Leurs vies riment depuis toujours avec chant et musique ...

LP : Vos prénoms partagent un joli tréma. Faut-il y voir un signe de votre dualité commune et de votre profil de slasheuse ?

Abigaël : Je n'y ai jamais prêté attention en réalité ! Pourtant j'aime beaucoup les mots, la littérature et la poésie. Mais j'avoue ne pas l'avoir vue celle-là ! C'est intéressant. Par contre, je sais ce qu'est une slasheuse, c'est une personne qui cumule plusieurs activités qui peuvent ne rien avoir entre elles !

Aïcha : Le tréma, oui c'est une dualité de fait ! Mais je n'y avais jamais pensé non plus. Merci J

LP : Comment votre aventure musicale est-elle née et a subitement explosé ?

Abigaël : Nous chantions déjà chacune de notre côté, sans le savoir et sans nous connaître. Personnellement, j'ai un parcours classique et je fais de la musique depuis toujours. J'ai appris le piano, j'ai fait un cursus de Musique étude, j'ai fait une formation classique au conservatoire et puis ... j'ai commencé mes études de médecine. Là, j'ai vraiment eu du mal à combiner les deux, tellement c'est exigeant. Alors, j'ai décidé d'arrêter la musique en me disant que si ça me manquait, j'y reviendrais un jour. Et c'est ce que j'ai fait quelques années plus tard. J'ai chanté dans des clubs, j'ai fait partie d'une chorale et de groupes. J'ai même sorti un album en 2012 et puis ... j'ai eu mon fils. J'ai à nouveau mis la musique de côté pour me consacrer à mon bébé et mon métier. Mais j'y suis immanquablement revenue parce que c'est en moi. J'en ai besoin dans ma vie.

Aïcha : Pour ma part, je crois que j'ai toujours chanté, même pendant mes études et mon internat de médecine. J'ai eu une petite carrière sur Bordeaux, j'ai fait pas mal de scène et j'ai aussi remporté un joli succès sur les réseaux sociaux avec plus de 3 millions de vues. Ce qui a bien sûr joué en ma faveur par la suite.

Abigaël : C'est la période covid qui a ensuite tout précipité. Loïc Manwel, qui est un infirmier (tiens un autre tréma !!!) mais aussi un cinéaste et un designer s'est rendu compte que beaucoup de soignants chantaient dans les Ehpads durant la covid et il s'est dit que ce serait chouette de montrer ce côté-là des soignants à l'heure où tout le monde se focalisait sur les masques, le matériel, les vaccins ... Au départ, il voulait réaliser un film, puis son idée a évolué en un projet musical qui réunirait des soignants qui chantent pour humaniser l'approche de leurs métiers. Il a travaillé avec Stéphane Letellier, un producteur. Et de fil en aiguille, il est arrivé jusqu'à nous. Il a lancé un casting qui lui a permis de découvrir Amandine (qui n'est plus avec nous aujourd'hui,) il a vu une vidéo d'Aïcha sur les réseaux et il nous a contactées.

Aïcha : Nous nous sommes rencontrées, le groupe s'est formé et notre engagement a pris forme très vite parce que nous voulions tous porter un message fort vers le grand public celui de montrer que sous les blouses blanches se cachent des êtres humains plein de ressources, de talents et de particularités qui ont à coeur de réhumaniser le soin.

Nous n'avions pas juste envie de faire un album, nous voulions montrer que les soignants font preuve de beaucoup d'humanité dans le système de santé, pourtant aux abois, et que le bien-être des patients reste une de leurs priorités au quotidien.

LP : Comment est venue l'idée de participer à l'émission "La France a un incroyable talent" ?

Aïcha : J'avais déjà été contactée par l'émission avant de faire partie des Soignantes, mais j'avais décliné leur invitation. Et lorsque nous avons commencé à enregistrer, nous avons réalisé à quel point cette émission pouvait nous donner de la visibilité et nous aider à porter notre projet.

Abigaël : Après tout s'est enchaîné, l'album, un clip, des concerts, un projet de film puis de spectacle musical, l'envie de créer une fondation, des perspectives internationales... Un véritable tourbillon !

LP : Comment êtes-vous perçues dans votre entourage professionnel ?

