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Aujourd'hui, on parle beaucoup de la déprescription qui s'avère être un must pour l'action climatique et qui permet en outre de générer des économies, tout en maintenant la qualité des soins. Cependant, on peut aussi agir en amont en prescrivant de façon raisonnée, en privilégiant les molécules les moins nuisibles pour la santé humaine et environnementale. Toute décision en la matière doit reposer sur une analyse objective des risques environnementaux et sanitaires, sur la base d'éléments factuels reconnus par la communauté scientifique européenne et/ou internationale. L'index PBT (pour Persistance, Bioaccumulation, Toxicité ) qui permet de prendre en compte l'impact environnemental dans la pratique quotidienne, est un élément de l'éco-conception des soins. Il classe les molécules de 0 à 9, en fonction de la somme de leurs scores de Persistance (0 à 3), de Bioaccumulation (0-3) et de Toxicité (0-3). Plus la valeur est haute, plus la substance présente un danger pour l'environnement. Mise au point par le Stockholm County Council, cette liste a été établie à partir des données fournies par les dossiers d'AMM, les tests de laboratoire et les industriels(1). En France, Primum non nocere, une entreprise de conseil en santé et environnement, en collaboration avec des institutions françaises, met au point un éco-score des médicaments. " Il intègre l'empreinte carbone des médicaments, les déchets générés, l'impact de leurs excipients et leur indice PBT. Il devrait sortir en mars-avril 2024 ", a expliqué Olivier Toma, lors de la conférence " Hôpitaux en transition ", organisée par Health Care Without Harm Europe(2). En Belgique, des projets semblables sont également en cours. Ainsi, la SSMG planche sur un outil d'aide à la prescription des médicaments, à partir des données disponibles sur l'impact environnemental des principes actifs et des excipients(1). Par exemple, quand on doit prescrire un AINS, quel ibuprofène choisir? " Certaines formulations contiennent du dioxyde de titane, classé cancérogène possible. Ce qui pose question quand on sait qu'il est interdit dans les denrées alimentaires mais pas dans les médicaments. Par ailleurs, l'ibuprofène est dégradé dans l'environnement, il a une toxicité chronique élevée et un faible potentiel de bioaccumulation. Au total, il a un score de risque modéré ", a précisé Céline Bertrand, de la Cellule environnement de la SSMG, lors de cette conférence. Quoiqu'il en soit ces démarches sont intéressantes parce qu'elles permettent de sensibiliser médecins et pharmaciens à l'impact environnemental des médicaments. En attendant, d'autres gestes simples permettent déjà de réduire l'empreinte des médicaments comme la lutte contre la sur-prescription et la sensibilisation à la gestion des médicaments inutilisés.