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Quel impact a eu la révision (2021) de l'arrêté royal de 1974 visant à régulariser le nombre d'officines et leur localisation? Quelles sont les différences entre groupes et indépendants? Toutes ces données sont suivies de près par Sirius Insight, un bureau d'études spécialisé en stratégie géomarketing. L'année dernière, nous avions analysé avec eux leurs chiffres qui indiquaient que, depuis 2008, quelque 200 pharmacies avaient disparu dans notre pays (6% à Bruxelles, 5% en Wallonie et 3% en Flandre). Leurs dernières études montrent que cette érosion continue : "Le nombre total d'officines ouvertes au public poursuit sa lente diminution, avec 4.714 en 2023 contre 4.929 en 2017, soit une baisse de 215 pharmacies (-4,3%). Le nombre de pharmacies reste le plus élevé dans les provinces du Hainaut, de Flandre-Orientale et d'Anvers. On note également la grande proportion de pharmacies indépendantes (80%) face aux groupes (20%)."Suivant à l'effet de l'entrée en vigueur du nouvel arrêté royal, fin 2021, Sirius Insight constate "une accélération nette de la prise de décision pour des transferts et fusions d'officines. En effet, alors qu'il fallait en moyenne 345 jours pour obtenir une décision en 2021, ce délai a diminué de moitié (172 jours) en 2022. Une tendance qui semble se confirmer et même s'accélérer en 2023. (...) Le secteur est encore fortement représenté par des pharmaciens indépendants (80%). Très attachés à leur clientèle, ceux-ci privilégient massivement les transferts à proximité immédiate. Une tendance plus générale qui se constate dans le nombre de demandes, avec 43% qui concernent des demandes de transfert de proximité immédiate. Quant aux groupes, ils ont plutôt tendance à fusionner et à transférer les officines sur de grandes distances. Au total, ce sont plus de 700 demandes qui ont été introduites depuis 2017."Ce sont les provinces les plus riches en officines qui totalisent le plus grand nombre de demandes enregistrées depuis 2017: Hainaut (114 demandes), Liège (99) et Flandre-Orientale (98).Etre stratégiqueEnfin, le bureau d'études attire l'attention des candidats sur les multiples enjeux qui doivent présider à la réflexion concernant un éventuel transfert ou une fusion: "Ce n'est pas parce qu'une localisation répond aux prescriptions légales qu'elle est forcément idéalement située d'un point de vue stratégique ! En effet, comme tout commerçant, le pharmacien doit s'assurer une rentabilité optimale de son officine. C'est cet équilibre entre qualité commerciale et exigences légales que chacun doit viser aujourd'hui, car en dehors des médicaments soumis à prescriptions, la concurrence avec les grandes surfaces, les parapharmacies et les différentes boutiques en ligne devient rude. Une analyse profonde des typologies de ménages aux alentours est donc devenue essentielle pour tirer le meilleur de son nouvel emplacement. En effet, les comportements d'achat et la concentration de différents profils peuvent radicalement changer en fonction de la zone géographique visée."