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Quid des recommandations d'usage des AINS durant la pandémie du Covid-19? Au début, les experts ont déconseillé l'usage des anti-inflammatoires d'origine chimique ou végétale en cas d'infection. A mesure qu'une compréhension plus fine de ces mécanismes émerge, les recommandations ont été adaptées. Il reste bien sûr absurde d'utiliser des AINS en prévention et en début d'infection par le SARS-CoV-2, l'organisme ayant besoin de la réaction inflammatoire pour déclencher les mécanismes de défense du système immunitaire face aux agresseurs viraux. Mais lorsque les symptômes s'aggravent, la position des experts a changé. Une fois que le système immunitaire s'emballe, que l'orage cytokinique flambe, une partie du corps médical conseille l'usage des anti-inflammatoires stéroïdiens ( dexaméthasone) ou végétaux comme par exemple la colchique d'automne, afin de prévenir les complications chez ces patients. Les plantes anti-inflammatoires de par leur composition multiple permettent de travailler sur l'inflammation et, pour certaines, sur l'immunité. Le Boswellia, ce fantastique arbuste présent dans les plaines arides du Yémen, d'Oman, de Jordanie, de Palestine est connu depuis des millénaires. Il existe cinq espèces principales d'arbre à encens dont l'encens indien, Boswellia serrata, qui contient une gomme résine s'écoulant de l'écorce après incision. Utilisé depuis des siècles en médecine ayurvédique comme anti-inflammatoire en rhumatologie et en pneumologie, il a fait l'objet de nombreuses études qui confortent son rôle de super anti-inflammatoire grâce à sa teneur en acides boswélliques. Plus de 12 acides boswélliques différents ont été identifiés mais seuls 2 ont un intérêt pharmacologique dont l'AKBA (acide acétyl 11 kéto-b boswéllique), le plus actif, et le KBA. Les actions anti-inflammatoires de l'AKBA sont dues à l'inhibition de plusieurs cibles pro-inflammatoires telles que les cytokines pro-inflammatoires de type leucotriène IL-1, IL-2, IL-6IFN-g ; le TNF-a pro-inflammatoire présent dans les cartilages ; et le NF-kB, facteur de transcription des gènes impliqué dans la réponse inflammatoire. Des études in vitro sur l'animal ont montré une action de l'AKBA sur des protéases induites dans l'inflammation comme la cathepsine-G, la leucocyte élastase ainsi qu'une diminution des radicaux libres super-oxydants2. D'autres principes actifs présents dans l'huile essentielle de Boswellia explique d'autres actions que l'effet anti-inflammatoire reconnu. L'encens indien est également antibactérien et antitumoral (induction de l'apoptose des cellules cancéreuses). Son usage est aussi recommandé pour maintenir un système immunitaire optimum. Les fumigations à base de cette résine sont diffusées pour purifier les maisons, les vêtements et les cheveux. Bien toléré, il réduit l'inflammation, le gonflement, la raideur des articulations et trouve sa place légitime dans l'arsenal thérapeutique de la polyarthrite rhumatoïde, de l'arthrose comme traitement de fond pour diminuer les phases aiguës. Dans les pathologies respiratoires tel que l'asthme, l'extrait de Boswellia lève la bronchoconstriction due aux leucotriènes pro-inflammatoires. Les patients asthmatiques traités par un extrait de Boswellia, pendant 6 semaines, ont vu leur volume respiratoire s'améliorer nettement, une diminution de la fréquence des crises aiguës voire une rémission chez 70% des patients. Dans le cadre de la BPCO (broncho-pneumopathie obstructive), les patients traités en continu par un extrait de Boswellia ont constaté une nette amélioration au niveau de l'essoufflement et de la gêne respiratoire. Dans les pathologies digestives inflammatoires de type Crohn, colite ulcérative, colite collagineuse caractérisée par une diarrhée hydrique chronique, une nette amélioration a été constatée après 21 jours de traitement avec une réduction de l'ordre de 60 à 70% des symptômes dans certains cas. La posologie recommandée dans les différentes études est de 300mg d'extrait de Boswellia avec une teneur en acides boswélliques à 70%, à raison de 3 fois par jour. L'absorption des acides boswélliques est améliorée avec un repas riche en lipides. Les effets secondaires rapportés sont mineurs et concernent la sphère digestive. L'extrait de Boswellia est contre-indiqué chez la femme enceinte. L' Harpagophytum, appelée aussi griffe du diable à cause de ses crochets sur l'écorce du fruit, a des propriétés anti-inflammatoires. Largement reconnue pour soulager l'arthrite, l'arthrose, la goutte, les myalgies, les lumbagos, cette plante s'est avérée aussi efficace dans l'inhibition des cytokines pro-inflammatoires, du facteur de transcription des gènes NFKb et du TNF-a présent dans les articulations. Elle inhibe également la cyclo-oxygénase-2 (cox-2) pro-inflammatoire, avec une efficacité semblable à un célèbre anti-inflammatoire de la classe des coxibs retiré du marché à cause de ses effets secondaires. La plus grande prudence s'impose avec les patients sous anticoagulants. Il faut encore mentionner l' Arnica montanapour ses propriétés anti-inflammatoires en usage externe. Traditionnellement utilisée pour traiter les hématomes, les coups et les entorses avec succès, cette plante possède des propriétés anti-inflammatoires grâce à sa teneur en hélénaline . Cette lactone sesquiterpénique est capable, elle aussi, d'inhiber le fameux facteur de transcription NF-kB déjà décrit. L'application locale d'un gel à base de teinture mère d'arnica titré entre 7 à 10% en fine couche, sans masser, permet de soulager des articulations douloureuses et enflammées. Il est impossible de citer toutes les plantes aux propriétés anti-inflammatoires, mais certaines ont été plus étudiées que d'autres et ont une place bien connue à l'officine.