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EPI-PHARE, une émanation de l'Agence française des médicaments (ANSM) et de la Caisse nationale d'assurance maladie, vient de publier une étude sur la dispensation des médicaments remboursés sur ordonnance en pharmacie d'officine depuis le début de l'épidémie en France, à partir des données du Système national des données de santé (SNDS). Ce rapport couvre la période de confinement (16 mars au 10 mai) et de post-confinement jusqu'au 13 septembre, soit 6 mois de suivi. Le début du confinement (16 au 29 mars) a correspondu à un stockage de médicaments pour les pathologies chroniques cardiovasculaires et le diabète (+ 20 à 40%). Ensuite, une sous consommation a été observée avant un retour vers une consommation plus normalisée dans la plupart des classes thérapeutiques à la fin du confinement. A deux exceptions près: les statines (-300.000 traitements délivrés) et les anti-coagulants (-230.000), ce qui peut s'expliquer par le report de nombreuses interventions chirurgicales. L'instauration des traitements cardiovasculaires et antidiabétiques pour de nouveaux malades a fortement diminué durant le confinement (-15% pour l'insuline, -43% pour les anticoagulants). A l'inverse, la consommation d'autres médicaments a augmenté en fin de confinement et après: les anxiolytiques (+1,1 million de traitements délivrés en 6 mois par rapport à l'attendu) et les hypnotiques (+480.000 traitements). Les antidépresseurs et les médicaments de la dépendance à l'alcool sont restés stables, les médicaments de la dépendance aux opiacés ont augmenté après le confinement, les substituts nicotiniques ont baissé. L'instauration de nouveaux traitements anxiolytiques et hypnotiques a augmenté par rapport à l'année dernière (+5% et 3%).Certaines classes thérapeutiques ont connu un effondrement marqué: AINS (-7,2 millions de traitements), IPP (-2,8 millions), corticothérapie orale (-3,6 millions), paracétamol (-1,4 million), antibiotiques (-4,1 millions). "Dans l'ensemble, conclut le rapport, il n'y a pas eu de manque notable de médicaments pour les pathologies chroniques. Pour les nouveaux malades, on a constaté un déficit de mise en route de traitements. Les baisses marquantes constatées pour les antibiotiques, AINS, IPP et corticoïdes oraux témoignent en partie de la bonne compréhension des messages des autorités sanitaires sur les possibles effets délétères de certains produits sur le Covid". "Deux classes thérapeutiques des troubles mentaux, les anxiolytiques et les hypnotiques, ont vu leur consommation et leur instauration accrues de façon persistante pendant et au décours du confinement. Cette augmentation reflète probablement l'impact psychologique important de l'épidémie de Covid-19 et de ses conséquences sociales, professionnelles et économiques". "Le retard observé en termes de traitements nécessitant une administration par un professionnel de santé comme le traitement de la DMLA ou d'explorations fonctionnelles notamment par voie endoscopique ou par imagerie médicale ne pourra pas être comblé en 2020. Il en va de même pour le retard des vaccinations", mettent encore en garde les auteurs de cette étude française.