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Depuis quelques jours, des voix s'élèvent ici et là pour évoquer la participation éventuelle des pharmaciens à la stratégie de déconfinement en réalisant des tests de dépistage du SARS-CoV-2 en officine. La chose est déjà entendue aux États-Unis où le gouvernement a autorisé le 8 avril dernier la réalisation de ces tests de dépistage dans les pharmacies, y compris par tests sérologiques. En France, les représentants des pharmaciens d'officine réclament le droit d'effectuer massivement ces mêmes tests, arguant du fait qu'ils disposent de la logistique de distribution par les répartiteurs et de la tenue du dossier médical partagé pour le suivi des patients, apprend le Quotidien du pharmacien. Ainsi, dans un sondage express proposé sur son site, plus de 76% des pharmaciens français se disent prêts à dispenser des tests Covid-19 dans leur officine. Et en Belgique ?Les pharmaciens belges seraient-ils disponibles pour réaliser ces tests? "Nous avons toujours signalé qu'ils étaient les prestataires de santé le plus accessibles, que s'il fallait arriver à un dépistage de masse, il est clair que les pharmaciens sont prêts à être mobilisés dans ce contexte -ils ne sont certainement pas les seuls-, afin de pouvoir donner de l'efficacité au processus. Cela reste de l'utopie pour l'instant: de manière très factuelle, le nombre de tests dont l'État pourrait disposer ne sera pas suffisant, il faudra donc établir des priorités", précise Alain Chaspierre, secrétaire général de l'APB. "C'est comme pour la vaccination, on chipote beaucoup en Belgique par rapport à des pays voisins qui permettent la vaccination en pharmacie, avec des résultats positifs sur la couverture vaccinale. C'est une évolution des mentalités et il faut que cela se fasse en bonne intelligence avec les médecins et que les bases de données précisant qui a reçu quoi soient opérationnelles et multidisciplinaires. On arrivera sans doute à avoir un impact positif sur la santé de manière globale et sur le budget de la Sécurité sociale, à partir du moment où c'est beaucoup plus cohérent, bien organisé et soutenu par les outils de l'e-santé", ajoute-t-il. Quid de la rémunération? De l'épuisement? De la surcharge de travail? Certains pharmaciens s'inquiètent. "Certains râlent, mais beaucoup trouvent que c'est plutôt une bonne idée", commente Alain Chaspierre en assurant que l'APB suit toujours la même ligne, à savoir soutenir le rôle que les pharmaciens joueront dans le futur, sur les trois axes que sont la prévention, l'orientation et le suivi pharmaceutique. "On est dans une évolution professionnelle. Aujourd'hui, c'est peut-être le mauvais moment pour parler de tout cela parce que les pharmaciens sont confrontés à une situation sans précédent qui les a pleinement mobilisés à la fois pour l'orientation vers une prise en charge optimale, notamment au début de la crise, pour l'information du grand public par rapport au Covid-19 parce qu'ils étaient souvent le premier acteur de soins accessible, pour le renouvellement des traitements chroniques sans prescription, pour la poursuite des traitements en faisant un portage à domicile, et on a également prévenu dans une certaine mesure les pénuries en faisant un peu le policier sur certains produits pour éviter que les gens fassent des stocks". "Les pharmaciens jouent un rôle majeur dans cette crise, je comprends que ce n'est pas le moment d'évoquer des sujets de ce type-là parce que les gens sont épuisés, parfois même moralement. Si jamais quelque chose d'essentiel devait se faire et à laquelle les pharmaciens pourraient participer, nous répondrons bien sûr présent. Le rôle sociétal des pharmaciens est essentiel, je pense qu'ils ont été exemplaires dans cette crise, il faudra tirer les conséquences et les conclusions de tout cela après. J'ai toujours dit que la meilleure défense professionnelle c'est les pharmaciens qui la font au jour le jour en pharmacie!", conclut-il.