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Deux jours après que le site Sainte-Anne-Saint-Rémi ait été transformé en hôpital pour la réception de malades du Covid-19, le médecin est tombé malade, vraisemblablement infecté par un confrère anesthésiste actif dans la même salle d'opération. " J'ai vu tout de suite au CT-scan pulmonaire que j'étais fortement atteint. J'avais plusieurs lésions pulmonaires. Les infectiologues et les pneumologues me renvoient à domicile préconisant un traitement à la maison au plaquénil (R) + antibiotique. Mais seulement deux heures après, j'ai développé de la température et un début de détresse respiratoire... J'ai donc été admis aux soins intensifs le soir même le lundi 16 mars à Delta... J'ai dit à mes amis et collègues réanimateurs : 'Je connais mon corps. Je ne vais pas bien du tout. N'hésitez pas une seconde à m'intuber.' Ce qu'ils ont fait tellement mon état se détériorait. "Le Dr Sassine s'est vu ensuite prescrire une thérapie au Remdesivir (R), obtenu en 24 heures des Etats-Unis grâce à des amis médecins en lien avec les Etats-Unis et après autorisation des autorités sanitaires. Hélas, son cas est déjà très grave, trop pour qu'un antiviral soit efficace. " Je suis tombé rapidement dans le coma. Je dormais sur le ventre car en position dorsale, mes poumons ne fonctionnaient quasi pas. J'étais étiqueté comme 'mourant'. "Le Dr Sassine a 58 ans et ne souffre d'aucune co-morbidité. Tout au plus prenait-il des anti-inflammatoires contre un petit rhumatisme qui s'est déclaré voici sept ans. Lors d'une analyse génétique, on a cependant trouvé des facteurs de risque. Après trois semaines et demi environ aux soins intensifs et beaucoup de prières et de messes pour son rétablissement, le Dr Sassine a vu son état s'améliorer. " Alors qu'on envisageait une trachéotomie, subitement en quelques heures, je me suis rétabli. Mon oxygénation s'est améliorée. A la surprise générale. On m'a réveillé mais en me maintenant intubé afin de vérifier si mon cerveau fonctionnait. J'ai ensuite pu converser avec mes amis. Je savais que j'étais revenu à la vie. "Toutefois, après extubation, le Dr Sassine est resté encore quelques semaines à l'hôpital. Car il manquait toujours d'oxygène. On l'a transféré en service de rééducation. Car les séquelles sont malheureusement importantes. Aujourd'hui (le 25 mai), Antoine Sassine se remet difficilement de cette aventure tragique, ayant perdu une bonne partie de sa masse musculaire. Même soulever une tasse lui demande des efforts. " Il faut réapprendre de a à z les gestes les plus ordinaires de la vie. Les écoles scientifiques connaissent mal le coronavirus... Après cinq semaines de physiothérapie intensive à la maison matin et soir, je n'ai récupéré que 35% de ma masse musculaire. C'est un cauchemar... Je suis un battant. Je ne me laisse pas aller. Mais c'est extrêmement dur. Vous dépendez de votre entourage complètement. Le simple fait de se lever de sa chaise et votre coeur bat à 130 pulsations par minute. J'ai des cousins à Harvard aux Etats-Unis... Personne ne sait exactement quel est le temps de récupération. Il faut à mon avis environ quatre mois pour récupérer entièrement. Je n'ai toujours pas récupéré le sens de l'odorat ! "Pour conclure, le Dr Sassine se dit déçu des autorités politiques qui taxèrent le virus de " grippette ". Le coronavirus est bien plus redoutable et il eut été plus intelligent d'agir avec plus de prudence...