En Belgique, l'espérance de vie tourne autour des 79 ans pour les hommes et 84 ans pour les femmes. En vieillissant, de nombreuses affections deviennent chroniques et nécessitent un traitement pharmacologique. Résultat ? Les personnes âgées sont devenues les plus grands consommateurs de médicaments... Et ce phénomène n'est pas près de diminuer.

Conséquence ? Les taux d'hospitalisation due aux effets indésirables des médicaments sont quatre fois supérieurs chez les patients âgés (environ 17%) que chez les sujets plus jeunes (4%). Or, chez les seniors, dans presque 90 % des cas, ces effets indésirables pourraient être évités (20 % chez les plus jeunes). On entend par " cause évitable " des problèmes liés aux médicaments tels que les interactions pharmacologiques, une surveillance inadéquate, une sélection inappropriée des médicaments, un traitement inapproprié, un défaut d'observance, un surdosage, une mauvaise communication, une sous prescription et une pathologie non traitée. (1)

Autant de raisons qui ont conduit le Collège des médecins pour les services de gériatrie à lancer un projet portant sur les facteurs influençant la qualité des prescriptions médicamenteuses dans les services de gériatrie. (2) C'est une équipe de recherche de l'UZ Louvain (Julie Hias et al) qui a conduit cette étude.

Il s'agissait de faire une revue systématique de la littérature pour identifier les facteurs influençant favorablement le comportement de prescripteur dans les services de gériatrie et une enquête nationale sur les stratégies mises en place par ces services pour favoriser ce comportement. 61 questions ont été transmises en décembre 2017 aux chefs des services de gériatrie de 100 hôpitaux belges. Après 3 mois, 57 hôpitaux avaient répondu.

Bon endroit, bon moment

Ce travail confirme la fréquence élevée des prescriptions inappropriées chez les personnes âgées, dues principalement à l'abus ou la polypharmacie, à un traitement erroné, et à la sous utilisation des médicaments. " Ces différentes entités iatrogéniques ont été associées avec un risque accru d'effets secondaires, de syndromes gériatriques, de statut fonctionnel diminué, et d'admissions à l'hôpital non planifiées. Elles sont aussi respon sables de l'utilisation inadéquate d'une partie significative des budgets de santé. La polypharmacie et l'usage de médicaments potentiellement inappropriés sont particulièrement fréquents chez les patients admis en unité gériatriques aiguës ". (2)

La revue systématique détaille aussi les différentes approches développées pour dépister et prévenir ce type de consommation inappropriée : révision de la médication, approches éducationnelles (à destination des soignants et des patients), utilisation d'un système de prescription électronique (en combinaison avec un système d'aide à la prescription tenant compte des médicaments potentiellement inappropriés chez les personnes âgées), et implication d'un pharmacien clinicien dans l'évaluation gériatrique globale multidisciplinaire.

Certaines de ces interventions permettent d'améliorer les résultats cliniques chez les adultes très âgés, surtout s'ils sont hospitalisés (et pas uniquement en gériatrie). En outre, elles sont aussi particulièrement intéressantes parce que le séjour à l'hôpital peut être le bon endroit et le bon moment pour modifier les politiques médicamenteuses de façon multidisciplinaire.

Recommandations à venir

Quant à l'enquête, elle montre qu'en 2016, la durée de séjour médiane en gériatrie s'élevait à 15,8 jours ; le nombre médian d'admissions par service gériatrique était de 1427 ; et qu'il y avait 1 gériatrie et 1 médecin en formation pour 24 lits. Dans 26 % des hôpitaux, un pharmacien clinicien fait partie de l'équipe multidisciplinaire dans les services de gériatrie. La majorité des hôpitaux (87%) prescrit de façon électronique et un tiers de ceux-ci se sert aussi de systèmes d'aide à la prescription. Sur ce dernier point, la plupart utilise un système qui signale les interactions médicamenteuses, en revanche, seuls 3 hôpitaux (17%) ont un système qui détecte des médicaments potentiellement inadaptés au moment de le prescription.

Le travail réalisé par les pharmaciens cliniciens peut consister en une réconciliation médicamenteuse lors de l'admission ou/et de la sortie, une révision de la médication et l'éducation du patient. Ces actes se font soit uniquement à la demande, soit chez les patients présentant un risque prédéfini élevé, soit en cas de problèmes liés aux médicaments.

Les premiers résultats de cette étude montrent que les services de gériatrie ont pour l'instant mis en place quelques interventions (très hétérogènes) favorisant l'optimisation des prescriptions, mais seulement de façon restreinte. Les données complètes devraient être disponibles dans les mois qui viennent.

L'objectif final est de traduire ces résultats dans de nouvelles recommandations nationales uniformes pour une meilleure politique en matière de prescription. Elles sont attendues pour fin 2018. À ces lignes de conduite viendront s'ajouter l'intégration d'un pharmacien clinicien dans l'équipe multidisciplinaire et l'utilisation de systèmes d'aide à la prescription.

