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Le Comité dévaluation des pratiques médicales en matière de médicaments organise deux réunions de consensus par an. Le 5 décembre dernier, l'une d'entre elles s'est penchée sur l'usage rationnel des analgésiques non opioïdes dans le traitement de la douleur chronique. Le jury interdisciplinaire a remis son rapport et les conclusions sont aujourd'hui éditées sur le site de l'Inami. Nous avions fait état de cette réunion dans notre dernière édition de 2019 (19 décembre). Dans ses conclusions, le jury rappelle que la notion de "douleur chronique" est difficile à faire comprendre aux prestataires de soins de santé et au grand public; que d'un point de vue psychologique, il s'agit d'une forme de comportement appris et d'une maladie neuropathologique inadaptée qui est largement indépendante du stimulus nociceptif. L'approche de la douleur chronique doit donc toujours s'appuyer sur un modèle biopsychosocial, multimodal et multidisciplinaire, impliquant tous les praticiens professionnels.Il rappelle que dans le cadre d'une approche biopsychosociale de la douleur chronique, des analgésiques non opioïdes doivent être privilégiés, le paracétamol étant le premier choix. En deuxième ligne, on peut utiliser des AINS à la dose active la plus faible, pour une période la plus courte possible.A l'officineLe rôle central tenu par le pharmacien est mis en avant. Ainsi, le jury estime que le pharmacien doit disposer d'un minimum de données médicales du patient pour pouvoir fournir des soins pharmaceutiques de haute qualité: "comme le médecin, il doit avoir une vision complète des antécédents pharmaceutiques du patient, qu'il s'agisse des médicaments sur ordonnance ou en vente libre". Sans oublier les compléments alimentaires. Dans le cadre des douleurs chroniques, le pharmacien doit référer vers le médecin (généraliste). Son intervention est cruciale pour une bonne gestion de l'automédication. "Il est absolument nécessaire d'éduquer les patients sur l'automédication, y compris dans le domaine des analgésiques, dont le danger est souvent lourdement sous-estimé", indique le Rapport.Pour tenir ce rôle, le jury conseille aux pharmaciens de prendre le temps de questionner le patient de façon structurée avant la délivrance, notamment en posant les questions suivantes selon la méthodologie Quidam : -Pour qui le médicament est-il destiné ? -Quoi ? (Analyse des signaux d'alarme) -Depuis combien de temps les douleurs sont-elles présentes ? -Actions entreprises par le patient ? -Autres médicaments utilisés par le patient pour ses symptômes ?Et ceci, tant pour l'automédication qu'en cas de délivrance de médicaments sur ordonnance. "En effet, ce questionnaire permet de détecter des groupes à risque ou des signaux d'alarme et d'orienter ces patients vers le médecin ou de donner des conseils appropriés. Le cas échéant, la bonne automédication peut ainsi être délivrée. Au moment de la délivrance de chaque médicament, le pharmacien dispense des informations sur la bonne utilisation de médicaments, la posologie, la durée maximale d'utilisation, les précautions d'emploi, les conditions et modalités de remboursement, etc.".Enfin, lesconclusions insistent sur "le partage des données de délivrance avec tous les autres prestataires de soins concernés peut améliorer la qualité des soins au patient. Par analogie, le jury est favorable au partage des données nécessaires du dossier médical avec les autres prestataires de soins concernés. Des exemples de telles informations peuvent inclure la fonction rénale, l'indication, les médicaments utilisés, etc."