Abigaël : Aux urgences nous sommes tous plutôt à l'agonie et dans un mode de survie au quotidien. Notre mission relève davantage de l'immédiat plutôt que de penser à comment mettre un peu de bien-être dans nos soins. Mais dans mon entourage professionnel immédiat, le fait que je sois urgentiste et musicienne/chanteuse, permet aux jeunes, par exemple, de se dire : "ce que tu fais montre qu'on a aussi le droit d'avoir une vie à côté" ! Et ça c'est ma petite pierre à l'édifice à moi. Ils sont tellement effrayés par le métier et l'effondrement du système de santé qu'ils finissent par se poser beaucoup de questions ... Certains renoncent même à leur carrière tellement les conditions sont difficiles. Mais le fait de savoir qu'on peut avoir une "autre" vie à l'extérieur permet d'imaginer qu'on peut trouver un équilibre et prendre du recul par rapport à ce travail que l'on doit exercer dans des conditions toujours plus désastreuses.

Aïcha : dans mon entourage cela suscite pas mal de questions et de débats. Et c'est plutôt sain ! Dans tous les endroits où j'ai exercé, j'ai toujours chanté. Mais une chirurgienne (noire en plus) qui ose chanter, c'est choquant ! Ca ne se fait pas ! C'est pas l'endroit... Et puis les gens s'habituent et finissent par adhérer parce que c'est bien finalement pour tout le monde l'équipe médicale, le patient, le personnel. Ca cultive la bienveillance et la bonne humeur. Et ça change tout.

Mais sur les réseaux sociaux, on nous dit aussi "oui c'est bien gentil tout ça mais on n'a pas le temps, c'est impossible à faire". Alors je réponds : "si j'opère 5 patientes par jour et que je chante 2 minutes avant chaque opération, cela ne représente que 10 minutes dans ma journée ! Pour moi la balance bénéfice /risque est claire. C'est quoi 10 minutes contre un meilleur vécu du patient et des soignants ?"

Notre démarche est une sorte de petite piqûre de rappel aux autres soignants qui, comme nous, ont choisi de soigner au départ en entrant dans le monde médical. Et c'est le quotidien qui les a éloignés de leur vocation et de leur humanité. En nous voyant et en s'interrogeant sur eux-mêmes, cela peut leur redonner un élan et avoir un impact.

LP : Arrivez-vous à tout concilier aujourd'hui vu votre succès ?

Abigaël : Non, il faut être honnête, cela n'est pas facile du tout ! Ce n'est parce qu'on renvoie une image rayonnante sur les réseaux sociaux que nous le sommes. Il y a un peu de mise en scène dans tout cela. Nous voulons, certes, donner de la force aux autres avec notre projet, mais il n'y a que 24 heures dans une journée ! Nous sommes d'ailleurs dans une phase de réflexion après le tourbillon que nous avons vécu. Le projet est devenu énorme et nous dépasse un peu, tout s'est enchaîné si vite. On vend des albums, on a fait l'Alambra, on a reçu une standing ovation ... Wouaww c'était magnifique !!!

Mais on n'oublie pas qu'on s'appelle les Soignantes, on veut garder notre identité tout en portant ce projet qui nous tient à coeur. Notre métier, c'est notre vocation, notre colonne vertébrale. Nous sommes des femmes et des mères aussi et nous avons besoin de concilier toutes nos vies.

Aïcha : nous ne voulons pas être en mode survie tout le temps, ce n'est pas le but. Nous souhaitons inscrire notre projet dans la durée, tout en préservant notre santé physique, mentale, notre vie personnelle, notre couple, nos enfants. La passion c'est top, mais il faut continuer à tout gérer pour trouver le bon équilibre. Donc ce n'est franchement pas facile, on ne le cache pas. Mais on n'a pas fait tout ça pour s'arrêter là non plus. Nous souhaitons continuer à porter notre message et nous comptons faire évoluer le projet en l'ouvrant notamment aux autres. Parce que le but c'est de mettre en lumière d'autres initiatives, d'autres soignants qui propagent le bien-être autour d'eux en faisant quelque chose qui leur ressemble.

LP : Quelles sont vos aspirations professionnelles et personnelles pour tendre vers un nouvel équilibre ?

