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De plus en plus de données montrent que la pollution atmosphérique est un nouveau facteur de risque de diabète de type 2. Dans ce cas, n'est-il pas dangereux de faire de l'exercice physique? Cette question est d'autant plus cruciale que plus de 90% de la population mondiale vit dans un environnement où la qualité de l'air ne répond pas aux directives de l'OMS. Une équipe sino-néerlandaise (Xiang Qian L. et la) (1) s'est demandé quelles étaient les associations entre activité physique régulière, exposition chronique aux particules fines d'un diamètre inférieur à 2,5mm (PM2,5) et incidence du diabète de type 2. Ces chercheurs ont recueilli des données concernant plus de 150.000 adultes à Taïwan, une ville où la concentration annuelle de PM2,5 est environ 2,6 fois supérieure à la limite recommandée par l'OMS. Les participants ayant une activité physique élevée combinée à de faibles niveaux d'exposition chronique aux PM2,5 présentaient un risque plus faible (-64%) de développer un diabète de type 2, que ceux ayant des niveaux faibles d'activité physique combinés à des niveaux élevés d'exposition chronique aux PM2,5. De plus, les bénéfices de l'activité physique habituelle sur cette affection sont restés stables chez les participants quels que soient les niveaux d'exposition aux PM2,5. Quant à l'effet sur le risque de diabète, il semblait plus prononcé pour des niveaux de pollution plus élevés que pour des niveaux d'activité physique plus faibles. Comment expliquer ces données? Selon les auteurs, il faut les mettre en relation avec les améliorations métaboliques engendrées par l'activité physique, qui permettent de prévenir le développement du diabète: "La pollution pourrait exercer son effet en provoquant une inflammation, notamment dans les poumons, les vaisseaux sanguins et le système nerveux central. Une étude précédente a également montré que les polluants inhalés pendant l'exercice ne représentent qu'une petite fraction de ceux inhalés globalement par une personne, ce qui pourrait expliquer pourquoi l'effet de l'activité physique sur le risque de diabète est similaire, même en présence de différents niveaux de pollution". Ainsi, l'activité physique habituelle est une stratégie sûre de prévention du diabète, même pour les personnes qui résident dans des zones relativement polluées et qui devraient donc être encouragées à rester actives. Dès lors, quel rythme adopter pour prévenir le diabète? Des chercheurs néo-zélandais (François M. et al) ont démontré que de courtes périodes d'exercices intenses (90% de la fréquence cardiaque maximale) 30 minutes avant les repas permettent de mieux contrôler la glycémie chez les personnes présentant une résistance à l'insuline qu'une séance quotidienne de 30 minutes d'exercices modérés (60% FCM) et continus avant le repas du soir". (2) Ces travaux renforcent l'intérêt récent pour la répétition de périodes d'exercice brèves et intenses (par opposition à une seule séance d'exercice prolongée et continue) pour prévenir les maladies cardiométaboliques. Or, les recommandations internationales conseillent généralement de pratiquer 30 minutes d'exercice modéré 5 fois par semaine: un rythme que ne peuvent soutenir de nombreuses personnes sédentaires ou peu actives. Des recherches antérieures ont déjà montré que des pauses plus fréquentes dans le temps de sédentarité sont bénéfiques pour le contrôle du tour de taille, de la glycémie et d'autres paramètres métaboliques. Grignoter des exercices plutôt que des sucreries, en quelque sorte. Dans cette étude néo-zélandaise, les séances d'exercice brèves et intenses, qualifiées de "snacks", (6x1minute de marche et d'exercices de résistance combinés, par intervalles, 30 minutes avant le petit-déjeuner, le déjeuner et le dîner) ont entraîné une réduction de 12% de la glycémie moyenne postprandiale (la moyenne des trois repas), un effet qui s'est également maintenu le jour suivant. "La réduction des pics glycémiques post-prandiaux est importante pour réduire le risque de développer un diabète de type 2 et les complications associées. Le dosage de ces petites quantités d'exercice de haute intensité avant les repas (en particulier avant le petit-déjeuner et le dîner) peut être un moyen plus efficace d'intégrer l'exercice dans la journée, plutôt que d'y consacrer plus de temps", estime Monique François, l'une des auteurs. "Nos données indiquent que, pour les personnes qui sont résistantes à l'insuline et qui connaissent des augmentations marquées de la glycémie post-prandiale, le moment et l'intensité de l'exercice doivent être pris en compte pour optimiser le contrôle de la glycémie. La 'collation' d'exercices est une approche nouvelle et efficace pour améliorer le contrôle de la glycémie chez ce type de patients", conclut-elle. Les chercheurs soulignent que l'avantage des séances plus courtes est qu'elles sont jugées plus agréables que les séances plus longues et qu'elles pourraient donc être plus facilement adoptées par ceux qui ont du mal à être un peu plus actifs. D'autant que cette étude et d'autres montrent que si l'exercice est intense, il peut n'être effectué qu'un jour sur deux... Qui dit mieux?