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L'asbl Recip-e rassemble un certain nombre de dispensateurs de soins siégeant au sein du Comité de l'Assurance de l'Inami (médecins, dentistes, pharmaciens, kinésithérapeutes et infirmiers (à domicile)). La dématérialisation des prescriptions médicamenteuses a été un travail de longue haleine, explique sa directrice Katrien Thorré. "Nous avons commencé par une étude pilote lancée en décembre 2020, qui s'est poursuivie au cours du premier semestre 2021 ; à ce point dans le temps, deux suites de logiciels étaient déjà prêtes à sauter le pas. Les études pilotes nous ont permis d'identifier les points problématiques, que nous avons relayés à tous les développeurs de logiciels pour pharmacies afin de leur permettre d'appliquer les bonnes pratiques à leurs propres produits. Le 1er juin, les programmes utilisés par les pharmaciens étaient fin prêts ; la dématérialisation complète s'est toutefois fait attendre jusqu'au 15 septembre 2021, parce qu'il fallait aussi adapter ceux des prescripteurs." Aujourd'hui, on peut affirmer sans crainte que la dématérialisation est un succès: un peu plus d'un an après son introduction, deux tiers des ordonnances retirées dans les officines publiques sont dématérialisées, le tiers restant étant encore introduites sur papier ou par le biais d'une appli. Au-delà du gain de temps et d'efficience et de la réduction du risque d'erreurs, l'un des grands avantages de la dématérialisation est que la lecture de l'eID du patient confère au pharmacien un mandat pour consulter la liste des prescriptions en attente, explique Katrien Thorré. "Ceci lui offre l'occasion de dispenser des conseils si nécessaire, ce qui présente une réelle valeur ajoutée." Le système présente aussi des avantages pour le patient lui-même, notamment le fait de pouvoir accéder à ses propres prescriptions. "En ce sens, il endosse un rôle de copilote, puisqu'il peut contribuer à gérer ses ordonnances, vérifier s'il en a encore assez pour ses traitements chroniques ou contrôler si certaines sont devenues inutiles parce que la douleur ou le problème aigu a disparu." Comme tout grand projet informatique, celui-ci a souffert à ses débuts de quelques maladies d'enfance... qui ont heureusement pu être rapidement résolues en concertation avec les stakeholders, précise Katrien Thorré. "On est face à toute une chaîne dont chaque maillon doit fonctionner. Recip-e n'est pas coupée de la réalité du terrain ; nous dépendons de nos partenaires qui nous aident à garantir la continuité de nos services. Autant dire que de bons rapports et une communication rapide avec tous les acteurs concernés sont essentiels. Le 9 septembre 2021, à la veille de la dématérialisation, eHealth a également lancé une nouvelle plateforme, ce qui s'est soldé par quelques incidents heureusement vite résolus. Idem pour la validation et la création d'une nouvelle relation thérapeutique via le CIN-NIC. Là aussi, nous avons procédé à certaines optimisations - en collaboration avec eHealth, afin de garantir encore mieux la continuité des services. Nous avons aussi prévu une procédure d'urgence ("break the glass") afin que le pharmacien puisse continuer à assurer le service aux patients lorsqu'un élément, comme p.ex. la relation thérapeutique, n'est pas immédiatement disponible. Ces solutions ont pu arriver jusqu'aux pharmaciens grâce en partie aux développeurs de logiciels. La collaboration avec nos partenaires présente une réelle plus-value: avec le concours de l'APB, nous avons notamment aussi diffusé sur le terrain un software development kit avec les outils nécessaires pour adapter les logiciels de gestion d'officine." La dématérialisation a été un jalon majeur dans l'histoire de Recip-e, mais l'innovation ne s'arrête pas là. "Nous voudrions simplifier le processus de réservation d'une prescription pour le pharmacien et pour le malade, mais aussi améliorer les flux d'information entre le médecin, le pharmacien et le patient. Nous avons aussi une initiative en préparation pour les prescripteurs, qui pourront dans le futur voir non seulement leurs propres prescriptions, mais aussi celles d'autres soignants. Et puis il y a un projet en cours avec l'Inami autour des prescriptions de renvoi - pour les pharmaciens, ceci concernera par exemple les prescriptions de bandagisterie." "Les pharmaciens ont été les premiers prestataires de soins à voir leurs activités informatisées: les ventes, la tarification, tout cela reposait déjà sur des processus numériques. Nous allons à présent élargir l'informatisation à d'autres prestataires. Je pense par exemple aux infirmiers qui doivent réaliser des injections pour une phlébite: ces médicaments doivent évidemment être disponibles. Il y donc un lien avec la prescription pharmaceutique."