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Fiona Apple n'est pas une pomme. 24 ans que cette Américaine réunit une tribu de fans fidèles de Quentin Tarantino à Barak Obama (pour Trump on est moins sûr) autour de son pop-rock alternatif original et très très personnel, pourtant à peine connu en Europe. Même si on l'a comparée à Tori Amos sans doute pour sa personnalité affirmée, son chant lui n'a rien de haut perché: sa voix puissante ( I Want You To Love Me) grave, presque râpeuse mais pas de rappeur lui a d'ailleurs valu un Grammy award en 2012, et elle en joue à plaisir ici. Percutant et percussif, même son jeu au piano, influencé par le jazz, l'ensemble paraît quelque peu percuté ( Shameika), plus encore sur Fetch The Bolt Cutter qui donne son titre à l'album et où la chanteuse finit par convoquer ses chiens! Mais rythmes et aboiements ne veulent pas dire musique assourdissante: car l'ensemble se base souvent certes sur une rythmique mais étonnement dépouillée notamment sur Under the table et son féminisme ironique, voire en colère ( For Her). Comme dans une pièce de Feydeau ou Labiche, c'est ce rythme au millimètre et cet artisanat ultratravaillé dans sa simplicité qui fait l'efficace beauté de ses compositions: Relay ne paraît être qu'une phrase scandée sur un rythme primal quasi africain voire amérindien, une danse transe hypnotique et pourtant.... C'est que cette perfectionniste qui se fait percussionniste peaufine à l'envi ses compositions: elle a d'ailleurs mis huit ans pour accoucher d'un successeur à The Idler Wheel. Bardée de ses 13 nouvelles chansons contrastées ( Ladies est par exemple un exercice de soul dénudée), Fiona répond une fois de plus présente à l'Apple...