1. Problèmes liés aux médicaments chez lespersonnes âgées, Ruscin M. et al, Manuel MSD.

2. organesdeconcertation.sante.belgique.bebecaremagazine.be

En Belgique, l'espérance de vie tourne autour des 79 ans pour les hommes et 84 ans pour les femmes. En vieillissant, de nombreuses affections deviennent chroniques et nécessitent un traitement pharmacologique. Résultat ? Les personnes âgées sont devenues les plus grands consommateurs de médicaments... Et ce phénomène n'est pas près de diminuer.Conséquence ? Les taux d'hospitalisation due aux effets indésirables des médicaments sont quatre fois supérieurs chez les patients âgés (environ 17%) que chez les sujets plus jeunes (4%). Or, chez les seniors, dans presque 90 % des cas, ces effets indésirables pourraient être évités (20 % chez les plus jeunes). On entend par " cause évitable " des problèmes liés aux médicaments tels que les interactions pharmacologiques, une surveillance inadéquate, une sélection inappropriée des médicaments, un traitement inapproprié, un défaut d'observance, un surdosage, une mauvaise communication, une sous prescription et une pathologie non traitée. (1)Autant de raisons qui ont conduit le Collège des médecins pour les services de gériatrie à lancer un projet portant sur les facteurs influençant la qualité des prescriptions médicamenteuses dans les services de gériatrie. (2) C'est une équipe de recherche de l'UZ Louvain (Julie Hias et al) qui a conduit cette étude.Il s'agissait de faire une revue systématique de la littérature pour identifier les facteurs influençant favorablement le comportement de prescripteur dans les services de gériatrie et une enquête nationale sur les stratégies mises en place par ces services pour favoriser ce comportement. 61 questions ont été transmises en décembre 2017 aux chefs des services de gériatrie de 100 hôpitaux belges. Après 3 mois, 57 hôpitaux avaient répondu.Ce travail confirme la fréquence élevée des prescriptions inappropriées chez les personnes âgées, dues principalement à l'abus ou la polypharmacie, à un traitement erroné, et à la sous utilisation des médicaments. " Ces différentes entités iatrogéniques ont été associées avec un risque accru d'effets secondaires, de syndromes gériatriques, de statut fonctionnel diminué, et d'admissions à l'hôpital non planifiées. Elles sont aussi respon sables de l'utilisation inadéquate d'une partie significative des budgets de santé. La polypharmacie et l'usage de médicaments potentiellement inappropriés sont particulièrement fréquents chez les patients admis en unité gériatriques aiguës ". (2)La revue systématique détaille aussi les différentes approches développées pour dépister et prévenir ce type de consommation inappropriée : révision de la médication, approches éducationnelles (à destination des soignants et des patients), utilisation d'un système de prescription électronique (en combinaison avec un système d'aide à la prescription tenant compte des médicaments potentiellement inappropriés chez les personnes âgées), et implication d'un pharmacien clinicien dans l'évaluation gériatrique globale multidisciplinaire.Certaines de ces interventions permettent d'améliorer les résultats cliniques chez les adultes très âgés, surtout s'ils sont hospitalisés (et pas uniquement en gériatrie). En outre, elles sont aussi particulièrement intéressantes parce que le séjour à l'hôpital peut être le bon endroit et le bon moment pour modifier les politiques médicamenteuses de façon multidisciplinaire.Quant à l'enquête, elle montre qu'en 2016, la durée de séjour médiane en gériatrie s'élevait à 15,8 jours ; le nombre médian d'admissions par service gériatrique était de 1427 ; et qu'il y avait 1 gériatrie et 1 médecin en formation pour 24 lits. Dans 26 % des hôpitaux, un pharmacien clinicien fait partie de l'équipe multidisciplinaire dans les services de gériatrie. La majorité des hôpitaux (87%) prescrit de façon électronique et un tiers de ceux-ci se sert aussi de systèmes d'aide à la prescription. Sur ce dernier point, la plupart utilise un système qui signale les interactions médicamenteuses, en revanche, seuls 3 hôpitaux (17%) ont un système qui détecte des médicaments potentiellement inadaptés au moment de le prescription.Le travail réalisé par les pharmaciens cliniciens peut consister en une réconciliation médicamenteuse lors de l'admission ou/et de la sortie, une révision de la médication et l'éducation du patient. Ces actes se font soit uniquement à la demande, soit chez les patients présentant un risque prédéfini élevé, soit en cas de problèmes liés aux médicaments.Les premiers résultats de cette étude montrent que les services de gériatrie ont pour l'instant mis en place quelques interventions (très hétérogènes) favorisant l'optimisation des prescriptions, mais seulement de façon restreinte. Les données complètes devraient être disponibles dans les mois qui viennent.L'objectif final est de traduire ces résultats dans de nouvelles recommandations nationales uniformes pour une meilleure politique en matière de prescription. Elles sont attendues pour fin 2018. À ces lignes de conduite viendront s'ajouter l'intégration d'un pharmacien clinicien dans l'équipe multidisciplinaire et l'utilisation de systèmes d'aide à la prescription.