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Le vieillissement du système immunitaire ou immunosénescence est considéré comme un facteur de risque majeur pour l'augmentation de l'incidence et de la prévalence des maladies chroniques, comme les maladies cardiovasculaires, les maladies métaboliques et les maladies neurodégénératives. Avec la progression de l'immunosénescence, les personnes âgées deviennent également plus sensibles aux maladies infectieuses et au cancer. Face à ce constat, la Fédération des académies de médecine européennes (FEAM) a réuni un comité d'experts afin d'examiner certains paramètres de l'immunosénescence et les défis de la situation actuelle de la vaccination des adultes en Europe. Le fruit de leur travail vient d'être édité dans le rapport intitulé "Immunisation des personnes âgées en Europe: stratégies scientifiques et sociales". Première conclusion: "les calendriers de vaccination des personnes âgées doivent être adaptés et des vaccins sur mesure doivent être envisagés à un âge avancé. L'efficacité impressionnante et inattendue des nouveaux vaccins à base d'ARNm ouvre la voie à une avancée plus globale de la recherche sur les vaccins". Au printemps 2021, la FEAM a mené une enquête pour recueillir des données auprès des Académies européennes sur les programmes nationaux de vaccination des adultes. Résultats? Il existe une grande hétérogénéité entre les pays de l'UE sur les politiques de vaccination, notamment en termes d'âge, de composants vaccinaux, de cadre de mise en oeuvre et de procédures de remboursement."L'absence de consensus pour certains calendriers de vaccination a également été relevée comme un problème, car un tel comportement peut contribuer à réduire la confiance dans l'ensemble du programme de vaccination des adultes. Malgré le rôle très important que jouent les vaccins dans la santé mondiale, les inquiétudes concernant leur sécurité et l'hétérogénéité de leur distribution dans le monde ont énormément augmenté au fil des ans", constatent les auteurs du rapport.L'hésitation vaccinale fait également l'objet d'un chapitre: "En raison d'un manque d'éducation vaccinale appropriée, les professionnels de la santé peuvent manquer de confiance dans l'efficacité des vaccins, ou ne pas apprécier pleinement les effets positifs qu'ils apportent, le risque de la maladie et l'importance de leur rôle dans une éventuelle transmission. En améliorant les connaissances sur ce sujet, on peut contribuer à une meilleure acceptation et à une reconnaissance des avantages des vaccins, ce qui serait essentiel pour promouvoir l'établissement de sociétés plus inclusives répondant aux craintes et aux préoccupations concernant l'efficacité des vaccins"."Au niveau européen, il existe des programmes de vaccination pédiatrique très clairs, mais ce n'est pas le cas pour ceux destinés aux adultes plus âgés. Ce rapport révèle cette lacune majeure. La FEAM est convaincue qu'à l'heure du Covid-19, c'est le bon moment pour renforcer la diplomatie vaccinale. Notre objectif est donc de contribuer à la mise en place de programmes de vaccination communs à travers l'Europe, et de faire des recommandations pour promouvoir le 'vieillissement en bonne santé'", estime George Griffin, président du comité d'experts.Dans la perspective du vieillissement en bonne santé, les experts appellent l'Europe et tous les États membres à donner la priorité à la vaccination de la population âgée et à harmoniser les calendriers et les recommandations. Cela permettra de combler le déficit actuel en matière de vaccins pour adultes et de protéger la population âgée à risque.