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C'est tout l'opposé d'un livre d'or. Sur maladeslongueduree.be, Médecine pour le Peuple compile au fur et à mesure tous les récits de patients et de soignants afin de démontrer que, dans les faits, une pression se ressent déjà fortement. Divergence de vues entre le médecin traitant et le médecin contrôle, polémique concernant l'état et le traitement du patient ou encore pression de la mutuelle pour retour sur le marché du travail. Le projet d'arrêté royal de Maggie De Block qui prévoit un trajet de réintégration pouvant démarrer après 2 mois d'incapacité de travail " risque d'aggraver le problème plutôt que le résoudre ", estime dès lors le Dr Sofie Merckx, porte-parole de la campagne. Le nouvel AR stipule notamment que, si le médecin-conseil le décide, la personne malade doit tenter de trouver un poste de travail adapté. Alors que la responsabilité des patrons n'est pas évoquée, déplore la médecin du PTB. " Que se passe-t-il quand l'employeur refuse un poste adapté ? C'est d'autant plus révoltant qu'il n'est pas rare que le problème de santé soit le résultat des conditions de travail ", s'interroge la généraliste de Marcinelle. Si le texte de l'arrêté dans sa version actuelle ne l'évoque pas encore, le gouvernement a conclu un accord de principe lors du réajustement budgétaire pour introduire prochainement des sanctions pour les malades qui refuseraient le plan de réintégration ou ne coopéreraient pas suffisamment. " Il s'agira probablement d'une diminution de 10% du montant de l'allocation-maladie. Les travailleurs sont donc sanctionnés deux fois ", déplore le réseau de maisons médicales.Médecine pour le peuple constate par ailleurs que le Fédéral dirige une fois de plus le projecteur vers " ceux qui sont déjà au bas de l'échelle sociale ", en propagant l'image de personnes à charge de la collectivité. Or, " les chiffres montrent que 80% des travailleurs reprennent spontanément le travail dans les 6 mois ". Une sorte d'acharnement des décideurs puisque, parallèlement, la Loi Peeters va généraliser la flexibilité du travail, ce qui pourrait encore détériorer la santé des travailleurs. En outre, la gauche radicale souligne qu'aucun financement supplémentaire pour les mutuelles n'a été prévu, remettant en cause la capacité des médecins-conseils à accompagner des malades de longue durée. En conséquence, Médecine pour le Peuple réclame évidemment des mesures contraignantes pour l'employeur mais surtout une réintégration sur base volontaire et à la mesure du patient. Car cette campagne tient aussi à montrer " comment un traitement sur mesure et une reprise de travail réussie sont possibles lorsque la concertation entre les médecins intervenants et le respect du processus de guérison du patient sont présents ". Position de Maggie De Block Résumons ici les interventions de la ministre de la Santé publique sur le sujet: Maggie De Block assure qu'elle ne veut plus obliger les malades de longue durée à rester chez eux quand ils ont la capacité et la volonté de reprendre le travail. Techniquement, elle a indiqué que l'administration de la sécurité sociale allait fournir aux médecins des questionnaires afin de savoir plus rapidement si l'accompagnement est nécessaire. Sur le plan de la responsabilité, la ministre De Block a confirmé qu'il allait y avoir des sanctions pour " ceux qui ne veulent pas coopérer ". Qu'il s'agisse de l'employé ou de l'employeur. Pour ce dernier, l'objectif est de veiller à ce qu'aussi peu de personnes possible tombe durablement malade au sein de l'entreprise. " Les entreprises qui investissent dans la réintégration des travailleurs en incapacité de travail seront encouragées ", a encore déclaré Maggie De Block en avril dernier. Le gouvernement devrait à ce propos adopter des mesures préventives, sur conseil du Fonds pour l'incapacité de travail, en vue de s'attaquer aux maladies liées au travail tel que le burn out. Par ailleurs, pendant un certain laps de temps après le salaire garanti en cas d'incapacité de travail, les mutualités ne paieront plus qu'une partie de l'allocation, la partie restante étant à charge de l'employeur. Quant aux mutuelles justement, la libérale flamande a reconnu que les organismes assureurs ont besoin d'uniformité dans les décisions médicales. La prise en charge de malades de longue durée est donc actuellement revue au sein de l'Inami.