De plus en plus de villes et de communes se dotent aujourd'hui de plans de circulation et réduisent dans la foulée les possibilités de se garer en rue. Malheureusement, leur stratégie en la matière ne prend pas toujours en compte les besoins spécifiques des patients et autres citoyens qui veulent se rendre chez leur pharmacien attitré...
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La volonté de poser des limites à la circulation automobile et de réorganiser un espace public limité est une tendance qui s'observe partout dans le monde. À cette fin, des plans de circulation sont introduits pour bannir la circulation de transit de certains quartiers et les places de stationnement en rue sont supprimées au profit d'autres fonctions. Ceux qui veulent se rendre en ville en voiture sont donc orientés vers des parkings payants ou des emplacements shop&go où la durée de stationnement est limitée à 30 ou 45 minutes, soit juste le temps de faire quelques courses en coup de vent. Lors de l'introduction de ces plans de mobilité, les autorités ne tiennent généralement pas compte des besoins spécifiques des officines, souligne Hilde Deneyer, directrice générale du Vlaams ApothekersNetwerk (VAN). "Les soins pharmaceutiques ne peuvent absolument pas se comparer à une visite à la boulangerie ou dans un magasin de vêtements. Nous comprenons bien que tous les commerçants aimeraient avoir des places de parking à proximité, mais nous tenons tout de même à souligner que les soins pharmaceutiques devraient être accessibles à tout moment à tout citoyen, sans exceptions. Ceci a forcément des implications pour la politique de stationnement des villes et communes, que nous voulons donc appeler à entrer en dialogue avec le secteur." À Louvain, le Brabants Apothekers Forum (BAF) a obtenu une concertation sur la question avec les autorités locales, dans le cadre de laquelle il a réclamé une attention accrue aux besoins de trois groupes cibles. Le premier est celui des personnes à mobilité réduite, comme les usagers en chaise roulante, mais aussi p.ex. les patients qui se déplacent avec un dispositif de soutien (attelle, béquilles...) à la suite d'un traumatisme. Ces personnes auront souvent besoin de faire appel aux soins de première ligne de leur pharmacien de référence, que ce soit pour des conseils de bandagisterie, une éruption cutanée ou même un simple rhume. Ensuite, il y a les parents qui se présentent à l'officine avec un enfant ou un nourrisson, en quête de soins de première ligne immédiatement accessibles et efficaces pour des taches cutanées, une suspicion d'insolation, une toux préoccupante, etc. Ces deux premiers groupes ont un intérêt réel à bénéficier de places de parking près de la pharmacie en raison de leurs problèmes de mobilité ou parce qu'ils se déplacent avec de jeunes enfants. Un troisième groupe est celui des patients qui ont besoin de soins en-dehors des heures d'ouverture normales de la pharmacie, souvent des personnes qui n'habitent pas en ville et qui dépendent de leur voiture parce que les transports publics sont trop lents ou ne roulent tout simplement plus (dans le cas où elles sollicitent la garde de nuit). Le BAF a rappelé à cet égard que le centre de Louvain compte 22 officines qui assurent chacune 16 gardes de nuit et 10 gardes de jour par an pour un territoire qui s'étend de Keerbergen au nord à Huldenberg au sud. S'ajoute à cela que la pharmacie de garde est souvent sollicitée pour des soins pharmaceutiques urgents, où le facteur temps joue évidemment un rôle crucial. On se doute qu'une personne qui vient chercher des médicaments pour un proche malade voudra retourner au plus vite à son chevet! Le VAN souligne encore qu'une bonne accessibilité des officines est la suite logique de la demande de soins de santé et de bien-être de qualité, efficaces et, justement, accessibles. Le pharmacien est un prestataire de première ligne qui contribue à soulager la pression qui pèse sur les généralistes et les services d'urgence, pendant les gardes et en-dehors. "Avec l'évolution vers des quartiers chaleureux et solidaires un peu partout en Flandre, la question de la mobilité devient vraiment une priorité", souligne Hilde Deneyer. Certains commerçants ont réagi à la modification de la politique de stationnement en déménageant en-dehors des villes, à un endroit où les places de parking ne manquent pas. Les pharmacies n'ont toutefois pas cette possibilité, rappelle Hilde Deneyer. "La pharmacie, c'est une parcelle cadastrale associée à un code APB unique, obligatoire pour toute officine ouverte au public. Ouvrir une pharmacie avec un nouveau numéro APB n'est pas possible en raison du moratoire, seuls les fusions et transferts restant autorisés - et encore, les seconds sont soumis à des conditions très strictes. Les fusions, elles, supposent que l'une des officines qui se regroupent ferme ses portes, ce qui accroît la pression sur le rôle de garde et n'améliore évidemment pas l'accessibilité des soins." La solution proposée par le BAF est de prévoir des places de parking spécifiques où la durée de stationnement serait limitée. La concertation est en cours avec la ville de Louvain pour définir les modalités concrètes.