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Environ 10% de la population générale serait allergique à la pénicilline, mais plus de 90% de ces patients sont capables de tolérer les pénicillines après une évaluation formelle. Les patients étiquetés comme allergiques à la pénicilline ont de moins bons résultats de santé et les signalements incorrects ont un impact négatif sur les systèmes de santé. L'identification des patients classés erronément comme étant allergiques à la pénicilline pourrait donc être bénéfique pour eux et pour les systèmes de santé. On estimeen effet que 95% des personnes qui se croient allergiques à cet antibiotique ne le sont pas. Des chercheurs britanniques ont étudié les obstacles et les facteurs favorables à l'identification et au retrait d'un signalement incorrect d'allergie à la pénicilline chez les patients hospitalisés. Leur travail a paru dans l'European Journal of Hospital Pharmacy (2021;28(2)). Neil Powell et ses collègues ont constitué 2 groupes de discussion rassemblant un total de 17 médecins, infirmiers et pharmaciens dans un hôpital général de 750 lits en Angleterre. L'analyse thématique a permis de dégager quatre thèmes principaux: la gestion des patients allergiques à la pénicilline, les obstacles environnementaux, l'éducation des patients et du personnel et un futur processus de 'délabellisation'.Les participants ont indiqué que l'identification et la suppression des dossiers erronés d'allergie à la pénicilline était une tâche complexe et qu'elle n'était pas une priorité lorsqu'ils doivent faire face à une situation aiguë comme une septicémie. En revanche, ils se sentent en confiance pour corriger les dossiers d'allergie erronés si le patient est capable de décrire la réaction qu'ils ont eue. Néanmoins, trouver un équilibre entre le temps nécessaire à la confirmation et à l'étiquetage et les autres tâches à accomplir est un défi. Ils proposent donc de reprendre cette discussion avec le patient lorsque le temps est moins compté. L'absence de possibilité permettant de traduire l'incertitude concernant le statut allergique dans le dossier médical électronique a été mentionnée comme un obstacle à la documentation précise des antécédents allergiques. S'assurer que tous les dossiers des patients sont modifiés pour refléter le nouveau statut allergique a été identifié comme un défi. Pour ces participants, un processus de 'délabellisation' devrait impliquer les infirmières, les médecins et les pharmaciens."La suppression de l'étiquetage erroné des patients présentant une allergie à la pénicilline est un problème complexe. Un parcours du patient impliquant les infirmières, les médecins et les pharmaciens est probablement la méthode optimale pour retirer ce signalement en toute sécurité", concluent les auteurs.