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Est-ce que tout s'arrange vraiment, comme nous l'espérons tous? L'histoire peut-elle nous apprendre quelque chose? Une affiche en guise d'illustration nous fait remonter le temps à plus de 100 ans. La 'Grande Guerre' touche à sa fin. En ce début d'année 1918, la grippe espagnole éclate. L'affiche montre comment, au siècle dernier, les gens ont combattu le virus de la grippe espagnole avec des ressources limitées. Est-ce inspirant? Du dentifrice au bicarbonate de soude au lieu d'une gargarisation? Se rincer le nez avec une solution saline physiologique plutôt que de la vapeur d'eau? Vaporiser une huile de thym et d'eucalyptus volatile pour désinfecter les pièces? Et qu'en est-il des publications sur les plantes médicinales pouvant jouer un rôle préventif ou curatif face au SARS-Cov-2? Il est de notre ressort, pharmaciens, d'éclairer ces publications. La teinture-mère Echinacea purpurea était par exemple efficace contre les refroidissements mais elle peut créer des problèmes chez les patients présentant des complications ou des troubles immunologiques. Tout cela ne doit pas détourner notre attention des campagnes de dépistage et de vaccination. Nous n'avons que respect envers les collègues qui travaillent dans les centres. Les pharmaciens montrent ce qu'un support pharmaceutique logistique signifie. A juste titre, le ministre Frank Vandenbroucke nous octroie un rôle important dans la distribution des autotests corona (différents des tests rapides! ). Nous sommes capables d'assurer le suivi. Il faut embrasser et choyer tout acte de soin qui nous déconnecte de la distribution classique en tant que source de revenus. Les trajets de soins, l'historique de médication, l'usage rationnel des médicaments, la gestion des déchets, la promotion d'une 'pharmacie verte', la surveillance de l'observance, l'arrêt du tabac, le dépistage dans le cadre de la prévention, les vaccinations, l'éducation à la santé et l'aide à l'utilisation des 'apps': l'Europe peut être inspirante. Certes, il n'est pas facile d'avoir une réflexion commune et d'agir avec 27 pays. Nous calmons notre frustration en nous tournant vers le Royaume-Uni où plus de 33 millions de Britanniques ont reçu au moins une injection. Ce même Royaume-Uni qui était à genoux en fin d'année. Les hôpitaux surpeuplés et le personnel médical surchargé reflétaient une situation désespérée. Le nombre de tests corona positifs par jour y est aujourd'hui plus bas qu'en Belgique. Les admissions à l'hôpital ont fondu comme neige au soleil.Il ne faut pas sous-estimer les Anglais. Ils ont versé du sang, de la sueur et des larmes lors des deux guerres mondiales. Ils ont dû abandonner leurs colonies. La seule perte de l'Inde et du Pakistan en 1947 a signifié plus de 400 millions de sujets en moins. Au Royaume-Uni, jusqu'aux années '50, les aliments de base comme le beurre, la charcuterie, le thé, le chocolat et le charbon étaient rationnés. Le RU est encore et toujours synonyme de sciences de grande qualité. Combattre la pandémie actuelle doit se faire ensemble, par l'échange de données médicales et épidémiologiques. Enfin, si nous n'avons pas encore compris que la qualité doit primer sur la quantité, il faut alors se demander ce qu'il y a lieu de faire. Que penser des modèles d'entreprise et des objectifs opérationnels, des indicateurs et des normes résistant à l'épreuve du temps? C'est un réel défi que de prévoir une latitude suffisante dans un tel modèle économique pour une prise en charge des soins la plus large possible. Soigner signifie perdre du temps pour les gens, de manière responsable. L'entrepreneuriat dans les soins de santé de qualité a un avenir, à condition d'être apprécié par la société. Nous, pharmaciens, savons ce que soigner veut dire. Avec une bonne dose de créativité, cela devrait fonctionner. Et, oui, peut-être que tout s'arrangera un jour.