Abigaël : nous abordons cette deuxième étape en discutant beaucoup ensemble pour garder une cohérence globale dans la suite du projet à la hauteur de notre engagement. Le processus est en cours.

LP : Auriez-vous un message particulier à adresser aux pharmaciens qui vont vous découvrir ?

Abigaël : les pharmaciens sont des maillons hyper précieux dans la santé et je trouve que les médecins et les pharmaciens ne communiquent pas assez entre eux. Durant mes études, j'ai eu l'occasion de passer un peu de temps en pharmacie. Et c'est là que je me suis rendue compte à quel point le pharmacien est un maillon essentiel de la chaîne. C'est lui qui réexplique tout aux patients, le rassure, prend le temps de l'écouter au comptoir, de garder un lien avec les personnes isolées ou âgées qui viennent le voir. Ils assurent un lien social et humain essentiel.

Aïcha : la pharmacie c'est un peu de la médecine de proximité en quelque sorte. Les pharmaciens sont en contact direct avec les patients ... Tous les jours , ils leur apportent du bien-être et beaucoup d'humanité. Il ne faut pas l'oublier.

LP : Que peut-on vous souhaiter pour le futur ?

Abigaël : personnellement, j'espère que le projet va se poursuivre pour faire du bien aux gens qui en ont besoin et pour redonner de l'espoir et aider les soignants. J'aimerais que ce projet serve de petite graine pour générer d'autres initiatives et améliorer les choses et qu'il porte une dimension humaine et caritative. Car c'est un projet politique, que l'on veuille ou non ! Nous sommes des soignantes, des femmes, des femmes racisées, des mères, des slasheuses. Nous vivons en France, un pays traversée par de graves tensions sociales. Notre projet est politique et féministe, il résonne avec ce qui se passe dans la société et le monde médical, avec la féminisation de la profession. Il fait écho au besoin des femmes de prendre leur place, de gagner en pouvoir de décision et d'orientation dans le système des soins de santé.

Aïcha : J'aimerais que les soignantes s'inscrivent dans cette mouvance de femmes plus fortes, sans agressivité, à la Beyoncé ou à la Céline Dion pour aller au front de manière différente. Le côté humanitaire et caritatif de notre démarche doit rester essentiel à mes yeux pour mettre en lumière le monde médical et réussir à faire évoluer les choses.

Acheter notre album devrait être perçu comme un acte citoyen (un peu comme pour les Restos du coeur) pour aider les soignants.

Et si les pharmaciens vendaient les albums des Soignantes pour la bonne cause ?

