"En France, les pharmaciens effectuent des prélèvements en cas de mal de gorge. En fonction du résultat, bactérien ou viral, ils orientent le patient vers son médecin traitant ou conseillent la prise d'un médicament en vente libre. Les pharmaciens apportent ainsi leur contribution à la santé publique. C'est possible chez nous aussi. La complémentarité entre les prestataires de soins de première ligne est essentielle."
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Du 12 au 14 juin, les organisations européennes de pharmaciens, regroupées au sein du PGEU (Pharmaceutical Group of the European Union) ont tenu leur assemblée annuelle dans notre pays. Un moment fort pour le président de l'APB, Koen Straetmans, qui préside également le PGEU cette année. Traditionnellement, le pays président assume l'organisation de cette réunion annuelle - l'Ordre des Pharmaciens était présent aux côtés de l'APB. Le château de Genval a accueilli l'assemblée les 12 et 13 juin, relayé le dernier jour par Louvain, pour une visite décontractée de la ville universitaire flamande, avec un clin d'oeil à la pharmacie. Le réseautage constitue un des principaux objectifs de ces trois jours. " L'énorme collégialité et la solidarité des participants m'ont frappé", relate Koen Straetmans. "On m'a interrogé sur l'approche belge du bilan de médication, le pharmacien de référence, la vaccination... C'était le moment idéal pour discuter ensemble des problèmes et des solutions envisageables."Indépendamment des échanges informels, réunions et débats ont meublé ces trois jours. Le 13 juin, le ministre de la Santé publique Frank Vandenbroucke et le parlementaire européen Olivier Chastel, pharmacien de formation, ont ouvert l'Annual Conference du 13 juin par des messages vidéo. "Frank Vandenbroucke a exprimé sa gratitude à l'égard des pharmaciens, pour leur travail pendant la pandémie comme par la suite", souligne Koen Straetmans. "Le ministre a salué notre participation aux campagnes de vaccination pendant la crise du Covid mais aussi notre implication dans la réduction progressive de l'utilisation des benzodiazépines."Les organisations présentes ont discuté d'un certain nombre de sujets brûlants de la politique européenne. Par exemple, le PGEU a présenté sur papier une proposition concernant la résistance aux antimicrobiens, un sujet crucial pour l'Organisation mondiale de la Santé. "En France, les pharmaciens effectuent des prélèvements en cas de mal de gorge. En fonction du résultat, bactérien ou viral, ils adressent le patient à son médecin traitant ou lui conseillent une série de médicaments OTC. Il s'agit là d'un autre exemple concret de la contribution que les pharmaciens peuvent apporter à la santé publique, en Belgique aussi. La complémentarité entre les prestataires de soins de santé de première ligne est essentielle", précise Koen Straetmans. La disponibilité des médicaments préoccupe beaucoup l'Europe. "Dans une note officieuse, le ministre Frank Vandenbroucke avance trois points essentiels: la mise sur pied d'un système de solidarité entre les différents pays européens, des incitants pour ramener le processus de production des médicaments en Europe et la création d'une liste européenne des médicaments les plus critiques. Le PGEU veille à ce que les points de vue de la profession pharmaceutique soient pris en compte dans le processus décisionnel européen - ainsi, je dois bientôt rencontrer Stella Kyriakides, la commissaire européenne à la santé et à la sécurité alimentaire. J'espère que cela permettra de mettre en pratique la législation dans un avenir proche."Le débat était consacré au règlement européen sur l'European Health Data Space Regulation. "Nous avons choisi la santé numérique, compte tenu des progrès considérables réalisés au niveau de l'UE pour promouvoir la numérisation des soins de santé. Bien entendu, les législations belge et européenne en matière de protection de la vie privée du patient sont respectées", explique Koen Straetmans. "Dans l'échange de données, nous opérons une distinction entre l'utilisation primaire des données, soit l'échange de données nominatives entre les prestataires de soins de santé, et l'utilisation secondaire des données, c'est-à-dire l'utilisation de données (pseudo)anonymes au profit de la recherche scientifique, médicamenteuse ou sanitaire. Les intervenants ont discuté de la manière dont l'utilisation des données de santé peut être bénéfique pour la santé publique et de la façon de s'assurer que le processus protège et respecte nos citoyens."Dans ce contexte, Nick Marly (SPF Santé publique) a développé une présentation intéressante sur la santé en ligne et le dossier médical intégré belge. Sarada Das (secrétaire générale du Comité permanent des médecins européens) a souligné l'importance de la facilité d'utilisation et de la confidentialité. "Les pharmaciens veulent apporter leur pierre à l'édifice, notamment en ce qui concerne l'utilisation des données primaires, mais nous devons nous efforcer de mettre en place un système souple et facile à utiliser. Nous ne devons pas oublier la reconnaissance et la compensation financière qui y sont liées", conclut Koen Straetmans. L'année prochaine, les membres du PGEU se réuniront aux Pays-Bas, puisque Aris Prins (KNMP) relaiera notre compatriote. On attend cette réunion avec impatience.