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Ces dernières années, on s'est habitué à voir le Nutri-Score sur les emballages des denrées alimentaires. Ce logo qui indique la qualité nutritionnelle des aliments est basé sur une échelle de 5 couleurs (vert à rouge) et de 5 lettres (de A pour ceux à privilégier, à E pour ceux à limiter). Il vise à guider les consommateurs vers des choix plus sains, en complément des recommandations alimentaires, et à encourager les industriels à améliorer la qualité nutritionnelle de leurs produits. Mis en place en 2017 en France, il a ensuite été adopté par six autres pays: Belgique (en 2019), Suisse, Allemagne, Luxembourg, Espagne et Pays-Bas. Son utilisation est volontaire et le droit d'apposer le logo est délivré gratuitement aux producteurs et distributeurs d'aliments qui en font la demande(1). Le Nutri-Score se calcule à l'aide d'une méthode validée scientifiquement qui tient compte de la teneur en aliments et nutriments à encourager (fibres, protéines, fruits, légumes, légumineuses, noix...) et à limiter (calories, sucres, sel, graisses saturées...), le tout calculé par 100 g ou 100ml. Selon le score obtenu, le produit reçoit une lettre et une couleur. Il convient cependant de ne pas consommer de façon excessive une denrée d'une couleur donnée, la clé étant toujours la variété. Il faut également garder à l'esprit que ce système ne tient pas compte de la taille des portions, ni du caractère ultra-transformé, ni de la présence de résidus de pesticides, d'allergènes etc. Depuis sa création, il était prévu que l'algorithme de calcul du Nutri-Score soit régulièrement révisé sur la base de l'évolution des connaissances scientifiques et donc des recommandations nutritionnelles nationales, mais également en fonction de l'évolution de l'offre alimentaire (produits nouveaux, reformulés..) et de l'adoption du logo par les consommateurs. En 2021, les 7 pays engagés ont mis en place une gouvernance transnationale afin d'harmoniser les règles d'utilisation du logo et de revoir son mode de calcul. En juillet 2022, des modifications ont ainsi été proposées pour les aliments solides: meilleure différenciation entre les produits selon leur teneur en sel et en sucres, entre les aliments complets riches en fibres et les aliments raffinés et entre les produits laitiers sucrés et non sucrés, ainsi que les différents types de fromage ; et une meilleure classification des poissons gras, des huiles moins riches en graisses saturées (olive, colza, noix...) et de la volaille par rapport à la viande rouge(2). En mars 2023, les experts se sont prononcés sur les modifications à apporter aux boissons: inclusion du lait, des boissons lactées et végétales, différenciation des boissons selon leur teneur en sucres, en particulier pour les peu sucrées, et prise en compte de la présence d'édulcorants afin de limiter la substitution des sucres par ces additifs. Le tout en maintenant la position de l'eau en catégorie A comme seule boisson recommandée et en conservant une classification globalement similaire des jus de fruits, nectars et smoothies. En Belgique, Allemagne, Suisse et aux Pays-Bas, le nouvel algorithme est entré en vigueur le 1er janvier 2024. En France et au Luxembourg, il sera effectif au printemps 2024. Suite à cette révision, on estime que 30 et 40% des produits verront leur score évoluer. Les industriels ont jusque fin 2025 pour adapter leurs logos. Même s'il ne se concentre que sur l'information nutritionnelle, le Nutri-Score semble avoir un impact sur la santé publique. Globalement, l'étiquetage nutritionnel sur le devant des emballages est considéré comme un élément de plus en plus important dans la lutte contre les maladies non transmissibles. Pour l'OMS, c'est l'une des mesures qui permettent d'améliorer l'alimentation de la population. C'est ce que montre un rapport du Joint Research Center(3) de la Commission européenne, qui confirme l'intérêt du Nutri-Score pour guider les consommateurs vers des régimes alimentaires plus sains et pour stimuler la reformulation des produits alimentaires et l'innovation. " Des étiquettes plus simples, évaluatives et dotées d'un code couleur semblent mieux adaptées pour répondre aux besoins d'information des consommateurs ", notent les auteurs de cette étude. Pour le Pr Serge Hercberg, initiateur du logo, " il est important de rappeler à quel point le Nutri-Score est un véritable outil de santé publique basé sur la science. " L'une des dernières études en date(4) démontre la complémentarité entre la version actualisée du Nutri-Score, informant donc sur la composition nutritionnelle, et la classification NOVA, informant sur le degré de transformation alimentaire. Globalement, la mise à jour de l'algorithme a entraîné une réduction du nombre de produits classés A et B et une augmentation de ceux classés D ou E pour toutes les catégories NOVA, les aliments non transformés étant les moins touchés et les ultra-transformés les plus touchés. Parmi les aliments ultra-transformés évalués favorablement avec le Nutri-Score initial, les boissons artificiellement sucrées, les boissons sucrées à base de plantes et les produits de panification sont les plus pénalisés par la révision alors que les eaux aromatisées à faible teneur en sucre, les préparations à base de fruits et de légumineuses ont été les moins affectées. " Ces résultats indiquent que la mise à jour du Nutri-Score renforce sa cohérence avec la classification NOVA, même si les deux systèmes mesurent deux dimensions distinctes de la santé au niveau des aliments ", commentent ces chercheurs. Ces deux notions doivent néanmoins être prises en compte dans le choix d'une alimentation saine, laquelle vient en complément d'un mode vie actif.