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On le sait, les erreurs de médication et les événements indésirables causent un préjudice important sur la santé et le bien-être des patients. L'OMS estime que la charge des événements indésirables dus aux médicaments est désormais comparable à celle de maladies très répandues, telles que le paludisme ou la tuberculose. Afin de promouvoir la sécurité des patients et de limiter ce type de préjudices, l'OMS a lancé en 2017 son troisième défi mondial pour la sécurité des patients intitulé "Médicaments sans les méfaits". L'objectif était de réduire de 50% les dommages liés aux médicaments en 5 ans, en se concentrant sur les situations à haut risque (patients ou médicaments à haut risque), les patients polymédiqués et les transitions de soins.Les pharmaciens sont des acteurs essentiels de cette lutte: ils sont en effet à même de conseiller et d'éduquer les patients, de détecter les problèmes potentiels et réels liés à la médication et de suggérer des interventions cliniques afin d'optimiser le traitement et de réduire le risque d'erreurs de médication. En réponse au lancement de "Médicaments sans les méfaits", la FIP a publié en 2020 un document de référence sur le rôle du pharmacien dans la sécurité du patient, une boîte à outil sur la revue de médication (MR) et la revue de l'utilisation des médicaments (MUR). La nouvelle version qui vient d'être publiée envisage les MUR en tant que sous-type de la revue de médication. Si la différence entre les deux services peut sembler subtile et principalement terminologique, il existe une différence conceptuelle importante entre la RM (un service où l'équipe de soins évalue les médicaments actuels d'un patient afin d'optimiser les facteurs cliniques, humains et économiques) et la MUR, où l'accent est mis sur le mot "utilisation" et où les pharmaciens interagissent directement avec les patients pour améliorer leur façon de prendre leurs médicaments, en tenant compte de leurs préférences et en optimisant l'adhésion aux traitements."La revue de l'utilisation des médicaments est un service exclusivement conçu pour améliorer l'adhésion aux médicaments, alors que la revue de médication est plus complet et a des objectifs plus ambitieux. La revue de médication est une évaluation structurée de la médication d'un patient qui débouche sur diverses interventions possibles, y compris celles axées sur l'optimisation de l'utilisation des médicaments, mais aussi d'autres prises en collaboration avec d'autres professionnels de la santé et qui auront un impact sur les résultats cliniques, humains et économiques", explique l'une des auteurs, Filipa Alves da Costa, de la faculté de pharmacie de l'université de Lisbonne (Portugal)."Lorsqu'il entreprend une MUR, le pharmacien tient compte des croyances, des préférences et des préoccupations des patients, et arrive à un accord pour maximiser l'adhésion au traitement. La revue de médication englobe cette approche centrée sur la personne, mais c'est aussi l'occasion pour l'équipe de soins d'évaluer la médication actuelle d'un patient à la lumière de la situation clinique. Cette version révisée de la boîte à outils place le pharmacien au coeur de cette équipe de soins et invite les pharmaciens à proposer ces services afin d'améliorer la sécurité des patients et de minimiser les risques liés à la médication", ajoute-t-elle. "Les ressources, les cadres et les conditions nécessaires, y compris les modèles de rémunération appropriés par les tiers payeurs, devraient également être en place dans les pharmacies communautaires et hospitalières afin de fournir les conditions optimales pour mettre en place des services efficaces de RM et de MUR et contribuer davantage aux connaissances sur leurs avantages cliniques et leur rentabilité", estime la FIP.La boîte à outils donne des exemples de révision de la médication dans le monde entier et fournit des conseils pour la mise en oeuvre de services efficaces de révision de médication.