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Si, une fois n'est pas coutume, la Belgique accueille ce congrès d'envergure internationale, c'est aussi à deux Belges qu'on a confié la mise au point du programme scientifique. "Et qui plus est, à une wallonne et une flamande, souligne Olivia Dalleur, pharmacienne clinicienne aux Cliniques universitaires Saint-Luc (Bruxelles) et professeure à l'UCLouvain. Exceptionnellement, ce workshop, qui attire autant les pharmaciens communautaires qu'hospitaliers, est organisé en Belgique, avec, à la tête des comités organisateur et scientifique, deux compatriotes, à savoir Siska Desplenter (UPC KU Leuven) et moi-même. C'est un congrès international mais le hasard des choses fait que cette année, il est vraiment très belge!" La Société européenne de pharmacie clinique (ESCP) organise deux événements par an: un grand congrès en automne et un workshop au printemps. "C'est la 4e fois que nous organisons un atelier de l'ESCP en Belgique, se félicite Siska Desplenter. En 2008 (sur le thème de l'oncologie) et 2012 (sur le thème des infections), nous avons accueilli un public international à Louvain (où j'étais également coresponsable de l'organisation). Ensuite, en 2019, c'est déjà à Anvers que le workshop de printemps de l'ESCP s'était installé, à cette occasion, c'était les anticoagulants qui avaient occupé le devant de la scène." "L'objectif du workshop est d'approfondir un sujet avec des exercices et des séances pratiques pour les participants, ajoute Olivia Dalleur. Cette année, la thématique est la pharmacie clinique avancée, en particulier relative au diabète et aux maladies cardio-vasculaires (MCV). Comme il y a beaucoup de nouveautés médicamenteuses dans ces domaines, c'est le moment de donner l'occasion aux pharmaciens de se familiariser avec ces avancées. Nous avons concocté le programme pour qu'il soit intéressant à la fois pour les pharmaciens hospitaliers et pour ceux qui travaillent en officine ouverte au public." Concrètement, le programme se divise en deux conférences plénières par jour et quatre workshops d'une durée de 4 heures. La première conférence du jeudi 20 avril, "New evidence and emerging data in diabetes therapy: from research innovation to latest guidelines" sera donnée par Philip Newland-Jones (University Hospital Southampton, GB). "Afin d'avoir un point de vue le plus large possible sur la thématique, les invités sont pharmaciens, communautaires et hospitaliers, et médecins. Le premier intervenant, Philip Newland-Jones, est un pharmacien spécialisé, il fera le point sur les thérapies du diabète et sur les dernières recommandations en la matière. C'est la première fois qu'on confie la séance plénière d'ouverture à un pharmacien. En général, elle était donnée par un médecin", explique Olivia Dalleur. "Pour la deuxième conférence, c'est de nouveau une pharmacienne qui va nous parler: la britannique Alia Gilani, spécialiste du diabète, qui expliquera les techniques de pharmacie clinique avancée dans le diabète ("Advanced pharmaceutical care in diabetes"), d'un point de vue théorique, sachant que les deux intervenants de cette première journée animent aussi des workshops où les aspects pratiques seront développés." Le second jour, le vendredi 21 avril, le Pr Frederik Verbrugge, cardiologue intensiviste et chef de clinique à l'UZ Brussels, fera un exposé intitulé "Updates in cardiovascular co-morbidities prevention". Ensuite, Goos Laverman, professeur de médecine interne à l'Université de Twente aux Pays-Bas, donnera une conférence sur le thème "Integrated approach to reach the treatment targets in persons with type 2 diabetes". "Le Pr Verbrugge parlera donc des pathologies cardio-vasculaires, sachant que certains des nouveaux médicaments utilisés dans le diabète ont maintenant aussi des indications dans les pathologies cardio-vasculaires comme l'insuffisance cardiaque, et le Pr Laverman expliquera les cibles de traitement dans le diabète de type 2." Les participants pourront choisir entre 4 workshops et en suivre deux pendant le congrès, un le jeudi et un autre le vendredi. Un workshop est dédié à l'usage des médicaments injectables dans le traitement du diabète et aux nouvelles technologies de monitoring du diabète etc. Un deuxième est en lien avec la prise en charge du diabète en première ligne, aux soins primaires en ambulatoire (pharmacies ouvertes au public et médecine générale), avec à la fois les aspects liés au traitement mais aussi à l'hygiène de vie et aux solutions non pharmacologiques. Il y a un troisième workshop sur les inégalités (Tackling inequalities): il s'agit d'aider le pharmacien à personnaliser le traitement du diabète et des maladies cardio-vasculaires, en tenant compte des facteurs sociaux dans l'éducation thérapeutique. Enfin, le quatrième workshop est plus axé sur la revue de médication. "Ceci devrait beaucoup intéresser les pharmaciens belges, constate Olivia Dalleur, étant donné le nouveau projet prévu pour le printemps. Ici, la revue de médication concernera le diabète chez le patient atteint de multicomorbidités. Avec des cas réels de patients qui viennent à l'hôpital ou à la pharmacie et qui présentent souvent une combinaison de pathologies cardio-vasculaires ou autres (respiratoires etc). Il s'agit de voir comment assurer une prise en charge globale de ces patients au diabète compliqué." Deux workshops seront donc assurés par des orateurs de séances plénières: Philip Newland-Jones se chargera de celui sur les patients diabétiques avec comorbidités et Alia Gilani de celui sur les inégalités. Celui sur le style de vie et la prise en charge personnalisée du diabète en soins primaires sera animé par une pharmacienne néerlandaise, Anne-Margreet Krijger, et une belge, Charlotte Verrue (Ophaco). Annemie Somers (pharmacienne hospitalière à l'UZ Gent) conduira le workshop sur l'utilisation des injectables et des dispositifs de monitoring. La récente utilisation des antidiabétiques pour maigrir dont les réseaux sociaux se sont chargés de faire la publicité ne manquera pas d'être évoquée au cours de ce congrès. "C'est une des raisons pour lesquelles on voulait grouper les deux thématiques (diabète et MCV), on voulait également pouvoir évoquer les nouveaux usages de ces médicaments contre le diabète. C'est un problème complexe et on doit se préparer à ces usages-là et à la façon dont on peut répondre comme pharmacien, à la fois à l'hôpital et en officine, aux besoins des patients. Quand on lit la littérature scientifique, ces médicaments semblent avoir des résultats vraiment très prometteurs dans la gestion de l'obésité etc., mais cela pose en même temps un gros problème de disponibilité pour le moment", remarque la Pr Dalleur. Plus globalement, ce type de congrès/workshop répond aussi au développement croissant de la pharmacie clinique, même en officine: "C'est pour ça que j'insiste sur le fait que, même si le congrès s'appelle 'pharmacie clinique' et qu'en Belgique, on a plutôt tendance à associer ce terme avec la pratique hospitalière, le congrès (comme le montrent les thématiques et workshops) s'adresse aussi aux pharmaciens d'officine. On a vraiment beaucoup pensé à eux au moment d'élaborer le programme. Je pense que ce genre de workshop est vraiment très utile pour eux." Autre argument pour finir de convaincre les pharmaciens à se rendre à Anvers: pour une fois, il est possible d'assister à un congrès d'envergure internationale à côté de chez soi. "Qui plus est dans une ambiance assez conviviale parce que ce n'est pas un gros congrès où il y a 4000 personnes, il reste à taille humaine (environ 150 participants)." Dernier point: les thématiques choisies concernent des patients que les pharmaciens rencontrent tous les jours. "Et ce congrès est vraiment orienté vers la pratique, avec des sessions en petits groupes. Je pense qu'à la veille de l'ouverture du nouveau projet de revue de médication en Belgique, ce genre de formation c'est une aubaine! Dans notre pays, il y a beaucoup d'initiatives pour la formation des pharmaciens d'officine à la revue de médication, aux soins pharmaceutiques..., dans les universités et les associations professionnelles. Ce workshop est une opportunité supplémentaire, internationale, pour rencontrer d'autres pharmaciens, faire des échanges de pratiques. Il y a aussi des séances de communications orales (6) et des présentations de posters (45), des chercheurs seront là. L'année passée, avec mes étudiants, on a fait une enquête sur la validation pharmaceutique à l'hôpital dont l'abstract vient d'être sélectionné pour une communication orale lors de ce congrès! À l'ESCP, c'est souvent de la recherche très orientée pratique et clinique et donc c'est toujours intéressant de venir s'inspirer de ce que font les pharmaciens des pays voisins", conclut Olivia Dalleur. "C'est l'occasion idéale de nouer des contacts avec des collègues nationaux et étrangers, tant pendant le programme scientifique que pendant les pauses et la réception à l'hôtel de ville d'Anvers. Je suis ravie d'accueillir à nouveau l'ESCP en Belgique et j'espère y rencontrer à nouveau de nombreux amis et collègues", se réjouit Siska Desplenter.