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Pourquoi avez-vous entamé des études de pharmacie? C'est sans doute lié au milieu dans lequel j'ai grandi, mon papa est kiné, ma maman travaille en biologie clinique, quand je me suis me suis décidée, ma soeur venait d'être diplômée pédicure-podologue, ma marraine travaillait en pharmacie... En grandissant, c'est la pharmacie qui m'a attirée, je voulais travailler dans le secteur médical mais moins dans le soin, c'est le côté traitement qui m'intéressait. Vous êtes originaire de Perpignan. Comment avez-vous atterri en Belgique? Parce qu'en France, pour choisir nos études, c'est un peu différent, c'est un concours global pour diverses spécialisations. Or, je savais que je voulais être pharmacienne et pas spécialement médecin, sage-femme ou autre. Je suis donc arrivée en 2011 en Belgique pour entamer mon cursus de pharmacie à l'UCLouvain. Je suis venue avec un groupe d'amis de Perpignan, nous étions 4, les autres ont entrepris des études de médecine. Les années ont passé, j'ai obtenu mon diplôme, je suis en couple avec un Belge, donc, la vie a fait que je me suis bien intégrée à mon environnement ici. Sur les trois amis qui m'ont accompagnée, un est aussi resté en Belgique, il est dentiste, les deux autres sont retournés en France. Le soleil et le sud ne vous manquent pas? Ma culture et certainement le soleil me manquent! Maintenant, les opportunités professionnelles, le cadre de vie que j'ai ici, la population, l'ambiance etc. comblent ce manque. Dès que j'en ai l'occasion, je retourne dans le sud pour refaire le plein de vitamines. Sauf évidemment pendant le Covid. Cela fait bientôt deux ans que c'est plus complexe et qu'on ressent un peu plus l'éloignement. Aujourd'hui, vous travaillez dans l'industrie pharmaceutique. Pourquoi avoir choisi cette spécialisation? Durant mon cursus, j'ai fait des stages en industrie pharmaceutique, en biologie clinique et en officine, pour essayer de trouver une voie qui me convenait. Après avoir fini mes études, j'ai commencé ma carrière en officine, en faisant des remplacements. Ce job m'a beaucoup plu, j'ai aimé le contact avec les patients mais, très vite, j'ai voulu avoir une autre corde à mon arc. Après avoir travaillé un an, je me suis dit que la vie professionnelle était longue. Est-ce que j'allais travailler toute ma vie en officine? Ne serait-il pas intéressant que je reprenne rapidement mes études? Ne serait-ce pas le bon moment par rapport à la vie familiale? Je me suis donc inscrite au master de spécialisation en industrie pharmaceutique, réalisé en collaboration avec l'ULiège, l'ULB et l'UCLouvain. Depuis 2018, je suis diplômée en pharmacie d'industrie. En fait, en réalisant cette spécialisation, j'ai vraiment trouvé un domaine qui me plaît et où je m'épanouis. Pendant ce master, j'ai fait un stage chez GSK où j'ai ensuite été engagée dans la fonction de 'Quality for Supplier and Incoming Material', pour la gestion de la qualité fournisseur et des matières entrantes. J'étais contente de mon job, mais je voulais obtenir la certification QP (Qualified Person), le Pharmacien Responsable. Et, j'ai justement reçu une offre d'emploi de la firme Zoetis mentionnant que ce job pouvait me permettre d'obtenir cette qualification QP. Dès lors, je suis rentrée chez Zoetis qui de plus m'offrait un CDI, soit la sécurité d'emploi avec la certification QP à la clé (que j'ai obtenue en décembre 2020). Quel est le rôle du pharmacien responsable? Dans le département Assurance Qualité, le QP c'est le pharmacien responsable de la libération des lots sur le marché. Il certifie que chaque lot d'un médicament satisfait à toutes les dispositions requises lorsqu'il sort d'une installation de fabrication. C'est cet aspect qui m'a plu, le challenge scientifique et professionnel: le pharmacien agit pour assurer la qualité, la sécurité et l'efficacité de son traitement. Par ailleurs, travailler dans le domaine plus biologique du vaccin m'intéressait fortement, c'est pour ça que je n'ai pas hésité à partir chez Zoetis qui produit plusieurs vaccins (ovins, bovins, équins, félins, canins, volaille), de la substance active jusqu'au packaging. Votre travail n'est-il pas trop administratif? Ma fonction est très hybride, elle me permet de trouver un bon équilibre. Il faut savoir qu'au département Assurance Qualité, certaines