Une étude de cohorte prospective à grande échelle suggère une association entre la consommation générale d'édulcorants et un risque accru de maladies cardiovasculaires.
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Une équipe de chercheurs français (Inserm, INRAE, Cnam et Université Sorbonne Paris Nord, au sein de l'Équipe de recherche en épidémiologie nutritionnelle Eren) s'est intéressée aux conséquences sur la santé de la consommation d'édulcorants. Pour ce faire, ils ont mené une étude de cohorte prospective basée sur la population (2009-21). Ils ont analysé les données de santé de 103.388 adultes participants à l'étude de cohorte française NutriNet-Santé (âge moyen 42,2±14,4, 79,8% de femmes, 904.206 années-personnes) et les ont mises en lien avec leurs apports alimentaires et consommation d'édulcorants artificiels (évalués par des enregistrements alimentaires répétés sur 24 heures, y compris les noms de marque des produits industriels).Ils ont étudié les associations entre les édulcorants artificiels provenant de toutes les sources alimentaires (boissons, de table, produits laitiers...), globalement et par molécule (aspartame, acésulfame de potassium et sucralose), et le risque de maladies cardiovasculaires (globalement, maladies coronariennes et maladies cérébrovasculaires).Résultats?La consommation totale d'édulcorants artificiels a été associée à un risque accru de maladies cardiovasculaires (1502 événements); le taux d'incidence absolu chez les grands consommateurs (au-dessus de la médiane par sexe) et les non-consommateurs était de 346 et 314 par 100.000 années-personnes, respectivement.Les édulcorants artificiels étaient plus particulièrement associés au risque de maladie cérébrovasculaire (777 événements, taux d'incidence de 195 et 150 pour 100.000 années-personnes chez les grands consommateurs et les non-consommateurs, respectivement). La consommation d'aspartame a été associée à un risque accru d'événements cérébrovasculaires (taux d'incidence de 186 et 151 pour 100.000 années-personnes chez les grands consommateurs et les non-consommateurs, respectivement), et l'acésulfame potassique et le sucralose ont été associés à un risque accru de maladie coronarienne (730 événements; acésulfame potassique: taux d'incidence 167 et 164; sucralose: taux d'incidence 271 et 161)."Les résultats de cette étude de cohorte prospective à grande échelle suggèrent une association directe potentielle entre une consommation plus élevée d'édulcorants artificiels (en particulier l'aspartame, l'acésulfame de potassium et le sucralose) et un risque accru de maladie cardiovasculaire. Les édulcorants artificiels sont présents dans des milliers de marques d'aliments et de boissons dans le monde entier, mais ils restent un sujet controversé et sont actuellement réévalués par l'Autorité européenne de sécurité des aliments, l'Organisation mondiale de la santé et d'autres agences sanitaires", concluent les auteurs dont les résultats sont publiés dans le British Medical Journal. Cette étude s'ajoute à d'autres travaux mettant en cause l'innocuité des édulcorants, toujours sujets à débat. En mars dernier, une analyse des données de santé et de consommation d'édulcorants de 102.865 adultes participant à NutriNet-Santé, menée par cette même équipe de l'Eren, avait déjà mis en évidence une association entre la consommation d'édulcorants et un risque accru de cancer.