Leurs vies riment depuis toujours avec chant et musique ...LP : Vos prénoms partagent un joli tréma. Faut-il y voir un signe de votre dualité commune et de votre profil de slasheuse ?Abigaël : Je n'y ai jamais prêté attention en réalité ! Pourtant j'aime beaucoup les mots, la littérature et la poésie. Mais j'avoue ne pas l'avoir vue celle-là ! C'est intéressant. Par contre, je sais ce qu'est une slasheuse, c'est une personne qui cumule plusieurs activités qui peuvent ne rien avoir entre elles ! Aïcha : Le tréma, oui c'est une dualité de fait ! Mais je n'y avais jamais pensé non plus. Merci JLP : Comment votre aventure musicale est-elle née et a subitement explosé ?Abigaël : Nous chantions déjà chacune de notre côté, sans le savoir et sans nous connaître. Personnellement, j'ai un parcours classique et je fais de la musique depuis toujours. J'ai appris le piano, j'ai fait un cursus de Musique étude, j'ai fait une formation classique au conservatoire et puis ... j'ai commencé mes études de médecine. Là, j'ai vraiment eu du mal à combiner les deux, tellement c'est exigeant. Alors, j'ai décidé d'arrêter la musique en me disant que si ça me manquait, j'y reviendrais un jour. Et c'est ce que j'ai fait quelques années plus tard. J'ai chanté dans des clubs, j'ai fait partie d'une chorale et de groupes. J'ai même sorti un album en 2012 et puis ... j'ai eu mon fils. J'ai à nouveau mis la musique de côté pour me consacrer à mon bébé et mon métier. Mais j'y suis immanquablement revenue parce que c'est en moi. J'en ai besoin dans ma vie. Aïcha : Pour ma part, je crois que j'ai toujours chanté, même pendant mes études et mon internat de médecine. J'ai eu une petite carrière sur Bordeaux, j'ai fait pas mal de scène et j'ai aussi remporté un joli succès sur les réseaux sociaux avec plus de 3 millions de vues. Ce qui a bien sûr joué en ma faveur par la suite.Abigaël : C'est la période covid qui a ensuite tout précipité. Loïc Manwel, qui est un infirmier (tiens un autre tréma !!!) mais aussi un cinéaste et un designer s'est rendu compte que beaucoup de soignants chantaient dans les Ehpads durant la covid et il s'est dit que ce serait chouette de montrer ce côté-là des soignants à l'heure où tout le monde se focalisait sur les masques, le matériel, les vaccins ... Au départ, il voulait réaliser un film, puis son idée a évolué en un projet musical qui réunirait des soignants qui chantent pour humaniser l'approche de leurs métiers. Il a travaillé avec Stéphane Letellier, un producteur. Et de fil en aiguille, il est arrivé jusqu'à nous. Il a lancé un casting qui lui a permis de découvrir Amandine (qui n'est plus avec nous aujourd'hui,) il a vu une vidéo d'Aïcha sur les réseaux et il nous a contactées.Aïcha : Nous nous sommes rencontrées, le groupe s'est formé et notre engagement a pris forme très vite parce que nous voulions tous porter un message fort vers le grand public celui de montrer que sous les blouses blanches se cachent des êtres humains plein de ressources, de talents et de particularités qui ont à coeur de réhumaniser le soin.LP : Comment est venue l'idée de participer à l'émission "La France a un incroyable talent" ?Aïcha : J'avais déjà été contactée par l'émission avant de faire partie des Soignantes, mais j'avais décliné leur invitation. Et lorsque nous avons commencé à enregistrer, nous avons réalisé à quel point cette émission pouvait nous donner de la visibilité et nous aider à porter notre projet. Abigaël : Après tout s'est enchaîné, l'album, un clip, des concerts, un projet de film puis de spectacle musical, l'envie de créer une fondation, des perspectives internationales... Un véritable tourbillon !LP : Comment êtes-vous perçues dans votre entourage professionnel ?Abigaël : Aux urgences nous sommes tous plutôt à l'agonie et dans un mode de survie au quotidien. Notre mission relève davantage de l'immédiat plutôt que de penser à comment mettre un peu de bien-être dans nos soins. Mais dans mon entourage professionnel immédiat, le fait que je sois urgentiste et musicienne/chanteuse, permet aux jeunes, par exemple, de se dire : "ce que tu fais montre qu'on a aussi le droit d'avoir une vie à côté" ! Et ça c'est ma petite pierre à l'édifice à moi. Ils sont tellement effrayés par le métier et l'effondrement du système de santé qu'ils finissent par se poser beaucoup de questions ... Certains renoncent même à leur carrière tellement les conditions sont difficiles. Mais le fait de savoir qu'on peut avoir une "autre" vie à l'extérieur permet d'imaginer qu'on peut trouver un équilibre et prendre du recul par rapport à ce travail que l'on doit exercer dans des conditions toujours plus désastreuses. Aïcha : dans mon entourage cela suscite pas mal de questions et de débats. Et c'est plutôt sain ! Dans tous les endroits où j'ai exercé, j'ai toujours chanté. Mais une chirurgienne (noire en plus) qui ose chanter, c'est choquant ! Ca ne se fait pas ! C'est pas l'endroit... Et