'ouvrir aux grandes surfaces la vente de produits jusqu'ici exclusivement disponibles à l'officine affole les médias sociaux, et on tire à boulets rouges tant sur la ministre que sur les représentants des pharmaciens. À juste titre ? Un peu. Mais, à dire vrai, un tout petit peu seulement, car ce n'est pas tant sur Maggie De Block qu'il faudrait pointer les baïonnettes que sur l'Europe... puisque la décision de prendre certaines mesures dans notre pays est indissolublement liée aux directives édictées par l'Union.Vous avez peut-être aussi entre-temps eu vent des projets de la députée sp.a Karin Jiroflée qui, là aussi, tablent sur l'importance de l'Europe : si nous voulons comprimer nos frais de santé, il faudrait en effet d'après elle nous servir de la force de l'UE pour obtenir de meilleurs prix pour les médicaments.Je viens ici d'évoquer deux dossiers qui peuvent sembler sans rapport mais qui ont pourtant tout à voir... et leur commun dénominateur, c'est justement l'Union. Il n'est évidemment pas simple, pour un pays grand comme un mouchoir de poche, d'aller se profiler entre des mastodontes comme la France ou l'Allemagne, mais soyons honnêtes : qui parmi nous connaît ne fût-ce que le nom des politiciens qui défendent à l'échelon européen les intérêts des travailleurs de la santé belges (et je ne parle pas ici uniquement des pharmaciens, mais de tous les professionnels du secteur) ? Notre pays dispose de 21 députés européens, dont deux seulement siègent au sein de la commission de l'environnement, de la santé publique et de la sécurité alimentaire (et le simple fait que la santé publique ne mérite même pas une commission distincte en dit probablement long). Il s'agit de deux néerlandophones. Les connaissez-vous ? Probablement pas, car aucun des deux ne s'est réellement spécialisé dans cette matière et encore moins profilé dans ce domaine : même des recherches approfondies sur Google et dans les journaux des quinze dernières années ne livrent pas grand-chose à leur sujet.Comment voulez-vous que la situation bien spécifique des pharmaciens belges soit prise en compte à l'échelon européen si 1) nous n'y sommes pas correctement représentés et 2) nos représentants n'ont sans doute pas même été briefés à ce sujet ? Pour comprendre la structure de notre système de santé, les points d'attention qui méritent d'être pris en considération et les sensibilités qui entrent en jeu, il faut tout de même un minimum de bagage !Maigre consolation : la Belgique n'est pas la seule à être logée à cette triste enseigne. On se souvient des efforts de Maggie De Block et de son homologue des Pays-Bas pour mettre sur les rails le projet BeNeLuxA, un accord de collaboration entre quatre (et bientôt cinq) pays pour obtenir de meilleurs prix auprès des producteurs de médicaments orphelins. Et cela fonctionne... mais un an à peine après le lancement de BeNeLuxA, une initiative similaire était lancée séparément par huit autres pays d'Europe.L'Union pourrait pourtant être une arme formidable...