...

La résistance aux antimicrobiens est l'une des plus grandes menaces de santé publique actuelle. La présidence belge du Conseil de l'Union européenne a décidé de concentrer ses efforts sur la lutte contre l'antibiorésistance dans le cadre d'une approche intersectorielle, en adoptant le principe "Un monde, une santé" et en s'intéressant à la santé humaine, animale et environnementale. Ainsi, du 6 au 8 mai 2024, elle y a consacré une conférence en collaboration avec le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC), Sciensano et le Service public fédéral Santé publique, Sécurité de la chaîne alimentaire et Environnement (SPF HFCSE).Actions clésA la demande de la présidence belge du Conseil de l'UE, l'Observatoire européen des systèmes et des politiques de santé (European Observatory on Health Systems ans Policies) a produit une note d'information. Il y plaide pour un changement de paradigme, fondé sur la responsabilité collective: "Les engagements nationaux et internationaux en faveur d'une approche "One-Health" offrent un certain espoir et rassemblent les secteurs, les disciplines et les communautés, mais malgré des années de discussions politiques et de nombreux accords, les actions ont souvent été lentes et inefficaces".Il met l'accent sur des interventions clés, fondées sur des données probantes, que les pays peuvent mettre en oeuvre. Dans le domaine de la santé humaine, il s'agit, par exemple, des programmes de gestion des antimicrobiens, des systèmes d'aide à la décision clinique pour les prescripteurs, de la lutte contre les antimicrobiens falsifiés et contrefaits, de la prévention et du contrôle des infections, ou encore de la vaccination pour prévenir l'émergence et la propagation des principaux agents pathogènes.En santé animale, les principales interventions efficaces sont la réglementation pour une utilisation prudente des antimicrobiens, l'amélioration de la biosécurité, la vaccination... En santé environnementale, les mesures clés visent l'amélioration des installations de traitement des eaux usées, la limitation de la concentration d'antimicrobiens dans les rejets de l'industrie pharmaceutique et l'amélioration de la gestion des déchets dans la production agricole. L'Observatoire européen des systèmes et des politiques de santé soulignent les obstacles qui freinent les décisions politiques, notamment l'absence de mécanismes de responsabilisation, la pénurie de personnel médical et vétérinaire, la capacité limitée de diagnostic et de surveillance, le retard dans le retour des données de surveillance, la désinformation sur les médias sociaux, la pénurie d'antimicrobiens et de vaccins essentiels et le manque de ressources.Quel rôle peuvent jouer les institutions de l'UE? Elles peuvent agir sur le plan de la législation, de la surveillance ou des conseils techniques. "L'UE apporte une valeur ajoutée particulière en ce qui concerne les lignes directrices fondées sur des données probantes, l'efficacité et la sécurité des antimicrobiens et des vaccins, les marchés publics conjoints, le financement de la recherche et la mise à disposition de plateformes pour coordonner les politiques et partager les bonnes pratiques. L'action dans et par les pays reste essentielle, notamment pour renforcer les plans d'action nationaux de lutte contre la résistance aux antimicrobiens afin d'atteindre les objectifs fixés au niveau de l'UE", indique l'Observatoire qui conseille de maintenir la RAM à l'ordre du jour des politiques nationales et internationales. Pour lui, les pays qui assurent la présidence du Conseil de l'UE, comme la Belgique aujourd'hui, peuvent jouer un rôle essentiel dans cette lutte contre l'antibiorésistance.