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L eBrabants Apothekersforum (BAF) a demandé à Marc Dooms de le représenter au conseil d'administration du Panal (Palliatief Netwerk Arrondissement Leuven, le réseau palliatif de l'Arrondissement de Louvain), quand il a pris sa retraite. Alors qu'il n'avait été qu'indirectement impliqué dans les soins palliatifs en sa qualité de pharmacien hospitalier, il s'est retrouvé confronté aux questions pratiques de ses collègues: "En fin de vie, les patients éprouvent souvent des difficultés à avaler. On pile les comprimés pour en faciliter l'ingestion mais ce n'est pas possible avec les cachets à effet retard. De même, certains patches utilisés en soins palliatifs peuvent être découpés, d'autres pas. Nous recevons régulièrement des questions à ce propos. Les pharmacies hospitalières tiennent une banque de données constamment mise à jour et que tous les pharmaciens peuvent consulter gratuitement." (2) Marc Dooms constate que les soins palliatifs débutent souvent trop tard. "Je peux le comprendre: il est difficile de voir la réalité en face. C'est toutefois regrettable car les meilleurs soins palliatifs sont ceux qui commencent à temps. J'estime que le pharmacien, surtout s'il s'agit du pharmacien de référence, est bien placé pour savoir s'il est temps d'aborder le sujet. L'augmentation de la dose de morphine prescrite constitue un signal d'alarme, par exemple. Grâce au dossier pharmaceutique partagé, le pharmacien peut découvrir si l'intervenant ou la famille se rendent dans différentes officines."Dans son article, Marc Dooms s'est cantonné aux soins palliatifs administrés dans le cadre de maladies orphelines, sa spécialité, mais ses observations peuvent être transposées à d'autres situations. "Le pharmacien peut occuper un rôle central en abordant le sujet, afin que la famille ou les proches soignants y réfléchissent à temps. Le pharmacien ne peut évidemment pas lancer la procédure lui-même car il s'agit d'un acte médical, mais il peut fournir des informations et communiquer le numéro de téléphone du réseau local de soins palliatifs, afin que ceux-ci puissent démarrer à temps et se dérouler dans les meilleures conditions."Les pharmaciens peuvent également effectuer les préparatifs nécessaires, poursuit-il. "On administre souvent une dose élevée de morphine aux patients concernés. Il est donc primordial d'en avoir en stock. Il en va de même pour les sondes et les patches. Il ne faut surtout pas qu'un patient qui revient mourir chez lui après son traitement à l'hôpital doive faire face à l'absence de préparation du pharmacien de référence. De son côté, l'hôpital doit le prévenir à temps de la poursuite à domicile des soins palliatifs, afin que l'officine connaisse les besoins médicamenteux du patient durant cette phase."Il peut y avoir une certaine concurrence entre la pharmacie hospitalière et l'officine mais dans le cas des soins palliatifs, il est préférable de laisser l'initiative aux pharmaciens de référence. Le pharmacien peut s'acquitter d'une troisième tâche cruciale: l'élimination appropriée des médicaments après le décès du patient. Il reste souvent un stock de médicaments au domicile et il est essentiel qu'il soit repris correctement. "Par exemple, il faut à tout prix éviter que la famille conserve des doses élevées de morphine", précise Marc Dooms. "Heureusement, la Belgique a mis en place un système efficace de collecte et de destruction des médicaments ramenés en pharmacie."Les médicaments administrés aux patients atteints de maladies orphelines étant généralement très onéreux, certains pays envisagent de fournir la médication non-utilisée à un autre patient, constate-t-il. "Cela permettrait de réduire l'impact environnemental et de réaliser des économies. Néanmoins, la plupart des pharmaciens ne sont pas partisans de cette procédure car ils ne peuvent pas assumer la responsabilité des produits conservés en-dehors de leur officine."Enfin, Marc Dooms insiste sur le fait que les pharmaciens peuvent être un maillon important du réseau de soins palliatifs. "Ces réseaux sont très bien organisés en Belgique. Leur mise en place a débuté il y a une vingtaine d'années et elle a débouché sur une excellente collaboration entre les hôpitaux et les différents centres de soins palliatifs. Selon moi, cela contribue à une approche rationnalisée et intégrée des soins palliatifs."