...

Les tiques à pattes noires, Ixodes scapularis, transmettent de nombreux agents pathogènes dont Borrelia burgdorferi. Des expositions répétées à cette tique peuvent conduire à une résistance acquise contre les tiques ou "immunité aux tiques". Des chercheurs de l'université de Yale ont émis l'hypothèse que les protéines salivaires contribuaient à ce processus. Leurs travaux viennent de paraître dans Science Translational Medicine.Afin de contourner le besoin d'expositions répétées tout en générant une résistance aux tiques,Sajid et al. ont développé un vaccin ARNm codant pour 19 protéines salivaires de I.scapularis (19ISP). L'objectif? Améliorer la reconnaissance d'une morsure de tique et diminuer l'engorgement de celle-ci sur un hôte et ainsi prévenir l'infection par B.burgdorferi.Des cochons d'Inde ont été immunisés avec ce vaccin ARNm 19ISP et ont ensuite été confrontés à I.scapularis. Résultats? Contrairement aux cobayes non immunisés, les animaux vaccinés exposés à des tiques infectées ont rapidement développé un érythème au site de la morsure peu de temps après avoir commencé à s'attacher (une caractéristique de la résistance acquise aux tiques). De plus, les arachnides fixées aux animaux immunisés n'ont pas pu se nourrir de manière agressive et se sont délogées plus rapidement que celles sur les cobayes du groupe témoin.Tant que les tiques étaient retirées dès l'apparition de la rougeur, aucun des animaux vaccinés n'a développé la maladie de Lyme. En revanche, environ la moitié du groupe témoin a été infectée par B.burgdorferi après le retrait des tiques. Lorsqu'une seule tique infectée était attachée à des cobayes immunisés et n'était pas retirée, aucun d'entre eux n'a été infecté alors que 60% des animaux témoins l'ont été. En revanche, si trois tiques restaient fixées aux cobayes, la protection diminuait, même chez les animaux immunisés.Signal d'alerte"Au lieu de déclencher une réponse immunitaire contre un agent pathogène particulier, le nouveau vaccin provoque une réponse rapide de la peau aux composants de la salive des tiques, ce qui limite le temps dont elles disposent pour se nourrir et infecter l'hôte. L'induction d'une rougeur locale très tôt après la fixation de I.scapularis et son incapacité à se nourrir correctement suggèrent que le 19ISP peut être utilisé seul ou en conjonction avec des vaccins traditionnels à base de pathogènes pour prévenir la maladie de Lyme et potentiellement d'autres infections transmises par les tiques", précisent les auteurs de l'étude."Le vaccin améliore la capacité à reconnaître une piqûre de tique, transformant partiellement cette dernière en piqûre de moustique, ajoutent-ils. Quand on sent qu'un moustique pique, on l'écrase. Avec le vaccin, il y a une rougeur et probablement une démangeaison, ce qui vous permet de reconnaître que vous avez été piqué et d'arracher la tique rapidement, avant qu'elle n'ait la capacité de transmettre B.burgdorferi". Les chercheurs pointent toutefois une limite à leurs résultats: "Dans des expériences similaires, les souris, qui sont incapables d'acquérir une résistance naturelle aux tiques, n'étaient pas protégées contre la maladie de Lyme après la vaccination. En fait, contrairement aux cobayes, les souris sont un réservoir naturel pour les tiques I.scapularis, ce qui suggère qu'elles ont peut-être évolué pour développer des moyens de se nourrir spécifiquement de façon répétée sur les souris. Une autre possibilité est que la peau du cobaye, comme celle de l'homme, est plus stratifiée que celle de la souris". Quoiqu'il en soit, ces résultats devront être confirmés chez l'homme.