Le rapport annuel du PGEU sur les pénuries de médicaments indique qu'en 2023, la situation s'est aggravée par rapport aux années précédentes, un nombre croissant de pays faisant état d'un plus grand nombre de médicaments en rupture de stock.
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En 2019, le personnel d'une pharmacie perdait en moyenne 6,6 heures par semaine pour faire face aux pénuries de médicaments. Cinq ans plus tard, en 2023, ils y consacrent 9,5 heures. Ce seul chiffre illustre la dégradation de la situation. C'est ce qu'apprend le Groupement Pharmaceutique de l'Union européenne (PGEU) qui, chaque année, fait une enquête auprès de ses membres pour cartographier l'impact des pénuries de médicaments à travers l'Europe du point de vue des pharmaciens communautaires. La dernière enquête a été menée du 4 décembre 2023 au 17 janvier 2024. Au total, 26 membres du PGEU y ont répondu (1 réponse par pays). Toutes les classes de médicaments sont concernées, les trois qui sont les plus fréquemment en rupture de stock sont les anti-infectieux à usage systémique tels que les antibiotiques (84%), le système nerveux (60%) et le système cardiovasculaire (56%). Au total, 69% des pays ayant participé à l'étude ont également signalé des pénuries de dispositifs médicaux, soit une légère augmentation par rapport à l'année précédente (66%). Ces pénuries concernent toutes les catégories de dispositifs médicaux, avec en tête ceux de Classe I (faible risque - par exemple, bandages, thermomètres, masques chirurgicaux) (27% des pays).Beaucoup se plaignent des pertes financières dues au temps investi pour y pallier (92%) et de l'augmentation des responsabilités administratives (81%). Les pharmaciens notent également des effets négatifs tels que la diminution de la confiance des patients (77%) et de la satisfaction des employés (73%). Il est important de noter que presque tous ces pourcentages ont augmenté par rapport à l'année précédente.Quelles solutions les pharmaciens peuvent-ils légalement proposer en cas de pénurie ? Elles varient considérablement d'un pays à l'autre. La substitution générique (92% des pays), les préparations magistrales (50%) et l'ajustement du traitement et de la posologie lorsque le même médicament est disponible sont les solutions les plus courantes."Les pharmaciens devraient bénéficier d'une plus grande flexibilité et être en mesure de tirer parti de leurs compétences, de leurs connaissances et de leur expérience pour aider efficacement les patients (...) Malgré les efforts constants des pharmaciens, il existe des lacunes dans les informations, les outils et les solutions juridiques disponibles dans de nombreux pays européens, ce qui les empêche d'aider efficacement les patients en cas de pénurie", note le PGEU. "La réforme de la législation pharmaceutique est une occasion unique de construire une chaîne d'approvisionnement plus résiliente et d'améliorer la prévention, le suivi et la gestion des pénuries. Cependant, nous avons besoin de mesures plus immédiates pour nous attaquer à ce problème chronique et inverser la tendance négative que les pharmaciens dénoncent depuis plus d'une décennie. Nous demandons instamment que les pénuries soient notifiées plus tôt, que les pharmaciens soient informés plus rapidement et qu'une redistribution plus équitable des médicaments entre les pays", a conclu Aris Prins, président du PGEU.