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Si cette pandémie est une première pour nous, depuis que l'homme vit en société, les épidémies ont jalonné son parcours. L'exposition "Covid-19, la nouvelle Peste Noire? " au Musée de la médecine s'ouvre sur la combinaison de rappels scientifiques de notions telles que le virus, sa transmission, les défenses immunitaires, les différents types de vaccins et du regard artistique de Celia Ducaju, peintre illustratrice scientifique à l'ULB. Ces 2 approches différentes et complémentaires permettent d'exprimer des ressentis variés. Il en va de même pour l'affiche qui représente la synthèse du sujet, oeuvre de l'artiste " Dill'm ". La majeure partie de l'exposition traite des grandes épidémies du passé, et plus particulièrement des épidémies de peste qui ont marqué l'imaginaire collectif, avec un regard sur l'évolution des notions d'hygiène et des pratiques médicales. Jusqu'au 18ème siècle, on pensait que les maladies étaient transmises par l'air qui contenait des miasmes, vecteurs de pathologies. Ainsi, il était recommandé de ne pas se laver et de ne pas changer de vêtement car la saleté constituait une couche protectrice et les odeurs étaient censées éloigner ces dangereux miasmes. Au Moyen Age, il était courant de faire des feux ou de brûler de l'encens pour purifier l'air. De même, les fameux masques en forme de bec d'oiseaux des médecins de la peste contenaient des plantes aux vertus assainissantes. Ce n'est que dans la deuxième moitié du 18ème siècle que l'hygiène est apparue. D'autre part, les épidémies sont des événements qui influencent le cours de l'histoire et déclenchent des changements de mentalité. Par exemple, c'est la peste d'Athènes au 5ème siècle, responsable de plusieurs dizaines de milliers de morts, qui expliquerait la défaite contre Sparte à la fin de l'âge d'or de la Grèce Antique. Déjà au 13ème siècle, les assaillants mongols utilisaient l'arme bactériologique en jetant des cadavres infectés par dessus les remparts des villes assiégées, disséminant ainsi la maladie! En outre, les mentalités ont évolué suite à ces événements qui touchaient des populations entières. Au départ, la maladie était considérée comme une punition divine, des responsables étaient identifiés: certaines femmes que l'on qualifiait de sorcières, certains animaux comme les chauve souris, les chats noirs... Les théories de l'Église ont été mises en doute de même que les vertus protectrices des saints vu leur manque d'efficacité... Les pratiques médicales ont évolué. Nous passerons de l'époque de Paracelse ou d'Ambroise Paré qui se référaient à l'alchimie et à l'astrologie à celle de Vésale qui commence les premières dissections. Enfin, l'exposition se poursuit avec quelques instruments utilisés jadis par les médecins et des oeuvres d'artistes contemporains, car la problématique des épidémies interpelle toujours. Des questions se posent effectivement sur l'avenir de la pandémie et ses conséquences sur notre mode de pensée et le fonctionnement de notre société.