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Et oui, il faut parfois pouvoir balayer devant sa propre porte... Si vous me posez la question, je vous dirais que : non, l'Ordre des Pharmaciens, créé en 1949, ne fonctionne pas bien. Ses intentions, et là je parle à l'encontre de la proposition de loi, sont bonnes. Des pharmaciens qui se rappellent à l'ordre l'un l'autre et qui tranchent les uns pour les autres. Mais sa mise en oeuvre... ouille. Le Collège de surveillance de l'Ordre des Pharmaciens est un exemple de dysfonctionnement en de nombreux points. Nous en avons déjà longuement discuté. Celui qui se fait rappeler à l'ordre par l'Ordre restera un agneau sans défense jusqu'à ce qu'il s'oppose à 'son' abattage. Et celui qui dépose une plainte contre un pharmacien ne sait jamais vraiment ce qu'il adviendra de sa plainte et encore moins quelles en seront les conséquences. Un pharmacien qui subit une suspension dans le cas d'une affaire sérieuse, ne court à vrai dire pas de véritables risques car, pour que personne ne le sache, il peut fermer sa pharmacie pour raisons de 'congés'. Et le patient qui arrive toutefois à trouver, à travers ce labyrinthe et malgré tous les obstacles, comment dénoncer à l'Ordre un pharmacien qui a mal fait son travail et qui a ainsi mis en danger la santé de ses patients, restera sans réponse. L'affaire est en effet traitée, non pas derrière une porte fermée, mais derrière des dizaines de portes fermées. 'L'indépendance' a, dans ce cas-là, vite fait d'être tronquée. Devons-nous nous diriger vers un système comme aux Pays-Bas où il est possible de consulter en ligne quels sont les professionnels de la santé (médecins, pharmaciens, kinésithérapeutes, infirmiers...) qui ont été sanctionnés (de même que les Belges qui pratiquent aux Pays-Bas) ? On est ici à un stade bien plus avancé. Mais lorsque ces décisions sont uniquement accessibles aux personnes disposant des mots de passe requis et que le système préserve par ailleurs l'anonymat du pharmacien (comme c'est le cas aujourd'hui), on est dans un tout autre registre. Il doit donc y avoir plus de transparence, ce qui est mentionné dans la nouvelle proposition de loi. Et le plaignant doit être entendu et a le droit d'être tenu au courant de la décision du Collège de surveillance. Allons-nous enfin tirer un trait sur les Ordres et adopter une approche tout à fait différente et multidisciplinaire de la profession ? Ou devons-nous nous attendre à voir cette proposition tombée aux oubliettes comme toutes celles qui ont été lancées ces dernières années ? Nous en avons bien peur. L'Ordre des Médecins a déjà déposé une note auprès de la ministre et l'Ordre des Pharmaciens travaille également à sa révision. Il semble que cela n'empêchera pas l'un et l'autre groupe professionnel de dormir...