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Environ 5,2% des émissions mondiales de carbone sont attribuées au secteur des soins de santé, dont une grande partie provient de la chaîne d'approvisionnement. Les produits à usage unique et le plastique contribuent largement à ces émissions et présentent des risques pour la santé, en particulier pour les populations vulnérables.C'est dans ce contexte que s'inscrit la nouvelle déclaration de politique générale de la FIP qui formule des recommandations pour atténuer les émissions de gaz à effet de serre et la pollution pharmaceutique, ainsi que pour envisager des mesures d'adaptation pour renforcer la résilience climatique, ceci conformément aux objectifs de développement durable établis par les Nations Unies. Ces recommandations sont établies pour les différents secteurs de la profession soit les associations de pharmaciens, les hôpitaux, les pharmacies communautaires, la réglementation, l'industrie, les achats, les universités, la santé publique et la population, l'armée et les services d'urgence."Les professionnels de la pharmacie ont la responsabilité éthique d'atténuer les risques climatiques et de pollution pour la santé tout au long de la chaîne d'approvisionnement pharmaceutique et dans l'ensemble de la gestion des médicaments. Par exemple, une gestion optimisée des médicaments peut atténuer l'empreinte environnementale des soins de santé dans le cadre d'une déprescription cliniquement appropriée. Cependant, la profession doit désormais également s'intéresser à l'adaptation au climat pour permettre la durabilité des services pharmaceutiques dans des environnements en évolution rapide", estime le Dr Shellyza Moledina Sajwani de la FIP. Par exemple, dans le cadre de l'atténuation, la FIP indique que les régulateurs devraient collaborer avec d'autres parties prenantes pour mettre en place une collecte de données normalisée au niveau national sur les émissions de gaz à effet de serre et les déchets provenant de tous les secteurs de la pharmacie, tout en créant des objectifs visant à réduire l'impact environnemental des médicaments tout au long de leur cycle de vie. Au comptoir et à l'hôpitalEn ce qui concerne l'adaptation, le texte prévoit que les pharmaciens communautaires -mettent à jour leurs plans d'urgence et organisent régulièrement des formations ou des exercices sur les procédures des plans d'urgence en cas d'aggravation des catastrophes naturelles et des phénomènes météorologiques extrêmes,-veillent à ce que les stocks permettent de gérer les problèmes inattendus de pénurie de médicaments liés à l'aggravation des catastrophes naturelles et des événements météorologiques extrêmes,-assurent un suivi prolongé de la médication des patients à risque lors d'événements à haut risque, tels que les vagues de chaleur ou les périodes où la qualité de l'air est dangereuse.Les professionnels de la pharmacie hospitalière sont invités à sensibiliser les équipes aux classifications environnementales des médicaments et des autres produits (désinfectants à haut pouvoir désinfectant, dispositifs médicaux, pansements...); à travailler avec les soignants et les patients pour optimiser les soins respiratoires et revoir les directives de prescription des inhalateurs pour promouvoir des alternatives à faible teneur en carbone (par exemple, les inhalateurs à poudre sèche); à travailler avec les anesthésistes pour optimiser les soins d'anesthésie (par exemple, réduire l'utilisation du desflurane à moins de 5% de l'utilisation totale de l'hôpital ou l'éliminer complètement et réduire le gaspillage d'oxyde nitreux); à envisager des poubelles réutilisables pour les déchets cytotoxiques dans les unités aseptiques et des poubelles pour les objets tranchants dans les pharmacies afin de réduire l'impact carbone des processus de gestion des déchets pharmaceutiques; à éviter les surstocks et le gaspillage dû à la péremption des médicaments; à limiter l'utilisation de dispositifs médicaux à usage unique dans la mesure du possible...Décarboner la santéQuant à l'industrie pharmaceutique, elle est notamment incitée à publier des plans transparents et détaillés en vue d'atteindre le zéro net, y compris des calculs des émissions de carbone actuelles et prévues, avec des audits annuels pour garantir la conformité; élaborer des plans de gestion des déchets dans le cadre d'une économie circulaire; collaborer avec les fournisseurs de produits pharmaceutiques pour mesurer les niveaux de certains ingrédients pharmaceutiques actifs (IPA) dans les eaux usées afin de fixer des des seuils significatifs de réduction des déchets; mettre en oeuvre la chimie verte et les pratiques de laboratoire dans tous les processus de recherche et de fabrication.Les universités sont invitées à s'assurer que les futurs pharmaciens sont conscients des liens entre la santé planétaire et la santé humaine et des contributions du système de santé et de l'industrie pharmaceutique à la dégradation de l'environnement; à fournir une formation sur la pratique pharmaceutique durable sur le plan environnemental et sur les aspects clés de la décarbonisation des soins de santé; à engager les étudiants et les membres de la faculté dans des collaborations interprofessionnelles en matière d'éducation, de service et de recherche pour faire progresser la durabilité environnementale dans le domaine de la santé.Selon le Dr Sajwani, il s'agit pour la FIP d'attirer l'attention sur les mesures urgentes à prendre dans le secteur de la pharmacie, en conformité avec le rapport de synthèse 2023 du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) qui "a souligné l'urgence et la nécessité d'une action immédiate pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et parvenir à des émissions nettes de dioxyde de carbone nulles au cours de cette décennie, afin de limiter le réchauffement de la planète à 1,5°C ou 2°C par rapport aux niveaux préindustriels".