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D'ailleurs aux murs sont accrochées des reproductions photos de Piaf, Brel, ou des peintures de jazzmen tels que Louis Amstrong. C'est encore le cas aujourd'hui puisque Stromae, fils spirituel du grand Jacques, y est venu s'asseoir, nous explique l'un des deux frères Karagianis qui on repris l'enseigne voici trois ans. Les propriétaires des Enfants du Pirée, dans le centre d'Uccle et au Vivier d'oie, ont relifté les lieux en conservant leurs âmes. Des copies de vieux banc de bois de chemin de fer 19e forment de petites alcôves à côté de banquettes de cuir noir plus moelleuses que surplombent des miroirs sur fond de beau carrelage clair rectangulaire. Aux beaux jours, une terrasse s'alanguit sur les deux trottoirs de la rue Dejoncker située à l'arrière du lien qui unit les soeurs Louise et Stéphanie. Présentée par un personnel, attentif, très aimable, voire obséquieux, la carte se révèle pléthorique (dotée de surcroît d'un écailler) et choisit de mettre en exergue la cuisine belgo- belge avec notamment en entrées (au nombre de 19, salades comprises) des croquettes de crevettes et fromages maisons de très bonne tenue, un os à moelle ou un foie gras qui détonne un peu. Même abondance au niveau des plats, avec un penchant prononcé pour les viandes, depuis toujours une spécialité des frères Karagianis : ici aussi l'on revisite notre pays en plats. Américain, stoemp, vol au vent, carbonnades flamandes sont proposés à la carte, tout comme les boulettes sans tomates, ou liégeoises au prix de 16,90 euros, ce qui est exagéré pour un plat aussi simple : la proximité de l'avenue Louise n'y est sans doute pas pour rien... Ceci dit des moules marinières à 21,90 euros, dans un côté mer réduit à la portion congrue et qui propose bien sûr une sole meunière, cela reste raisonnable (comme le menu trois services à 39 euros). L'assiette de cette cuisine de brasserie belge se révèle conforme aux attentes, avec, en exergue évidemment, la viande, irlandaise dans le cas du filet pur, accompagné d'une salade qu'on aurait aimé plus travaillée, d'une sauce au choix servie généreusement, ce qui est moins le cas de frites maison. Étonnamment, les desserts ne sont que sept (tous au même prix de huit euros cette fois), parmi lesquels les incunables tricolores que sont les crème brûlée, mousse au chocolat, dame blanche et autre gaufre de Bruxelles et auxquelles s'ajoute un moelleux au chocolat parfaitement réussi. Bien que grecs les propriétaires mettent peu de vin à la carte (en comparaison de celle des plats) choisissant un ancrage français du Languedoc (Domaine Preignes en vin maison) voire du Rousillon (en grenache noir, La Vielle Mule, Côtes Catalanes à 29 euros). Par contre, pour conserver l'esprit kermesse joyeuse, une page entière dans la carte est dévolue aux bières, choisissant plutôt la valeur sûre que la découverte, avec notamment une Gouden Carolus, de la Triple Westmalle ou encore une panoplie de Rochefort. Et heureusement, bien que l'on soit au rendez-vous des artistes, l'on n'y trouve pas d'infâme Vedett !