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Nulle part, la crise n'a autant frappé qu'en Grèce. Depuis des mois, le système des soins de santé grec pique du nez avec des patients désormais incapables de joindre les deux bouts. Pour faciliter l'accès aux soins, Marios Salmas, vice-ministre de la Santé publique, vient de décider de réduire le prix des médicaments de 5 % pour les produits inférieurs à 10 euros, et de 10 % pour ceux supérieurs à ce montant. Cette réduction concerne le prix ex-usine et donc les producteurs de médicaments. Cette mesure permettrait à l'assurance-maladie d'épargner pas moins de 150 millions d'euros par an, contre 50 millions pour le patient et 35 millions d'euros pour les hôpitaux. Acculés de dettes Jusque-là, les nouvelles semblent plutôt réjouissantes. Malheureusement, cette baisse de prix ne parvient toutefois pas à sauver les meubles. Les entreprises pharmaceutiques attendent depuis plus d'un an déjà le paiement de plusieurs millions d'euros par les hôpitaux du pays. Certains d'entre eux ont d'ailleurs décidé de tout bonnement stopper leurs livraisons. Pourtant, ils ne sont pas tout à fait étranger à cette situation catastrophique. Auparavant, les hôpitaux étaient totalement libres de commander des médicaments, sans le moindre contrôle. Les médecins - gratifiés d'une petite prime des labos - en ont donc profité allègrement pour commander tout et n'importe quoi. Un stock de produits inutiles qu'ils peinent à présent à rembourser. Grossistes Le système grec de livraison de médicaments est semblable au nôtre : les grossistes se fournissent directement chez les producteurs avant de revendre les produits aux pharmaciens. Ces derniers les délivrent ensuite aux patients, selon le principe du ticket modérateur. Seulement voilà : les caisses de l'assurance-maladie sont cruellement vides. Les pharmaciens ne peuvent donc plus se permettre d'encore avancer de l'argent sans garantie d'en revoir la couleur. Autrement dit, les patients sont invités à payer le prix plein, ce dont ils sont financièrement incapables. La réduction de prix décidée par le gouvernement fait évidemment l'affaire des grossistes. Les prix des médicaments étant plus chers dans les pays voisins, ils ont tout le loisir de mettre en place un commerce parallèle pour vendre leurs stocks à l'étranger. Les Grecs sont donc à nouveau les dindons de la farce. Mais le gouvernement tente aujourd'hui de mettre un frein au phénomène, en contraignant pour la première fois les grossistes à tenir un inventaire de leurs stocks. Un cas unique en Europe Reste encore à convaincre les firmes pharmaceutiques de renouer avec le marché grec. Pour l'instant, huit sociétés refusent catégoriquement d'approvisionner le pays. Le gouvernement doit donc à présent se prononcer sur d'éventuelles amendes à l'encontre de ces firmes réfractaires.