puis les gens s'habituent et finissent par adhérer parce que c'est bien finalement pour tout le monde l'équipe médicale, le patient, le personnel. Ca cultive la bienveillance et la bonne humeur. Et ça change tout. Mais sur les réseaux sociaux, on nous dit aussi "oui c'est bien gentil tout ça mais on n'a pas le temps, c'est impossible à faire". Alors je réponds : "si j'opère 5 patientes par jour et que je chante 2 minutes avant chaque opération, cela ne représente que 10 minutes dans ma journée ! Pour moi la balance bénéfice /risque est claire. C'est quoi 10 minutes contre un meilleur vécu du patient et des soignants ?"LP : Arrivez-vous à tout concilier aujourd'hui vu votre succès ?Abigaël : Non, il faut être honnête, cela n'est pas facile du tout ! Ce n'est parce qu'on renvoie une image rayonnante sur les réseaux sociaux que nous le sommes. Il y a un peu de mise en scène dans tout cela. Nous voulons, certes, donner de la force aux autres avec notre projet, mais il n'y a que 24 heures dans une journée ! Nous sommes d'ailleurs dans une phase de réflexion après le tourbillon que nous avons vécu. Le projet est devenu énorme et nous dépasse un peu, tout s'est enchaîné si vite. On vend des albums, on a fait l'Alambra, on a reçu une standing ovation ... Wouaww c'était magnifique !!!Mais on n'oublie pas qu'on s'appelle les Soignantes, on veut garder notre identité tout en portant ce projet qui nous tient à coeur. Notre métier, c'est notre vocation, notre colonne vertébrale. Nous sommes des femmes et des mères aussi et nous avons besoin de concilier toutes nos vies. Aïcha : nous ne voulons pas être en mode survie tout le temps, ce n'est pas le but. Nous souhaitons inscrire notre projet dans la durée, tout en préservant notre santé physique, mentale, notre vie personnelle, notre couple, nos enfants. La passion c'est top, mais il faut continuer à tout gérer pour trouver le bon équilibre. Donc ce n'est franchement pas facile, on ne le cache pas. Mais on n'a pas fait tout ça pour s'arrêter là non plus. Nous souhaitons continuer à porter notre message et nous comptons faire évoluer le projet en l'ouvrant notamment aux autres. Parce que le but c'est de mettre en lumière d'autres initiatives, d'autres soignants qui propagent le bien-être autour d'eux en faisant quelque chose qui leur ressemble.LP : Quelles sont vos aspirations professionnelles et personnelles pour tendre vers un nouvel équilibre ?Abigaël : nous abordons cette deuxième étape en discutant beaucoup ensemble pour garder une cohérence globale dans la suite du projet à la hauteur de notre engagement. Le processus est en cours.LP : Auriez-vous un message particulier à adresser aux pharmaciens qui vont vous découvrir ?Abigaël : les pharmaciens sont des maillons hyper précieux dans la santé et je trouve que les médecins et les pharmaciens ne communiquent pas assez entre eux. Durant mes études, j'ai eu l'occasion de passer un peu de temps en pharmacie. Et c'est là que je me suis rendue compte à quel point le pharmacien est un maillon essentiel de la chaîne. C'est lui qui réexplique tout aux patients, le rassure, prend le temps de l'écouter au comptoir, de garder un lien avec les personnes isolées ou âgées qui viennent le voir. Ils assurent un lien social et humain essentiel.Aïcha : la pharmacie c'est un peu de la médecine de proximité en quelque sorte. Les pharmaciens sont en contact direct avec les patients ... Tous les jours , ils leur apportent du bien-être et beaucoup d'humanité. Il ne faut pas l'oublier.LP : Que peut-on vous souhaiter pour le futur ?Abigaël : personnellement, j'espère que le projet va se poursuivre pour faire du bien aux gens qui en ont besoin et pour redonner de l'espoir et aider les soignants. J'aimerais que ce projet serve de petite graine pour générer d'autres initiatives et améliorer les choses et qu'il porte une dimension humaine et caritative. Car c'est un projet politique, que l'on veuille ou non ! Nous sommes des soignantes, des femmes, des femmes racisées, des mères, des slasheuses. Nous vivons en France, un pays traversée par de graves tensions sociales. Notre projet est politique et féministe, il résonne avec ce qui se passe dans la société et le monde médical, avec la féminisation de la profession. Il fait écho au besoin des femmes de prendre leur place, de gagner en pouvoir de décision et d'orientation dans le système des soins de santé.Aïcha : J'aimerais que les soignantes s'inscrivent dans cette mouvance de femmes plus fortes, sans agressivité, à la Beyoncé ou à la Céline Dion pour aller au front de manière différente. Le côté humanitaire et caritatif de notre démarche doit rester essentiel à mes yeux pour mettre en lumière le monde médical et réussir à faire évoluer les choses.Acheter notre album devrait être perçu comme un acte citoyen (un peu comme pour les Restos du coeur) pour aider les soignants.Et si les pharmaciens vendaient les albums des Soignantes pour la bonne cause ?