fonctions sont très opérationnelles et nécessitent une intervention sur le terrain. C'est la casquette que j'ai aujourd'hui, à la fois au bureau mais aussi sur les lignes de production, aller voir les opérateurs, prendre des décisions sur le terrain... Actuellement, je travaille pour les domaines félins et canins et pour les traitements des problèmes articulaires (AC monoclonaux). Cette fonction me plaît par dessus tout parce qu'elle est très dynamique, en fonction des problématiques rencontrées, une journée n'est pas l'autre. Vous portez également une autre casquette, celle de présidente de PharmaLouvain, l'association royale des pharmaciens diplômés de l'UCLouvain. Pourquoi cet engagement? J'ai repris la présidence de PharmaLouvain depuis mars 2018, pour un mandat de 4 ans. Créée en 1922, cette association fait le lien entre les étudiants et les professionnels. L'ancien bureau était là depuis plusieurs années et il y avait un détachement entre l'association en elle-même et les étudiants. Si l'association vieillit et ne prend jamais à bord de jeunes diplômés, une distance se crée entre les anciennes et les nouvelles générations. Nous avons donc renouvelé le bureau en intégrant de jeunes pharmaciens diplômés entre 2015 et 2018. On essaie de redynamiser, de relancer l'association en faisant de nouveaux événements et de promouvoir cette continuité entre les études et le milieu professionnel. Quelles sont les activités de PharmaLouvain? Pour ce qui concerne les étudiants, chaque année, on organise la proclamation des pharmaciens, qui est un événement majeur dans la vie des diplômés. On a dû l'annuler en 2020 à cause du Covid mais, cette année, nous avons fait la proclamation des deux promotions 2020 et 2021. On organise aussi l'InfoDay Carrière en mars. C'est le salon de la pharmacie où on présente toutes les opportunités, les filières plus traditionnelles comme l'officine et les spécialisations comme l'industrie, la biologie clinique, l'hôpital ou la recherche. Mais il y a une pluralité de métiers que le pharmacien peut faire, cette journée sert à présenter ces parcours plus atypiques: la tabacologie, la bandagisterie, l'Ordre des pharmaciens, le professorat... Nous voulons donner une vue beaucoup plus large aux étudiants. Depuis 2020, nous organisons également une journée de formation continue élaborée en partenariat avec le Certificat en Soins Pharmaceutiques de l'UCLouvain. La première édition traitait de la prise en charge des patients atteints d'un cancer et de la continuité des soins hôpital-officine. La deuxième édition qui a eu lieu le 5 octobre, a porté à nouveau sur la continuité des soins, mais cette fois pour les patients sous anticoagulants. Quels sont les projets de l'association? Pour l'instant, nos activités sont encore fort axées vers les étudiants et la pharmacie d'officine. Or, tous les pharmaciens, peu importe leur spécialisation, sont alumni de PharmaLouvain, nous espérons donc pouvoir nous développer vers d'autres secteurs, comme l'industrie, la pharmacie hospitalière, la biologie clinique, la recherche... avoir des événements qui touchent tous les secteurs. Enfin, en 2022, nous espérons pouvoir célébrer le centenaire de PharmaLouvain. Selon l'évolution de la pandémie, nous projetons de le fêter en octobre-novembre 2022. Quel impact a eu le Covid pour vous? Depuis le début de la pandémie, je n'ai quasiment pas fait de télétravail. Ce qui prouve que ma fonction est bien opérationnelle. Les lignes de production ont continué à fonctionner de la même façon. Cela n'a pas eu un gros impact sur ma vie professionnelle et je me rends compte que nous sommes très peu dans ce cas. En revanche, cela a bien sûr impacté ma vie privée et les activités comme PharmaLouvain. Il faut remettre la machine en marche: j'ai dit à l'équipe que chaque pierre apportée permet de construire un édifice, c'est long, il faut repartir doucement, en fonction des moyens de l'association et de ce que le Covid nous permet. Comment voyez-vous la suite de votre carrière? Pour l'instant, je suis très bien où je suis. A terme, j'aimerais pouvoir gérer un groupe de personnes, développer une équipe. Mais je vois mon avenir dans l'industrie, parce qu'elle regorge de multiples possibilités. Il me faudra encore de nombreuses années avant d'avoir touché à tout et de croire que je connais l'industrie!